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LES HUMEURS DE BARRY : Le tô à la sauce boulvanka ? Ah, j’adore !

Dans le numéro du 30 juin 2019 de l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, j’ai parcouru l’interview accordée par le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita. Passe encore l’affirmation anachronique de l’interviewé qui nous apprend de façon péremptoire que « le Mali est en guerre».

 

Une sortie qui s’apparente à un non-événement, d’autant plus que la patrie de Soundjata Kéita est dans la tourmente depuis bientôt une dizaine d’années. Mieux, tout au long de l’entretien, l’invité n’a cessé d’assaisonner ses propos de citations d’auteurs de l’antiquité : Lucrèce, Sénèque et Cicéron, entre autres. Du reste, il est coutumier du fait. Comme si par ces temps qui courent, la littérature, française de surcroît, pouvait  sauver nos pays, dans la tourmente, du sous-développement et de l’insécurité ! Mais là où mon sang n’a fait qu’un tour, c’est quand  IBK a répondu ce qui suit à François Soudan, le journaliste, lorsque ce dernier lui a demandé quel était son plat préféré. « Je suis un Mandingue : la pâte d’arachide ».

Bon Dieu ! Pourquoi les grands de ce monde, notamment ceux de sous nos tropiques, aiment-ils tant baratiner leur peuple ? Quand on les cuisine sur leur plat préféré, ces personnalités marquent invariablement leur préférence pour les mets locaux. Et avec tout le sérieux du monde, elles lâchent ça, comme un os à ronger aux chiens. Si ce n’est pas le , c’est le foutou ou encore le Tiéboudjen. Au Burkina, les sauces qui ravissent la vedette chez nos dirigeants, c’est l’oseille, le boulvanka, le gombo frais … et que sais-je encore ! Et pourquoi pas le baabenda, le zamné  ou le koumvando pendant qu’on y est ! Alors que le constat est alarmant : ces repus de la nation ont une sainte horreur des mets locaux et se fondent littéralement devant les spécialités culinaires occidentales, arrosées de vins rares, clients invétérés des grandes enseignes gastronomiques qu’ils sont et demeurent. En réalité, le gigot d’agneau à la ficelle et le foie gras délayés dans du Moët & Shandon ou du Taittinger sonnent mieux à leurs oreilles. Alors, déjà qu’ils nous mènent en bateau, qu’ils évitent de nous noyer dans des plats qu’ils abhorrent.

Issa K. Barry

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