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Clinique « les Genêts » : Chronique « d’une évacuation » annoncée

Ainsi que nous l’avons annoncé dans notre précédente édition, la Société générale Burkina Faso a sommé la clinique « les Genêts » de vider les lieux sous huitaine, sous peine d’évacuation par la force publique. Le vendredi 11 juillet 2019 dans la matinée, la gendarmerie nationale était sur le site à Ouaga 2000 pour ce faire.

 

 

Mercredi 10 juillet. 10h environ. Clinique les Genêts. Après la diffusion de l’information sur l’ordre de déguerpissement de la clinique, nous sommes sur les lieux avec d’autres confrères pour connaître la suite de l’affaire. Le chef de l’administration qui nous reçoit nous fait savoir que, l’affaire étant en cours de jugement, la clinique ne se prononcera qu’à l’issue du verdict. Et de nous inviter à laisser les adresses par lesquelles la direction nous fera parvenir un communiqué. Nous n’avons d’autre choix donc que de vider les lieux.

 

 Jeudi 11 juillet 2019. 21h46. Nous recevons un appel de la clinique nous demandant de passer le lendemain à 9h.

 

9h donc ce vendredi 12 juillet à l’établissement privé de santé. Un jour comme les autres et de l’affluence comme les autres jours. Rien ne laissait entrevoir que l’établissement serait évacué d’un moment à un autre. Installés dans une des salles d’attente, le chef de l’administration et un autre médecin, qui nous reçoivent (encore avec d’autres confrères), nous indiquent que l’affaire est en jugement et que le verdict pourrait tomber d’un moment à l’autre. C’est donc en attendant le verdict qu’ils nous ont conviés pour nous informer que la direction ferait un communiqué après ; puis une conférence de presse. Que faire ? Attendre, sans savoir jusqu’à quand, que le verdict tombe afin d’enregistrer le communiqué ou replier ? Nos interlocuteurs nous suggèrent la dernière option, promettant de nous rappeler s’il y a du nouveau.

 

Retour à la rédaction. Nous étions à peine arrivés que de nouveau ils (les responsables de la clinique) nous « convoquent ». Cette fois les choses semblent avoir bougé. A notre arrivée ou retour aux environs de 11h30, l’atmosphère est tendue. Les locaux de l’établissement hospitalier  sont envahis par les forces de défense et de sécurité  qui ont quadrillé la zone avec un important dispositif sécuritaire. Les éléments, armes aux poings, veillent au grain. Nous  tentons d’accéder à l’intérieur des locaux. A la porte, trois pandores refoulent tout curieux. Après les présentations, nous expliquons aux gendarmes l’objet de notre présence sur les lieux. Mais peine perdue, ils nous opposent un refus catégorique en ces termes : « Nous ne devons laisser personne entrer sauf sur ordre de notre supérieur ». Et d’ajouter que, pour les journalistes, les images sont interdites. Une dizaine de jeunes font la ronde, intimant aux journalistes de ne pas faire d’images, sous peine de voir leurs appareils confisqués. Ces jeunes volontaires travaillent au compte de qui ? Nous n’en saurons rien. Avec les autres confrères, nous restons accrochés aux grillages de la grande porte d’entrée pour suivre le déroulement et les mouvements des FDS, des auxiliaires de justice et des travailleurs de la clinique. Las d’attendre, nous nous sommes résignés à rejoindre notre véhicule de reportage. A l’intérieur du véhicule, notre photographe simule une prise de vue,  deux hommes en civil débouchent et confisquent l’appareil que nous ne récupérerons qu’après moult  explications et vérification des images par nos agents « contrôleurs ».

 

A peine cet incident passé, un autre, plus spectaculaire : une femme est conduite à moto par sa fille à la clinique pour une consultation, mais elles sont confrontées au refus catégorique des gendarmes de les laisser y accéder. Déboussolée par ce refus, la malade s’est mise à pleurer avant de s’étaler à même le sol à quelques mètres de la porte d’entrée. Quelques instants après, sort un agent en blouse blanche de la clinique pour  transporter la malade avec l’aide de son accompagnatrice à l’intérieur.

 

Mais peu de temps après, un véhicule personnel arrive en trombe, la patiente y est installée, certainement pour un autre centre de santé. Pourtant sur les lieux, des ambulances étaient garées de part et d’autre, attendant l’ordre d’évacuer les malades dans d’autres structures mais aucune d’elles n’a bougé en notre présence jusqu’aux environs de 15h, heure à laquelle le directeur général de la clinique, le Dr Paul Stanislas Zoungrana, a livré une déclaration à la presse (voir encadré 1) sans répondre à une seule question des journalistes. On se demande bien quel sera l’aboutissement de cette affaire, car à ce qu’on dit, cela intervient à un moment où la clinique s’est dotée de nouveaux bâtiments et d’un matériel de dernière génération. Affaire à suivre donc !

Alima Seogo

Harouna Abdoulaye Nass

 

 

 

Encadré 1

« Cette maison est à nous, et elle le restera »

 (Paul Stanislas  Zoungrana, P-DG de la clinique «  les Genêts »)

 

« Dans la lettre datée du 3 juillet 2019, le directeur général de la SGBF informe le président de l’Ordre des médecins d’une décision de justice en date du 19 juin 2019 donnant  ordre d’expulsion de la clinique «  les Genêts » et de son directeur de ses propres locaux. Pour la clinique, c’est une démarche qui vise à nuire à son honneur et à sa notoriété dans la mesure où la SGBF sait pertinemment que des appels et des plaintes ont été adressés à la justice depuis mars 2017 pour contester le jugement ayant abouti frauduleusement à l’adjudication de son immeuble à la Société générale. La clinique « les Genêts »  s’étonne de la précipitation de la SGBF à vouloir mettre à  exécution la décision d’expulsion, lorsque les affaires suivantes dont deux au pénal contre la SGBF sont pendantes devant la justice.  Il s’agit :

-          d’une plainte pour prêt usuraire et faux en écriture bancaire du 9 octobre 2016.L’avis d’un expert a été requis par le juge en date du 27 février 2019, appel au civil contre le jugement d’adjudication du 24 mai 2017 non encore jugé parce que le pénal tient le civil en l’état ; 

-          une assignation au civil en annulation pour le jugement 374 et 375 du 24 mai non encore jugé parce que le pénal tient  le civil en l’état.

-         la plainte au pénal par citation directe pour escroquerie, jugement du 15 novembre 2018 dont l’examen a été retardé par la grève des GSP et programmé à la reprise du travail pour le 25 juillet 2019.

La clinique usera de tous les moyens légaux à sa disposition pour rétablir la justice et ses droits. Tout en reconnaissant les différents témoignages, soutiens, la clinique s’engage à tenir informés sa clientèle, l’ensemble des professionnels de la santé et l’opinion publique de l’évolution de la situation. Au nom de tous mes collaborateurs, je puis vous certifier que cette maison est à nous et elle le restera ».

H.A.N.

 

  Encadre 2

Une affaire, deux dossiers

Selon des sources proches de la clinique, à ce jour, les malades ont été évacués vers d’autres centres de santé. L’établissement continuerait de fonctionner sans qu’on sache trop comment. Dans cette affaire,  on fait face à deux situations. La SGBF se prévaut d’une décision de justice qui lui donne le droit de faire appel à la force publique pour évacuer la clinique. Dans le même temps, on a appris que la clinique aurait intenté une autre procédure judiciaire, encore pendante, contre la banque. Autant dire un dossier dans le dossier. Mais comme on n’en connaît pas la teneur, difficile de savoir si cette nouvelle procédure aura une influence sur le jugement prononcé en faveur de la banque. Affaire à suivre donc !  

A.S.

 

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