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Vague de xénophobie en Afrique du Sud: Le continent s’emballe

Quelque quatre jours après la résurgence des violences xénophobes au pays de Nelson Mandela, la vague d’indignation qu’elles ont suscitée ne s’est toujours pas estompée sur le continent. Cette « chasse aux immigrés », débutée dimanche, a fait, en rappel, selon le décompte officiel de Pretoria, sept morts et un bilan économique lourd avec ces pillages et incendies de commerces détenus par les étrangers.

Il n’en fallait pas plus pour que tout le continent africain s’emballe, que ses dirigeants s’indignent et que des mesures de réciprocité soient prises contre la Nation arc-en-ciel qui, il faut le reconnaître, ne fait pas honneur à son appellation et perd des couleurs d’humanisme.

Dans le rôle de chef de file des pays qui donnent de la voix, le Nigeria, déjà engagé dans une guerre à fleuret moucheté contre l’Afrique du Sud pour le leadership politique et économique du continent. Abuja a en effet convoqué l’ambassadeur sud-africain pour protester officiellement et annulé sa participation au Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’est ouvert hier au Cap. A tout cela s’ajoute le pillage de supermarchés d’une grande chaîne sud-africaine et les menaces contre le géant de la téléphonie mobile MTN.

Mais il n’y a pas qu’au Nigeria qu’on s’émeut de ces violences condamnées d’ailleurs par le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat : en RDC, le nouveau président Félix Tshisekedi a boycotté la rencontre du Cap, de même que le Malawi et le Rwanda. Le Botswana et le Lesotho ont eux mis en garde leurs ressortissants voyageant en Afrique du Sud.

Si les réactions politiques sont justifiables, il faut condamner la tournure violente qu’ont prise parfois les représailles. Certes, on comprend le ressentiment des Nigérians, mais il ne faudrait pas qu’ils contribuent à confectionner les verges dont pourraient se servir les acteurs et les commanditaires de ces actes d’un autre âge pour mieux s’adonner à leur haine viscérale de l’étranger. Cet étranger accusé d’être à l’origine du chômage et de la pauvreté endémiques dans lesquels végètent bien de Sud-Africains dans les townships de Pretoria ou de Johannesburg.

C’est pourquoi il convient de saluer l’appel répété  des autorités nigérianes au calme et à la retenue, ainsi que le déploiement de forces de sécurité pour protéger les intérêts sud-africains dans le pays.

A l’inverse, il faut condamner le dilettantisme et l’indifférence avec lesquels les autorités de Pretoria, le président Cyril Ramaphosa en tête, semblent gérer ces poussées de fièvre xénophobe suscitées et même entretenues par des groupes de personnes et sur lesquelles surfent certains hommes politiques en mal de popularité.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 05 septembre 2019 19:11

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