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Violences intercommunautaires au Mali : Ça continue !

L’exception de Ouenkoro a donc vécu. Jusque-là, c’était en effet le seul village du cercle de Bankass à n’avoir pas été touché par les affrontements intercommunautaires qui endeuillent le centre du Mali depuis bientôt 5 ans.

 

C’est  désormais chose faite, si on peut dire, depuis la nuit du dimanche 30 juin au lundi 1er juillet 2019 où des hommes armés ont attaqué les localités de Bidi, de Sankoro et de Saran. Bilan provisoire de cette expédition nocturne : 23 civils tués dans ce patelin où, pourtant, Peuls et Dogons vivaient en bonne intelligence et menaient même certaines activités ensemble.

Aucun lopin de terre ne sera donc épargné par cette main diabolique, déterminée à cogner les têtes des différentes ethnies les unes contre les autres. Ces nouvelles victimes s’ajoutent ainsi à la montagne déjà impressionnante de cadavres qui a transformé le centre du Mali en vaste cimetière, pour ne pas dire en véritable abattoir.  On a en mémoire notamment les attaques de Koulogon  qui ont fait, le 1er janvier 2019,  29 morts,  d’Ogossagou le 23 mars (plus de 130 victimes)  et de Sobame  (35 morts)  dans la nuit du 9 au 10 juin.

Malgré donc les agitations politiques des autorités maliennes, les promesses réitérées de sécurisation des personnes et de leurs biens et les sanctions qui ont frappé les responsables politico-administratifs et militaires, Bamako ne parvient toujours pas à exercer son autorité sur cette partie de son territoire qui va à la dérive. Vivement donc que la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et la force française Barkhane s’investissent aux côtés des FAMAS pour enrayer cette spirale de la violence qui, selon l’aveu même du locataire du palais de Koulouba, menace la survie de la nation malienne.

Cette récente tuerie intervient moins d’une semaine après le renouvellement du mandat de la MINUSMA malgré les réticences américaines, avec pour mission de s’investir davantage dans le centre du pays en appui à l’Etat central. Cette option est même devenue sa deuxième priorité stratégique juste après la mise en œuvre de l’accord de paix. Ce contingent, rappelons-le, est fort de quelque 15 000 policiers et militaires, mais dont l’impact sur le terrain est plus que sujet à caution. Au point que certains chefs d’Etat comme le Guinéen Alpha Condé ne prennent plus de gants pour critiquer son « inutilité » et demander que les moyens colossaux qui lui sont alloués soient donnés à la force commune du G5 Sahel dont la machine n’a toujours pas démarré, faute justement de l’indispensable nerf de la guerre. Autant dire qu’avec ce mandat revu, la MINUSMA joue sa crédibilité et sa raison d’être au pays de Modibo Kéita.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 02 juillet 2019 22:26

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