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RDC : La rançon des «compromis à l’africaine»

Ce qui se passe en République démocratique du Congo (RDC) semble s’inspirer du scénario d’un film western où invariablement après le hold-up, les bandits, qui veulent se rouler mutuellement dans la farine, en viennent à s’étriper jusqu’à ce que le plus fort ou le plus roublard rafle la mise.

 

Là également, il s’agit d’un hold-up, électoral cette fois-ci  ou, si vous voulez,  d’un «compromis à l’africaine», comme l’avait si justement  dit Jean-Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, au sujet de la présidentielle  du 30 décembre 2018.

Sans qu’on sache trop par quel miracle en effet, alors que Martin Fayulu de la coalition Lamuka était donné gagnant par de nombreuses sources, c’est Félix Tshisekedi, opposant conciliant de la coalition CACH,  qui avait été désigné vainqueur avec la complicité et l’onction de son prédécesseur ; un Joseph Kabila qui, à défaut de tripatouiller la constitution pour se taper un troisième mandat, s’était payé un opposant accommodant pour continuer de régner par procuration.

Celui qui a été floué de sa victoire avait beau hurler au scandale, il avait fini par être sacrifié sur l’autel de la première transition pacifique depuis l’accession du pays à l’indépendance.

Mais à l’évidence, c’était plus facile pour le nouveau président d’accaparer le pouvoir que de gouverner. Depuis son investiture  le 24 janvier dernier, le combat à fleuret moucheté entre lui et celui qui l’a fait roi s’est transformé en affrontement ouvert pour le partage du gâteau républicain. Tant et si bien que le pays n’a toujours pas de gouvernement un bon semestre après sa prestation de serment, conséquence, au demeurant inévitable, de la volonté des deux complices de s’adjuger les ministères régaliens, pour ne pas dire juteux.

Ils ont eu beau sabrer le champagne lors une rencontre en compagnie de leurs proches dans la nouvelle résidence de « Fatshi »,  il faudra bien plus qu’une coupe de ce nectar pour détendre l’atmosphère entre eux ou, à tout le moins, donner l’illusion d’une entente cordiale.

Autres points de friction à venir, l’élection  du président du Sénat et la formation de son bureau samedi, qui cristallisent les antagonismes entre les deux compères au point que leurs militants se provoquent en duel pour en découdre physiquement. Une situation potentiellement explosive qui a amené le gouverneur de Kinshasa à interdire les manifestations à caractère politique toute la semaine.  Ajoutez-y la démission forcée du «kabiliste» Oly Illunga, ministre de la Santé, après la nomination par le président Tshisekedi du professeur Jean-Jacques Muyembe à la tête de l’équipe de  riposte à l’épidémie d’Ebola, la reconduction controversée d’Albert Yuma Mulimbi au poste de Président du conseil d’administration de la stratégique Gécamines et la nomination de Gabriel Kyungu Wumwanza à la direction de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et vous vous rendrez compte que cet attelage qui tire déjà à hue et à dia six mois après son forfait risque de s’enrayer très rapidement. Et même d’aller dans le décor. Voilà où mènent ces «compromis à l’africaine».

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 24 juillet 2019 19:53

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