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Présidentielle en Algérie : La rue gronde mais des prétendants se bousculent au portillon

Annoncée pour le 12 décembre prochain, l’élection présidentielle en Algérie est loin de faire l’unanimité.

 

Vu la rue qui gronde de colère et ne veut pas en entendre parler, le pouvoir qui fait la sourde oreille et les prétendants qui se bousculent au Conseil constitutionnel, leur dossier de candidature en main, il n’y a pas de quoi être rassuré sur sa tenue.

 

De fait, vendredi dernier, pour la 36e fois consécutive, les Algériens sont sortis dans la rue en grand nombre pour rejeter, entre autres, l’organisation d’une présidentielle dans les conditions de gouvernance actuelle du pays. Sûrement ils seront plus nombreux à manifester le vendredi 1er novembre prochain pour exiger, encore et toujours, le report de cette élection et la mise en place d’un pouvoir de transition en rupture avec le système qui dirige le pays depuis plus de 55 ans. Ce 1er novembre aura d’autant plus la force d’un symbole pour les Algériens que c’est le 65e anniversaire du déclenchement de la première Révolution, la lutte armée qui a abouti à l’indépendance du pays en 1962. A quoi aboutira la seconde Révolution en cours, qui n’en finit pas d’étonner par son caractère pacifique empreint néanmoins d’une détermination courageuse de la rue pour plus de liberté et de justice sociale ? On attend de voir, non sans faire remarquer le fossé qui sépare certains leaders  politiques algériens des populations insurgées quant aux solutions de sortie de crise.  

 

Pour les premiers, après le rendez-vous manqué du 4 avril 2019, il faut aller maintenant aux urnes pour élire un nouveau président qui aura la légitimité nécessaire pour impulser la nouvelle dynamique des réformes indispensables à la construction d’une nouvelle Algérie. Voilà qui explique qu’ils soient 22 prétendants à solliciter l’onction du Conseil constitutionnel afin de briguer la magistrature suprême.

 

 Une bonne brochette de candidats potentiels dont deux anciens premiers ministres, deux anciens ministres de Bouteflika ainsi que d’autres figures du système que la rue ne veut plus voir aux affaires. Pour les seconds, qui ne veulent pas d’une présidentielle à la va-vite, « trop, c’est trop,  que tout le système dégage ! » Il faut alors plus que les illustres inconnus sur cette liste étoffée de 22 présidentiables  comme ce vétérinaire, ce président d’association pour la défense des droits des enfants, ce présentateur télé pour les convaincre que le système ne ruse pas avec les principes démocratiques pour se maintenir au pouvoir. De fait, la seule absence d’un candidat officiel du FLN à cette élection est une maigre consolation pour les insurgés mais pas une garantie suffisante que les dés n’y sont pas pipés. Oui, légitimement, plus d’un Algérien se pose des questions sur la transparence et l’équité de ce scrutin convoqué sur le diktat du général Gaïd Salah, le véritable homme fort du pays.  Ce n’est pas pour rien que les principaux partis islamistes, tout comme le Parti des travailleurs, refusent d’y prendre part et font chorus avec la rue pour un assainissement des règles du jeu démocratique avant la tenue de tout scrutin.

 

Comme on les comprend, ces croquants algériens sans pour autant partager leur intransigeance improductive ! En effet, pourquoi n’ont-ils pas suscité en leur sein des candidats capables de transformer l’essai des manifestations de rue en victoire électorale ? Leur nombre ne constitue-t-il pas une force électorale qui pourrait créer la surprise et renvoyer par les urnes la vieille classe du système Bouteflika à ses chères études sur l’intégrité et  la justice sociale ?

 

Bref, la rue algérienne va-t-elle continuer de manifester jusqu’au seuil de l’isoloir le 12 décembre prochain au lieu de chercher à s’inspirer de l’exemple tunisien où, par le bulletin de vote, le peuple a exprimé son ras-le-bol d’un système politique vieillot et corrompu ?

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 28 octobre 2019 22:39

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