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Côte d’Ivoire : Remue-ménage et remue-méninges pour la présidentielle de 2020

 

A un peu plus d’un an de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, une recomposition de l’échiquier politique est de plus en plus visible. Les trois poids lourds du sérail travaillent à fédérer leurs partisans et à nouer des alliances, nouvelles et anciennes, pour aller à la conquête du fauteuil présidentiel.

 

 

Dans cette dynamique, si l’actuel président, Alassane Dramane Ouattara (ADO), a fait du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP) un parti unifié, c’est sans le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié, son principal allié de 2010 et 2015. On note aussi la défection de Guillaume Soro, l’ex-dirigeant de la rébellion ivoirienne, précédemment président de l’Assemblée nationale, du RHDP

 

ADO a donc perdu des alliés de poids qui, selon toute vraisemblance, se sont rapprochés de l’opposition avec l’intention de créer un front commun contre le candidat du parti au pouvoir à l’élection présidentielle de 2020. Il s’ensuit un remue-ménage politique à travers lequel le président du PDCI rêve de fédérer autour du futur candidat de son parti les partisans de Guillaume Soro, de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Ainsi, après avoir étalé ses accointances avec l’ancien chef de la rébellion à travers plusieurs rencontres dans son fief, Daoukro, Henri Konan Bédié a rendu une visite remarquée, en juillet dernier, à Laurent Gbagbo en Belgique où il attend un éventuel appel de son acquittement par la CPI. Un mois après cette visite, politiquement des plus intéressées, voilà que le président du PDCI mandate des émissaires de poids à La Haye pour prendre langue avec Charles Blé Goudé, l’emblématique chef des «patriotes» durant les années de braises qu’a connues la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011. Nul doute que ce dernier qui vient d’être élu président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP), le dernier-né des partis politiques ivoiriens, peut influer sur les résultats de la présidentielle de 2020.

 

En l’absence de tout statut officiel, Henri Konan Bédié travaille donc d’arrache-pied à se constituer chef de file de l’opposition ivoirienne, en sa partie la plus représentative ou la plus critique du pouvoir d’Alassane Ouattara. Pour ce faire, il se rapproche de ses adversaires, voire ses ennemis d’hier, en même temps qu’il s’éloigne de ses alliés, pour ne pas dire ses amis d’hier. Qui l’eût cru au plus fort de la crise ivoirienne quand les violences postélectorales faisaient environ 3000 victimes (2010-2011) ? Mais la politique est ainsi faite souvent de bouleversements d’alliances qui défient toute logique en dehors de celle de conquérir tout ou partie du pouvoir d’Etat.

 

Dans la situation ivoirienne, si ce bouleversement d’alliances peut aider à cicatriser des plaies ouvertes par la crise de 2002 à 2011, il faut craindre qu’il en ouvre de nouvelles au point de fragiliser la paix et les institutions républicaines. C’est dire qu’au-delà des enjeux de la dévolution du pouvoir, à l’élection présidentielle de 2020 se jouera la stabilité de la Côte d’Ivoire. On croise alors les doigts afin que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets, c’est-à-dire que des ambitions politiques exacerbées avec leur corollaire d’intolérance ne conduisent de nouveau à une crise postélectorale sanglante.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 25 août 2019 17:39

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