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Rapatriement de Nigérians d’Afrique du Sud : Pont aérien au-dessus d’un torrent de xénophobie

A partir d’aujourd’hui mercredi 11 septembre 2019, c’est le début du retour au bercail pour 600 Nigérians fuyant l’Afrique du Sud. L’eldorado promis s’est transformé en un véritable enfer avec la nouvelle crue de xénophobie qui a occasionné à la date d’hier 12 morts depuis son déclenchement il y a de cela une dizaine de jours.

 

Ce pont aérien est piloté par une initiative privée, en l’occurrence l’homme d’affaires nigérian Chief Allen Onyema, propriétaire de la bien nommée compagnie Air Peace, qui a décidé de rapatrier gracieusement ses compatriotes sur la base du volontariat.

Cruelle désillusion également pour les ressortissants d’autres pays comme la RDC, le Botswana et la Zambie qui plient, eux aussi, bagage parce que pointés du doigt par certains Sud-Africains comme étant les responsables du chômage et de la misère dans lesquels ils pataugent depuis des années sans que les gouvernements successifs soient parvenus à les en extirper.

Bien au contraire, tous ces maux, qui sont au cœur des discours politiques lors des joutes électorales, finissent par être relégués au second plan, s’ils ne sont pas  tout simplement mis sous le boisseau, une fois le pouvoir conquis. Cette armée de laissés-pour-compte qui laisse exploser sa colère longtemps ruminée  dans les townships se trompe donc de cible. Chasser, voire exterminer tous les migrants, comme en rêvent certains, ne créera pas pour autant l’emploi pour tous dans cette première puissance économique du continent minée par la corruption.

Ce déni de réalité est aussi perceptible chez leurs dirigeants qui, au lieu de reconnaître l’installation de cette xénophobie qui gangrène toute la société, préfèrent parler de criminalité et se contentent de tièdes condamnations, qui plus est, au moyen de réseaux sociaux, comme l’a fait le président Cyril Ramaphosa lui-même, qui s’est contenté d’un Tweet alors que Johannesburg et Pretoria brûlaient.

Et que dire des groupuscules populistes qui pullulent dans cette Nation postapartheid, surfant sur cette haine de l’étranger et instrumentalisant les pauvres hères pour servir leurs intérêts politiques, qu’importe si l’image de marque du pays doit en prendre un coup ?

En effet, cette énième poussée de fièvre xénophobe a suscité des réactions outrées sur tout le continent, à commencer justement par le Nigeria, dont le gouvernement ne s’est pas embarrassé de propos diplomatiques ou de procédés protocolaires pour condamner  ces actes barbares avant d’annuler sa participation au forum économique mondial sur l’Afrique au Cap, de convoquer l’ambassadeur sud-africain et de dépêcher auprès du président Ramaphosa un émissaire. Autant dire que ce pont aérien pour « sauver » ces 600 Nigérians sur les 100 000 que compte l’Afrique du Sud surplombe un fossé de plus en plus abyssal entre Abuja et Pretoria, deux géants qui se disputent le leadership économique et diplomatique dans le Berceau de l’humanité.

Certes, le pouvoir sud-africain, face au tollé général exacerbé par sa manière laxiste de gérer la crise, a commencé à hausser le ton,  et même à envisager des mesures cosmétiques comme celle visant à sévir contre les entreprises qui emploieraient des migrants clandestins, mais il faut bien plus que cela pour non seulement ramener le calme dans le pays, mais surtout pour prévenir cette xénophobie qui se réveille parfois de manière violente. Il faut prendre des châtiments exemplaires à l’encontre de toutes ces hordes qui ont fondu sur les commerces et boutiques, saccagé et pillé les biens de personnes dont le seul tort aura été de s’être installées dans le pays de Nelson Mandela à la recherche de leur hypothétique pitance quotidienne.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 11 septembre 2019 20:45

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