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Village de Satiri: Querelle autour d’un bonnet

C’est au palais royal du chef suprême des Bobo Madarè de Sya, Mollo Ta-Pâ, que s’est déroulée l’intronisation du nouveau chef du village de Satiri. La cérémonie organisée à cet effet et qui s’est déroulée en présence du chef du canton de Banfora le dimanche 15 septembre 2019 marquait la fin d’un vide coutumier qui aura duré une vingtaine d’années à Satiri. Mais la tâche s’annonce déjà ardue pour Brahima Traoré, dont le choix n’a pas reçu l’adhésion de tous les villageois.

 

 

Initialement prévue à Satiri, localité située à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, c’est finalement à Dioulassoba, au cœur de la ville de Sya, que va se dérouler cette cérémonie d’intronisation. Les voies discordantes qui se faisaient entendre dans le village quant au choix du nouveau chef ont alors obligé les organisateurs à se déporter à Bobo sans toutefois rassembler un grand monde. Et pour cause ! « Il y a beaucoup d’habitants de Satiri qu’on attendait ce matin à Bobo-Dioulasso mais des gens les empêchent de venir. Ils leur ont barré la route alors qu’ils tiennent à effectuer le déplacement pour assister à cet important évènement pour notre village. Ils sont très nombreux à vouloir effectuer le déplacement mais d’autres personnes les en empêchent à tort », raconte avec amertume un ressortissant du village. Las  d’attendre l’arrivée de la délégation de Satiri, les organisateurs ont débuté  la cérémonie finalement avec un peu plus d’une heure de retard. Elle consistera d’abord en des chants, danses et louanges des griots dans une ambiance de fête. Puis suivra l’acte majeur de cette intronisation qui a consisté au port du bonnet qui fait officiellement de Brahima Traoré le chef du village de Satiri. Prières et bénédictions ont ensuite accompagné ce cérémonial devant des invités qui n’ont surtout pas manqué de saluer cette implication personnelle du chef du canton de Dioulassoba pour la relance de la chefferie coutumière à Satiri après une vingtaine d’années de vacance du pouvoir. « Dans le temps, la chefferie était assurée de quartier en quartier et par la personne la plus âgée. Ce procédé a pris fin en 1913 par l’intronisation d’un chef du nom de Baba Traoré. Il a été installé dans ses fonctions par le chef de canton de l’époque, Sanou Souro. Et depuis son décès en 1999, le trône est resté vacant. Cette année le chef de canton a alors  décidé de combler ce vide en intronisant un nouveau chef à Satiri. Et selon la logique de   succession, c’est le fils du défunt chef qui est appelé à lui succéder. Et c’est cette logique que nous avons respectée en intronisant Brahima Traoré, fils de Baba Traoré, qui a régné de 1913 à 1999», a expliqué Doulaye Traoré, sage de Satiri. Cette option n’est malheureusement pas partagée par des ressortissants de Satiri, qui ont d’ailleurs désapprouvé la cérémonie d’intronisation. Conscient de la délicatesse de sa mission dans un contexte de division, le nouveau chef intronisé dit vouloir jouer, d’entrée, la carte du rassemblement. «Je pense que nous allons nous atteler d’abord à une campagne de communication pour faire comprendre aux gens que c’est la procédure normale de désignation qui a été appliquée. Certains n’ont pas la bonne information parce que des gens du village voyaient les choses autrement», dira le nouveau chef. Agé de 64 ans, Brahima Traoré se dit déterminé à œuvrer pour un mieux-être des populations de Satiri. Mais pour relever les nombreux défis, l’implication des fils et filles du village s’avère indispensable. Cette cérémonie d’intronisation a donc été l’occasion pour le nouveau chef de lancer un appel à la mobilisation et plus particulièrement à la cohésion pour insuffler un dynamisme nouveau au processus de développement de Satiri.

 

                                                                  Jonas Apollinaire Kaboré

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