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Transition soudanaise: Pourvu que ça tienne

Le retard à l’allumage a fait craindre que la machine ne puisse véritablement démarrer. Après la signature, le samedi 17 août, de l’accord entre le Conseil militaire et les civils pour une transition concertée et apaisée, le nouvel exécutif devait être mis sur pied dès le lendemain dimanche.

C’est finalement 48 heures plus tard que l’identité des membres du Conseil souverain a été rendue publique. Deux jours de retard dus à des contestations au sein de la Coalition des forces pour la liberté et le changement. Entre divisions, désistements et pressions de la base qui refusait notamment qu’un des chefs de l’Association des professionnels soudanais y siège, c’est finalement le mardi 20 août que les civils ont remis la liste de leurs représentants.

Depuis hier donc, la Transition soudanaise a véritablement pris corps avec la prestation de serment du général Abdel Fattah al-Burhan, le président de la junte, qui reste donc en place pour les 21 premiers mois de cette transition qui, en tout, durera 3 ans et 3 mois. Les 10 autres membres ont ensuite prêté serment devant le généralissime. Le premier ministre de consensus, Abdallah Hamdok, choisi par les civils, devait être investi hier soir pour former son gouvernement avant le 28 août en vue d’un premier conseil des ministres le 1er septembre.

Les uns après les autres, les différents éléments de ce puzzle se mettent en place, et il ne restera plus qu’à trouver les membres du Parlement de transition d’ici 90 jours pour que l’armature institutionnelle soit complète.

Voilà donc enfin l’avion de la Transition soudanaise prêt pour le décollage plus de 4 mois après la destitution d’Omar el-Béchir. Un départ forcé qui était intervenu après quatre autres mois d’une contestation populaire qui avait fini par emporter l’autocrate enturbanné de Khartoum.

Il faut maintenant espérer que l’appareil arrivera à bon port, tant le temps de vol avant l’atterrissage est particulièrement long. Il n’est donc pas exclu que la carlingue faite de bric et de broc traverse des zones de turbulences qui la mettent à rude épreuve, surtout si tous les membres de l’équipage ne jouent pas franc jeu. On a bien peur, en effet, que la composante civile, particulièrement inexpérimentée dans le domaine politique, ne soit qu’un faire-valoir pour le commandant de bord et ses camarades militaires qui seront toujours tentés de diriger le pays comme une caserne. Parmi ces cinq huiles, ne figure-t-il pas un certain général Hemetti, numéro 2 de la junte, accusé d’être derrière les massacres de manifestants aux mains nues qui ont fait en l’espace de quelques mois des centaines de morts et de disparus ?

Le tout n’est donc pas de décoller. Encore faut-il atterrir sans encombre le moment venu pour un retour à une vie constitutionnelle normale.

 

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 22 août 2019 19:32

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