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Maladies du cerveau : La migraine, à ne pas négliger

Méconnue, la migraine est à tort considérée par beaucoup comme un banal mal de tête. Pourtant, c’est une maladie qui peut être handicapante. Se manifestant surtout par des maux de tête intenses qui peuvent durer des heures, la migraine touche une personne sur sept. A l’occasion de la journée mondiale du cerveau, célébrée le 22 juillet, et placée cette année sous le thème « Migraine : la douloureuse vérité », la Société de neurologie du Burkina a initié une série d’activités dont une séance de dépistage de la migraine à l’Université Ouaga I Ki-Zerbo et à l’Office de santé des travailleurs (OST). Le diagnostic du Dr Pierre Patrick Feussouo, en 4e année de spécialisation en neurologie en service à Yalgado, par ailleurs responsable de l’équipe de dépistage de l’université. 

 

«Je passais par hasard par là et j’ai vu l’attroupement. Renseignement pris, on m’a dit qu’aujourd’hui c’est la journée du cerveau et que dans ce cadre il y avait un dépistage de la migraine.   Je ne savais pas qu’une telle journée existait », a ainsi confessé son ignorance, Sylvie Bayala, chef du service social universitaire, la quarantaine, qui venait de se faire dépister lundi à l’infirmerie de l’universitéOuaga I Ki-Zerbo, avant de plaider pour plus de sensibilisation autour de cette journée. On n’en voudra surtout pas à madame Bayala, car combien d’entre nous savions qu’il y a une journée dédiée au cerveau, encore moins que la migraine est une maladie qui doit faire l’objet de dépistage et donc de prise en charge ? En tout cas, ils ne doivent pas être bien nombreux. Pourtant de l’avis des spécialistes de la neurologie, cette célébration a ses raisons d’être.   «Cette journée a lieu chaque année avec un thème précis en rapport avec les priorités du moment. Cette année, la célébration porte sur la migraine, qui est méconnue des populations. L’objectif est de sensibiliser à la migraine, à sa différence d’avec les céphalées et de rappeler que de nombreuses personnes en souffrent, soit 1 personne sur 7 et en majorité les femmes. Mais beaucoup ne consultent pas pour ça  alors qu’il peut y avoir des conséquences graves», a expliqué le Dr Pierre Patrick Feussouo  en pleine consultation. D’où donc le thème «Migraine : la douloureuse vérité» pour faire prendre conscience de l’existence de ce mal responsable d’un handicap, sur le plan autant personnel (douleur et  coûts de la prise en charge) que de l’économie nationale (beaucoup d’absentéisme, réduction du temps de travail).

Le moins qu’on puisse dire est qu’au temple du savoir de Zogona, l’activité a intéressé plus d’un. De nombreux étudiants ont consacré leur temps de « boileau » à se faire dépister. C’est le cas, par exemple, d’Abdou Marlick Gabe, en Lettres modernes 3, qui sans souffrir de migraines, s’est tout de même fait dépister par mesure de prudence, car, dira t-il, en matière de santé, on ne sait jamais. «On m’a posé des questions sur mon âge, ma glycémie,  on m’a demandé si je suis sujette à des céphalées », nous a confié  Sylvie Bayala, qui n’a souffert de migraines que quand elle était plus jeune, au moment des études.

Mais comment distinguer une migraine de tout autre mal de tête? «La migraine est une entité des céphalées. Elle fait partie des céphalées primaires. Les maux de tête sont une appellation courante pour désigner les céphalées.

Le diagnostic de la migraine est surtout clinique. Les signes sont en général les céphalées unilatérales, des hémicrânies très intenses (des douleurs qui ne concernent qu’une partie du crâne), parfois accompagnées de photophobie et de phonophobie (sensibilité à la lumière et au bruit), de nausées et de vomissements », a énuméré le Dr Feussouo. Une crise migraineuse peut durer entre 4 et 72h si on ne prend pas de médicaments. Et d’après les diagnostics médicaux, on ne peut parler de migraine si la crise dure moins de 4h. 

Les  femmes, a relevé le médecin, y sont plus exposées à cause du facteur hormonal et du cycle menstruel. Outre cette frange de la population, il y a une composante génétique, ajoutera le neurologue. La migraine, dira-t-il, est plus fréquente chez les personnes dont les parents souffrent de migraines. Toutefois, a-t-il relevé, le mécanisme n’est pas encore complètement défini.  Selon notre neurologue, plusieurs facteurs peuvent favoriser le déclenchement d’une migraine sans pour autant être des causes de la maladie. Il s’agit du manque de sommeil qui survient sur un terrain prédisposé, de l’activité cérébrale prolongée, par exemple les longues périodes de lecture chez certaines personnes.

D’autres facteurs sont liés à la consommation d’aliments comme certains alcools, le chocolat ou les agrumes. A cela s’ajoute le stress, qui peut avoir une grande influence sur l’apparition d’une crise migraineuse.  C’est pourquoi la prise en charge de la migraine est surtout hygiéno-diététique : «Il faut notamment avoir une bonne hygiène du sommeil, programmer et respecter des heures de lecture. En plus de cela, il y a des médicaments, des antalgiques surtout, qu’on donne au niveau médical», a dit le médecin.

La migraine non traitée peut se compliquer, pouvant entraîner, selon le Dr Feussouo, des paralysies comme des déficiences motrices ou une hémiplégie. La dépression peut aussi être une complication de la migraine.  Pour cela, il a invité les uns et les autres à consulter face à tout mal de tête pour une prise en charge efficace.

 

Alima Séogo Koanda

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