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Réquisitions procès putsch : Des «tarifs» à la tête du client ?

Il ne reste donc plus guère que les plaidoiries des avocats de la défense avant que le président Seydou Ouédraogo et les quatre autres membres du tribunal se retirent pour délibérer.

 

Les défenseurs des accusés demandaient un mois pour se préparer, ils n’auront finalement obtenu qu’exactement neuf jours et devront donc être prêts le 27 juin pour sauver la tête de leurs clients, qui connaissent depuis hier les peines que le parquet militaire a requises contre eux.

Après plus d’un an de débats contradictoires, entrecoupés de multiples pauses voulues ou forcées, le procès du putsch a en effet véritablement amorcé sa dernière ligne droite ce lundi 17 juin 2019.

Interrompu pendant  une cinquantaine de jours du fait du boycott des avocats, le jugement avait repris le mardi 11 juin avec le début des plaidoiries des conseils des parties civiles,  suivies des réquisitions du ministère public. Ainsi les procureurs militaires ont requis la prison à vie  et la dégradation pour les deux cerveaux présumés du pronunciamiento de septembre 2015 que sont les généraux Gilbert Diendéré  ainsi que Djibril Bassolet, et la relaxe en faveur de deux accusés : le colonel Omer Bationo, dit « Bon ballon », et le capitaine Gaston Ouédraogo.

Pour ne citer que d’autres têtes d’affiche, le parquet propose :

- 25 ans de prison ferme pour l’adjudant-chef major Eloi Badiel, l’adjudant-chef Moussa Nébié, dit « Rambo », le sergent-chef Roger Koussoubé, dit le « Touareg », et  le sergent-chef Laoko Mohamed Zerbo ;

-15 ans ferme  pour les adjudants Kossè Ouékouri et Jean-Florent Nion ;

- 10 ans de prison ferme pour le magistrat militaire Abdoul Karim Traoré, le journaliste Adama Ouédraogo, dit Damiss, et le bâtonnier Mamadou Traoré ;

- 5 ans ferme  et une amende d’un million de franc CFA pour le capitaine Abdoulaye Dao, Bagagnan Abdoul Karim, dit Lota, Fayçal Nanéma, Minata Guelwaré et le médecin-colonel Mamadou Bamba ;

- 5 ans de prison avec sursis pour le colonel-major Boureima Kiéré, Léonce Koné, Salifou Sawadogo et Hermann Yaméogo ;

-15 mois avec sursis pour le commandant Abdoul Aziz Korogo et  le capitaine Oussène Zoumbri.

Dans un environnement où la culture judiciaire n’est pas toujours très solide, il est de bon aloi de rappeler qu’il ne s’agit que de réquisitions, c’est-à-dire des propositions de peines faites par le ministère public, qui est chargé de défendre les intérêts de la société.

Ce ne sont donc pas encore les peines qui seront prononcées à l’issue du procès par le tribunal, lequel n’est d’ailleurs pas obligé de suivre le parquet dans toutes ses prétentions, autrement dit, il lui est loisible de retenir la peine proposée, de l’alourdir ou, au contraire, de l’alléger selon son intime conviction.

Il faudra donc pour les prestigieux convives de la salle des Banquets attendre leur sort qui ne sera pas encore définitif puisque ceux qui le souhaitent pourront toujours faire appel du jugement. Autant dire qu’ils sont encore loin du bout du tunnel.

En attendant, et sous réserve du verdict des juges, au regard du déroulement du procès et  de « l’intime conviction » des journalistes que nous sommes, on a le sentiment que le parquet a eu la main trop lourde contre certains pendant que d’autres, qui semblaient enfoncés dans cette histoire jusqu’au cou, bénéficient de réquisitions plutôt clémentes.

De ce fait, certains pourraient y voir des tarifs à la tête du client, dont l’attitude au prétoire a pu jouer, il est vrai, d’une manière ou d’une autre en leur faveur ou défaveur.

Quoi qu’il en soit, ces réquisitions donnent la tendance de ce que peuvent être les tarifs finaux qui seront décidés par les juges en leur âme et conscience et au nom du peuple burkinabè comme on le clame.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 19 juin 2019 19:07

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