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Présidentielle en Algérie : Recyclage électoral pour anciens dignitaires

« La rue algérienne va-t-elle continuer de manifester jusqu’au seuil de l’isoloir le 12 décembre prochain au lieu de chercher à s’inspirer de l’exemple tunisien où, par le bulletin de vote, le peuple a exprimé son ras-le-bol d’un système politique vieillot et corrompu?»

 

 

Telle est la question que nous posions lundi dernier au lendemain de la clôture des dépôts des candidatures  à la présidentielle auprès de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE). Elle reste posée à la vue des énormes foules de manifestants qui ont envahi les rues d’Alger  ce 1er novembre, à l’occasion de la commémoration du 65e anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance du pays avec pour principal slogan : «Non à l’élection présidentielle ! Système, dégage !» A l’évidence, la rue algérienne continue de gronder fort pendant que des prétendants à la magistrature suprême se bousculaient à la porte de l’institution chargée d’organiser l’élection présidentielle.

 

 Ainsi, le 26 octobre 2019, ils étaient 22 candidats à avoir soumis leurs dossiers à l’examen de l’ANIE. Une semaine après, soit le 2 novembre, au lendemain du 37e vendredi consécutif qui a connu des manifestations populaires de rejet du système, 5 personnalités ont reçu l’onction de cette institution pour prendre le départ de la course au palais d’El Mouradia. Ce sont : Ali Benflis, Abdel Madjid Tiboune, Azzedine Mihoubi, Abdel Kader Bengrina et Abdelaziz Belaïd.

 

Cette liste de l’ANIE est susceptible d’être modifiée par le Conseil constitutionnel, appelé à statuer en dernier ressort sur l’éligibilité des candidats. On attendra donc encore une semaine avant de connaître la liste définitive des candidats à cette présidentielle. Mais d’ores et déjà, les commentaires vont bon train sur les prétendants retenus par l’ANIE : 2 anciens Premiers ministres, 2 anciens ministres et un ancien cadre du mouvement de la jeunesse du Front de libération nationale (FLN), c’est-à-dire presque tous des apparatchiks du système.

 

On en déduit que le pouvoir de transition reste sourd à l’appel répété des manifestants, qui, depuis le 22 février 2019, revendiquent un renouvellement total de la classe politique du pays. Au lieu de cela, des caciques du système Bouteflika, cornaqués par l’homme fort du moment, le général Gaïd Salah, travaillent à le régénérer par le recyclage électoral d’anciens dignitaires du régime.

 

En effet, les 5 candidats retenus par l’ANIE sont loin d’être des hommes neufs à même de provoquer une rupture qualitative dans la gouvernance du pays. En un mot comme en mille, le système FLN, comme le roseau de la fable, plie mais ne rompt pas face à la contestation populaire.

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De fait, l’absence d’un candidat issu de la société civile encore moins du mouvement de contestation populaire parmi les présidentiables retenus par l’ANIE est un signe qui ne trompe pas : le bras de fer entre  le gouvernement de transition et la rue n’est pas près de s’arrêter. Quand le premier manœuvre pour  faire du neuf avec du vieux, le second fait montre d’une détermination à ne pas se laisser abuser.

 

Dès lors, à l’allure où vont les choses, c’est à se demander si cette élection aura lieu à la date indiquée. Si oui, on assisterait alors à une présidentielle en demi-teinte, sans légitimité, car marquée du sceau du passage en force d’une nomenklatura qui ruse avec les principes démocratiques pour s’imposer à un peuple qui, lui, crie son ras-le-bol depuis plus de six mois.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 04 novembre 2019 23:04

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