Menu

Mouvement patriotique pour le salut : «Zida est avec le MPS»(Pr Augustin Loada, président)

La guerre des professeurs aura-t-elle lieu ? Après le Pr Abdoulaye Soma, le Pr Augustin Marie-Gervais Loada a lancé les activités de son parti, le Mouvement patriotique pour le salut(MPS), le samedi 27 juillet 2019 à Tenkodogo. Social-démocrate, le MPS s’aligne dans les rangs de l’opposition et ne cache pas ses liens avec l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida, exilé au Canada.

 

 

C’est dans l’ambiance feutré d’un hôtel de la cité de Naaba Zoungrana que l’ancien ministre de la Fonction publique sous la Transition a choisi d’annoncer officiellement son saut dans le marigot politique. Pourquoi le choix de Tenkodogo pour lancer son parti ? Réponse énigmatique du président du MPS : « Nous sommes à Tenkodogo parce que, d’abord, c’est au Burkina Faso, ensuite, parce que c’est hors de Ouagadougou. Ça, c’était une des raisons ; et enfin nous sommes à Tenkodogo parce que c’était l’offre technique et financière la plus efficiente ».

 

Devant les militants en bleu, couleur de la nouvelle formation,  le Pr Loada a  justifié son entrée dans l’arène politique après plus de 25 ans dans la société civile par la trajectoire inquiétante prise par le Burkina ces dernières années. Il ne s’est pas privé de faire un réquisitoire en règle contre la gestion actuelle des affaires de l’Etat : « Par un retournement de l’histoire, le pays qui bénéficiait d’un capital de sympathie dans le monde entier est devenu le sujet, voire l’objet d’une compassion internationale et est qualifié désormais de ventre mou du Sahel. La rupture attendue et promise n’a pas eu lieu…La faute politique la plus grave commise contre le peuple et la nation burkinabè est d’avoir éteint  la flamme de l’espérance née de l’insurrection ».

 

Pour donner des couleurs au tableau actuel très noir, le constitutionnaliste estime que le Burkina, « englué dans le mouta-mouta », a besoin de salut. Son mouvement, conformément à son slogan qui est « Bâtir ensemble un Burkina meilleur », se propose donc de « sauver » le pays en « travaillant sur les discours et pratiques politiques afin de promouvoir des représentations sociales du pouvoir politique, un parler et une pratique du politique conformes aux principes et valeurs cardinales consacrés par son manifeste. » Dans un document de 134 pages distribué aux journalistes, le parti prescrit des recettes pour sortir le pays du gouffre.

 

Sur la situation sécuritaire, le plus grand mal de l’heure, le MPS propose de procéder à une Réforme du secteur de la sécurité (RSS). S’ils disent puiser leur inspiration politique dans toutes les influences philosophiques, les membres du parti affichent leur sympathie pour la social-démocratie et s’inscrivent dans le camp de l’opposition politique actuelle.

« J’ai consulté Zida »

 

Autour du nouveau-venu en politique, figurent des personnalités connues pour leur proximité avec l’ancien Premier ministre Yacouba Isaac Zida, parmi lesquelles Hervé Ouattara, ex-coordonateur du Citoyen africain pour la renaissance (CAR), qui est le  chargé de la mobilisation de la jeunesse du MPS. Dans son discours, le célèbre juriste burkinabè a tenu à rendre hommage, au même titre qu’à des personnalités telles Zéphirin Diabré, Juliette Bonkoungou ou Laurent Bado, qui ont façonné son engagement, au général aujourd’hui en exil au Canada.

 

Les trois jours de détention qu’ils ont passés ensemble à Kosyam pendant le putsch de septembre 2015 ont fait naître, selon l’ancien titulaire du portefeuille de la Fonction publique, une profonde amitié entre eux. « On toujours gardé des liens depuis son exil au Canada », a précisé l’enseignant-chercheur. De là à voir une main  de Zida dans le nouveau parti, il n’y a qu’un pas que certains ont vite franchi. « Il n’a pas une main au MPS, il est avec le MPS », dira même Augustin Loada, qui avoue avoir consulté son « ami » au sujet de son projet : « Il a lu le manifeste, il est d’accord avec nous. Nous partageons avec Zida les mêmes principes et les mêmes valeurs ».

 

Doit-on s’attendre à ce que l’ancien PM, ou Loada lui-même, soit investi par le parti à la présidentielle de 2020 ? Au MPS, on préfère ne pas se poser la question d’abord. « La question de la candidature à mon avis est prématurée, ce que nous cherchons d’abord, c’est de construire une organisation durable implantée sur l’ensemble du territoire national », a estimé le Pr Loada qui dit avoir abandonné ses engagements dans la société civile pour se consacrer à sa nouvelle vie politique.

Hugues Richard Sama

 

Encadré

« Soleil d’avenir » ? Connais pas

 

La création du MPS intervient à un moment où un conflit oppose, d’une part, le Pr Loada avec le secrétaire général du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES) et, d’autre part, avec le Pr Abdoulaye Soma, ce dernier l’accusant de bloquer son avancement. Sur cette guéguerre entre les deux constitutionalistes burkinabè, Augustin Loada estime qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. « En matière d’image, il n’y a aucun souci. C’est tout simplement un candidat qui n’est pas content de son évaluation et a tout à fait le droit, la légitimité d’ester. Moi, en tant qu’enseignant, ça fait 25 ans que j’enseigne à l’université de Ouagadougou. Chaque année, nous avons des étudiants qui réclament. On examine, si c’est fondé on leur donne raison, si ce n’est pas fondé on continue la route », a-t-il réagi.

 

La création du MPS est-elle une réponse au Pr Soma qui a créé en mai dernier son mouvement dénommé « Soleil d’avenir » ? Autrement dit les deux enseignants ont-ils décidé de transposer sur le terrain politique leur querelle au CAMES ? Non, a répondu Augustin Loada, même s’il avoue que l’idée de son engagement politique date de cette année. Quand au parti du Pr Soma, « Je ne suis pas au courant de ce mouvement », a-t-il assuré.

 

Au sujet de sa suspension décidée par le SG du CAMES, le Pr Loada, qui s’exprimait pour la première fois sur la question a réagi en ces termes : «  Participer aux travaux du Comité technique spécialisé (CTS), c’est un service. Je dirai même un service ingrat, parce qu’on n’est pas payé pour ça. Vous lisez les thèses, vous lisez des travaux, parfois qui sont insipides et, puis vous les évaluez. J’ai été membre du jury du concours d’agrégation de 2007 à 2011, je pense que c’est moi qui ai lancé le concours d’agrégation de science politique avec mes réflexions, à la demande du président du CTS de l’époque. J’ai donné le maximum de ce que je pouvais donner à la communauté « camésienne ».

 

Donc si le secrétaire général ne veut pas que je contribue, ce n’est pas un problème pour moi. Moi je continue mes enseignements, je suis toujours directeur de l’école doctorale, je continue à donner ma contribution à la formation de la jeunesse ».

H.R.S.

Dernière modification lelundi, 29 juillet 2019 22:15

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut