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Guinée-Bissau : La CEDEAO ne sait plus à quelle diplomatie se vouer

Un sommet extraordinaire de la CEDEAO se tient aujourd’hui à Niamey au Niger sur la situation politique de la Guinée-Bissau. C’est la deuxième rencontre du genre en l’espace de 6 mois sans que, pour autant, on  soit sûr que l’organisation régionale puisse trouver la panacée pour sortir ce pays de l’ornière de l’instabilité dans laquelle elle se débat depuis des décennies.

 

Guerre civile, coups d’Etat, assassinats politiques, narco trafic : on ne finit pas de compter les travers qui font de ce petit  pays un grand malade au chevet duquel la CEDEAO veille depuis des lustres. L’urgence de l’heure, qui sera sans doute le plat de résistance du sommet de Niamey, c’est de sauver la feuille de route de sortie de crise et subséquemment  l’élection présidentielle du 24 novembre prochain. De fait, l’une et l’autre sont menacées par l’oukase du président intérimaire, José Mario Vaz, qui a renvoyé unilatéralement le Premier ministre de consensus pour en nommer un de plus accommodant avec son ambition de se succéder sur le fauteuil présidentiel. En effet, on n’a pas besoin d’une boule de cristal ou d’avoir fait science po pour comprendre que le limogeage du Premier ministre, Aristides Gomes, à trois semaines du scrutin présidentiel est la partie visible d’un projet de hold-up électoral échafaudé par le clan de José Mario Vaz afin d’accaparer le pouvoir.

En effet, derrière le discours souverainiste que tient José Mario Vaz se profile une volonté d’enterrer les accords parrainés par la CEDEAO qui lui ont permis de rester 4 mois supplémentaires aux commandes de l’Etat alors que son mandat était arrivé à son terme en juin 2019. Aujourd’hui, l’organisation régionale est payée en monnaie de singe par le clan Vaz qui n’hésite pas à défier la CEDEAO dans ses décisions et sa médiation pour rapprocher les points de vue des acteurs politiques bissau-guinéens.

La CEDEAO qui voit ses efforts de médiation fondre comme beurre au soleil menace de sanctionner ceux qui torpillent son agenda de sortie de crise, notamment le président intérimaire José Mario Vaz, son Premier ministre de paille et le gouvernement fantoche qu’ils ont formé. On attend de connaître la nature et l’étendue des sanctions annoncées au sortir du sommet de Niamey. Mais visiblement elles n’effraient point le trublion Vaz et son nouveau Premier ministre, Faustino Imbali, qui est  resté en poste avec ses ministres illégitimes malgré l’injonction de démission que leur a faite la CEDEAO.

En vérité, la stabilité politique en Guinée-Bissau est devenue un casse-tête pour les dirigeants de la CEDEAO qui ne savent plus à quelle diplomatie se vouer pour amener ses acteurs politiques à trouver un dénominateur commun. A l’évidence, les antagonismes politiques sont si exacerbés que les principaux leaders de partis politiques ont de la peine à dialoguer pour construire une stabilité politique durable pour le  pays. A ce rythme, entre les menaces de sanctionner les fauteurs de troubles, les injonctions de démission lancées au gouvernement de Faustino Imbali et la course contre la montre pour sauver sa feuille de route, la CEDEAO y perd sa diplomatie. Dommage, car, à en juger par l’attitude de pyromanes comme José Mario Vaz, la politique du ôtes-toi que je me mette au sommet de l’Etat a encore de beaux jours devant elle en Guinée-Bissau. Bonjour alors l’instabilité chronique sur fond de narco trafics et tant pis si cela dégénère en élections truquées, en violences politiques, voire en guerre civile !

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 11 novembre 2019 20:25

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