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WAMECA 2019 : « Fake news » au pays de la démocratie

En 2020, pas moins de 15 scrutins majeurs auront lieu sur le continent, dont 5 en Afrique de l’Ouest. A chaque échéance, et ce depuis le cas école de l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche en 2016, le risque que les « fausses informations », mieux connues sous l’anglicisme «  fake news », viennent perturber le jeu électoral n’est pas à négliger. Les 17 et 18 octobre 2019, quelque 200 journalistes, experts des médias, défenseurs des libertés et représentants gouvernementaux,  réunis à Accra par la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA), réfléchissent au meilleur pare-feu contre ce  poison  des démocraties  modernes.  Cette conférence sera suivie le samedi 19 octobre de la remise des prix du concours d’excellence du journalisme en Afrique de l’Ouest.

 

Le Ghana, place forte de la démocratie en Afrique de l’Ouest.  Le courant froid venu de  l’Atlantique,  à moins d’une heure de route, enveloppe le quartier North Ridge  à Accra, rendant encore plus insupportable la climatisation  du Swiss Spirit Alisa Hôtel pour les Sahéliens, habitués à des températures plus élevées. Le casque pour écouter la traduction simultanée de l’anglais au français et inversement est indispensable pour beaucoup. Nous sommes à  la West Africa media excellence conference and awards (WAMECA).  L’événement réunit depuis maintenant trois ans du beau monde venu d’horizons divers. L’initiative est portée par la MFWA, une ONG qui depuis 22 ans se donne pour missions de promouvoir la liberté des médias et de renforcer les capacités des journalistes. Cette année, la conférence se tient sous le thème : « Réseaux sociaux, fake news et élections en Afrique ». Un sujet dont l’importance a été suffisamment rappelée par le directeur exécutif du WAMECA et le président du conseil d’administration,  respectivement Sulemana Braima et Edetaen Ojo. Inutile en effet de rappeler  à quel point  la production et la diffusion à l’échelle industrielle des fameux fake news représentent un danger  pour la démocratie, car elles menacent la crédibilité des élections et font le lit des contestations. Dans leur volonté de déraciner le mal, les gouvernants, non sans un intérêt parfois évident, utilisent l’arme du musellement et de la réduction des canaux d’expression.  En coupant Internet par exemple. Mais au niveau du WAMECA, on reste convaincu que la solution à ce problème ne viendra pas de la répression mais du dialogue et des pratiques basées sur la légalité. Ce n’est  donc pas un hasard si plusieurs acteurs parfois antagonistes sont autour de la même table de discussion au cours de ces deux jours d’échanges. Journalistes,  représentants d’organismes de régulation, forces de l’ordre, commissions électorales (Ndlr : le président de la CENI burkinabè, Ahmed Newton Barry anime un  des panels) tenteront ainsi d’arrondir les angles parfois obtus sur la question. La parole est aussi donnée  à ceux qui servent de terreau pour les fake. La directrice des Politiques publiques et Elections en Afrique et au  Moyen-Orient de Facebook, Akua K. Gyekye, a ainsi été amenée, lors de son exposé, à présenter la batterie de mesures prises par le réseau social créé par Marck Zuckerberg pour répérer et supprimer les fausses informations de sa plateforme qui compte aujourd’hui plus de deux milliards d’utilisateurs dans le monde.

 

Hugues Richard Sama

 

Encadré

Meilleur journaliste d’Afrique de l’Ouest

Quatre Burkinabè nominés

 

Le WAMECA, c’est aussi et surtout la cérémonie de remise des prix du concours d’excellence des médias. Cette année, 724 œuvres issues de plus de 200 organes  de presse dans  15 pays de l’Afrique de l’Ouest étaient en compétition dans des catégories aussi variées que la santé, les droits de l’homme,  la lutte contre la corruption, l’environnement, les ODD et le journalisme d’investigation.  Au finish, seules 21 productions sont passées à travers le tamis serré des cinq membres du jury.  Le Burkina a réussi l’exploit de placer quatre de ses scribouillards sur la liste des finalistes : Delwendé Elza Sandrine Clothilde Sawadogo (L’Economiste du Faso), Joseph Haro (Sidwaya), Rodrigue Arnaud Tagnan (Mutation) et Hugues Richard Sama (L’Observateur Paalga). Les vainqueurs par catégorie recevront chacun la somme de 500 dollars, soit environ 290 000 francs CFA. Le meilleur des meilleurs se verra attribuer le titre du meilleur journaliste de l’année  2018 en Afrique de l’Ouest et repartira avec 2000 dollars, soit plus d’un million de francs CFA. Lors des deux premières éditions, le prix était chaque fois revenu à un journaliste du pays hôte. Rendez-vous le samedi 19 octobre pour connaître le successeur de  Seth Kwame Boateng.

 

H.R.S.

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