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Cancer du col de l’utérus au Burkina : Les gynécologues en ordre de bataille sur un terrain invasif

Deuxième cancer des femmes après celui du sein, le cancer du col de l’utérus prend des proportions inquiétantes et risque, de l’avis des spécialistes, de devenir le premier cancer féminin d’ici 2050. La sensibilisation s’intensifie pendant que sur le terrain de la lutte, les appels au dépistage précoce sont de plus en plus réguliers. Le mardi 10 septembre 2019, la Société des gynécologues et obstétriciens du Burkina (SOGOB) a initié à l’intention des femmes journalistes une séance gratuite de dépistage de la maladie à la maternité de l’hôpital Yalgado. Carnet de santé a saisi cette occasion de rencontre avec des spécialistes pour avoir les dernières informations sur la maladie. Voici ce qu’il faut savoir sur le cancer du col de l’utérus à travers des éléments de réponse du Pr Ali Ouédraogo, président de la SOGOB, des docteurs Linda Traoré, gynécologue, chef de projet du cancer du col utérin à Médecins du monde, et Sibraogo Kiemtoré, gynécologue obstétricien à Yalgado.

 

 

Présentation du cancer du col de l’utérus

 

Il faut savoir que le dépistage permet aux femmes de ne pas développer le cancer du col, parce que la maladie ne survient pas brusquement. C’est une infection causé un virus appelé HPV (Human papillomavirus) qui, par la suite, peut entraîner des lésions précancéreuses. Ça ne fait pas mal, ça ne saigne pas, ça ne sent pas. Seul le dépistage permet de détecter ces lésions précancéreuses, qui ne sont donc pas encore au stade de cancer. C’est seulement au bout de dix ou quinze ans que ces lésions peuvent se transformer en cancer. Cela signifie que nous avons un temps pour agir. C’est pourquoi il est recommandé de faire le dépistage tous les trois ans pour la recherche du HPV ou les lésions précancéreuses afin que, lorsqu’il y a un problème, on puisse le prendre en charge pour qu’on ne parle plus de cancer. Dans le cas contraire, les lésions évoluent et finissent par déboucher sur un cancer. Pour accompagner le ministère de la Santé dans la gratuité, Médecins du monde a un projet cancer du col dans le district sanitaire de Baskuy pour permettre de passer à une autre étape, c’est-à-dire faire le dépistage à travers la recherche du HPV qui est une innovation. La femme peut faire l’autoprélèvement, ce qui est une deuxième innovation, et il y a aussi le traitement par la thermocoagulation, qui est effectif au CMA de Pogbi et de Samandin. En plus de cela, il y a le projet Cancer du col utérin pour la réduction de la morbi-mortalité, parce que d’ici 2050, le cancer du col de l’utérus risque d’être la première cause de mortalité chez les femmes.

 

Manifestation et facteurs favorisants

 

Au début, la femme ne sentira rien de particulier, elle ne saura pas qu’elle a une infection. Ce virus va s’intégrer aux cellules qui sont au niveau du col et faire en sorte que la transformation de ces cellules devienne anormale. Les cellules anormales vont se multiplier et aboutir au cancer. Dans les années 80, on avait un certain nombre de facteurs qui exposaient les gens à cette maladie. Il s’agit du fait d’avoir des rapports sexuels précoces, d’avoir eu des partenaires sexuels multiples et le fait d’avoir fait beaucoup d’accouchements. Mais actuellement, on se rend compte que c’est surtout l’infection HPV qui entraîne la transformation des cellules au niveau du col et qui va faire que le cancer va apparaître.

 

Situation au Burkina Faso

 

En ville, il y a moins de soucis. Mais en campagne, on se rend compte que le problème est sérieux car on y rencontre beaucoup de cas de cancer du col qui sont déjà à un stade avancé, surtout chez les femmes qui ont en moyenne la cinquantaine. Souvent, elles sont gênées d’aller consulter pour des saignements alors qu’on leur dit qu’elles sont ménopausées. Cependant, quand il s’agit de campagne organisée près de leurs domiciles, elles ont le courage de se présenter.

Dans la population générale, la tranche de 25 à 50 ans est la plus exposée. Cependant, des cancers sont aujourd’hui diagnostiqués avant 25 ans, mais cela n’est pas fréquent. Lorsqu’on fait des dépistages de lésions précancéreuses, on constate aussi, en fonction de la population cible, qu’il y a des cas de lésions précancéreuses avant 25 ans. Si on arrive à collecter tous ces chiffres, on peut éventuellement changer la fourchette de dépistage du cancer du col de l’utérus.

 

Le HPV peut se rencontrer dans le milieu naturel

 

Le virus est un peu partout. C’est vrai que la principale voie de contamination, c’est surtout par les rapports sexuels mais en dehors de l’acte sexuel, on peut être en contact avec le virus. Par exemple, en faisant sa toilette intime ou en touchant certains objets, on peut être en contact avec le virus et, malheureusement, ça peut aboutir à des cas de cancer.

 

Le dépistage précoce,  moyen efficace de prévention

 

Quelle que soit la méthode de contamination, il y aura toujours une lésion au niveau du col, lésion qu’on va voir une fois qu’on fait le dépistage. Mais si la lésion n’est pas découverte, au bout d’une dizaine d’années, il y aura des signes au niveau du col. Par exemple, la femme va se mettre à saigner à la suite d’une toilette intime, d’un rapport sexuel ou en dehors de la période des règles. Ce sont les signes qui montrent que le cancer est en place.

 

Prise en charge

 

Yalgado dispose de deux méthodes de prise en charge. D’abord la cryothérapie : il s’agit d’un appareil qui permet de refroidir le col de sorte qu’il soit plus froid que la glace. La patiente ne sentira rien et ça va détruire la lésion. Mais si la lésion est assez importante, on utilise l’appareil pour la résection anale diadermique. On fait une petite anesthésie sur le col et avec cette machine, on va couper la partie affectée. Ça ne fait pas mal non plus. On envoie ensuite la partie coupée au laboratoire pour savoir précisément à quel stade la lésion est. Les deux méthodes permettent de guérir la patiente. Ces méthodes sont gratuites, sauf quand il s’agit d’analyser la partie extraite.

 

Conseils de spécialistes

 

Le cancer du col de l’utérus est une pathologie grave, mais on a la chance de pouvoir l’éviter à travers le dépistage. Les femmes doivent adhérer au dépistage précoce pour éviter justement de développer cette pathologie grave. En plus, on peut traiter les lésions et elles vont guérir. Donc les femmes ne doivent pas avoir peur car il y a des méthodes disponibles et accessibles pour une guérison assurée à 100%. Le dépistage se fait dans tous les centres de santé et les concernées ne doivent pas attendre uniquement les campagnes pour le faire. Yalgado est un centre de référence, équipé pour prendre en charge même les cas graves.

 

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