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Recrutement de volontaires pour la défense : Réaction du citoyen lambda

Au lendemain des attaques de Boungou, le président du Faso a ordonné le recrutement de volontaires pour la défense dans les zones sous menace. Le lundi 11 novembre 2019, nous avons promené notre micro pour savoir ce que les Ouagalais en pensent. D’aucuns estiment que c’est une décision est comme un  pied de nez fait aux Forces de défense et de sécurité. D’autres par contre la voient d’un bon œil. Pour les plus sceptiques, c’est envoyer des civils se faire canarder…

 

 

Tao Soumaila, Conseiller en assurances

« Il est allé vite en besogne »

 

C’est un peu difficile de dire que le recrutement des combattants volontaires est une solution à l’insécurité. On ne sait pas  comment cela se ferait le recrutement concrètement et sa mise en application. Je pense que c’est une information qu’il a lancée comme ça suite à l’attaque. Je pense que le président était vraiment dépassé par les événements. Il est allé très vite en besogne. Il aurait dû discuter de cela avec les autorités militaires et ne pas balancer l’information ainsi. Il devait inviter les populations des localités menacées à s’organiser pour se défendre. Je pense aussi que, dans son langage, ce n’est pas pour armer la population pour qu’elle aille combattre. Même si c’était le cas, il ne devait pas donner l’information  publiquement.

 

Omar Ouédraogo, vendeur de pièces d’automobile

« Ce recrutement peut faire reculer l’insécurité »

 

Je pense que le président est à bout, et il cherche des solutions. C’est dans sa quête de solutions qu’il a lancé cet appel au recrutement de volontaires. Pour des gens qui ne connaissent pas manier les armes, ça sera difficile, mais pas impossible. Mais je crois réellement que, si les populations sont décidées à intégrer les rangs, elles pourront contribuer énormément à la sécurisation du pays. Nous savons que les militaires qui sont sur le terrain font beaucoup  pour nous sécuriser. Mais la situation ne fait que s’aggraver chaque jour. A mon avis, ce recrutement pourra faire reculer un tant soit peu cette insécurité grandissante.

 

Patrice Sawadogo, étudiant en Géographie

« Même des militaires retraités peuvent être réquisitionnés »

 

Ce recrutement aurait été plus bénéfique s’il intervenait plus tôt que cela, même si on est d’accord que les décisions sont souvent prises en fonction de la gravité de la situation. Mais quoiqu’on dise, il n’est jamais tard pour mieux faire. Ça peut être une bonne solution pour nous sortir de l’impasse. Ceux que l’on va recruter sont censés connaître les localités en insécurité et seront ainsi d’un grand apport au renseignement. Cela permettra aussi aux Forces de défense et de sécurité de compenser un certain vide étant donné qu’elles ne peuvent pas être partout au même moment. Dans la situation que nous vivons aujourd’hui, même des militaires à la retraite peuvent être réquisitionnés. A ma connaissance ils partent très tôt à la retraite alors que certains ont toujours du dynamisme et surtout de l’expérience en matière de maniement des armes et dans certaines opérations.

 

Moussa Ouédraogo, vendeur de portables

« J’ai l’impression que rien n’est sérieux dans ce pays »

 

Ce recrutement pourrait faire reculer l’insécurité si cela n’était pas annoncé en grande pompe. Il y a des localités qui ont commencé à s’organiser pour sécuriser leurs villages. Ils n’ont pas communiqué. Quand on veut mettre une stratégie en place, on n’a pas besoin d’informer. J’ai l’impression que rien n’est au sérieux dans ce pays. Le président ne devait pas déclarer cela en public, car ainsi les terroristes peuvent infiltrer le  recrutement. Ils pourront aussi prendre leurs dispositions. La guerre ne se fait pas à la télé ni à la radio. En annonçant cela sur les ondes, il ne fait pas bien, même si les populations  veulent y adhérer, elles ont peur, car on ne sait plus qui est qui.

 

Moustapha Tiendrebéogo, marchand ambulant

« J’ai peur que cela ne soit une fanfaronnade »

 

Je suis convaincu  que le recrutement peut contribuer à ralentir l’insécurité si les choses sont bien structurées. Mais j’ai bien peur  que cela ne soit une fanfaronnade. Recruter des jeunes pour appuyer l’armée pourrait servir à faire évoluer positivement les choses. Il faut nécessaire recruter les gens dans leurs localités d’origine et bien les former. Surtout faire attention à ce qu’on n’infiltre pas le recrutement.

 

Une citoyenne qui a requis l’anonyme

« Un chef d’Etat ne va pas jeter un pavé dans la mare sans l’étudier »

 

Lorsque les autorités prennent des mesures, je pense  qu’il faut les encourager. Il faut suivre avec elles et voir comment les choses se mettent en place. Le recrutement de volontaires pour appuyer les forces de défense et de sécurité dans cette guerre contre les terroristes est une idée qui doit avoir l’accompagnement de la population. Je pense qu’un chef d’Etat ne s’aventurer pas à jeter un pavé dans la mare sans l’avoir étudié un peu avec ses collaborateurs. Nous devons encourager nos autorités à tout mettre en œuvre pour que cette mesure puisse s’appliquer avec efficacité parce que ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de la paix. Nous avons besoin d’être débarrassés de cette situation de violence qui paralyse toutes les activités. Il vaut mieux ne pas se lancer dans une appréciation négative ou positive hâtive, mais faire  en sorte que les idées que nous avons puissent marcher.

 

Issouf Bancé, commerçant

« Si le président s’amuse, il va fabriquer une rébellion »

 

Pour moi cette mesure  n’est pas une solution. C’est même un manque de respect envers nos forces de défense  et de sécurité. C’est comme s’il ne leur fait plus confiance. Sinon comment recruter des volontaires pour aller combattre alors que  militaires, policiers et gendarmes sont toujours au front ? On fait appel à la population quand tous  ces corps décampent. Je pense qu’avec ce recrutement, c’est un autre problème qu’on va  créer. C‘est un autre groupe de Koglweogo qui va naître, puisque des gens vont profiter de ces armes pour se régler les comptes. Le souci avec cette mesure, c’est qu’à la fin de l’opération, toutes les armes ne pourront pas être récupérées et on va assister à des attaques d’honnêtes gens. Donc si le président s’amuse, il va fabriquer des rebelles.

 

Rasmata Bamogo, étudiante en Anglais

« La question de la sécurité n’est pas à prendre à la légère »

 

 C’est bien de tenter par tous les moyens de trouver des solutions au problème sécuritaire. Mais je me pose des questions sur l’efficacité de la solution du président parce que la question de la sécurité n’est pas à prendre à la légère. Pourquoi recruter des volontaires pour qu’ils aillent au front ? Y a-t-il un problème au sein même des forces de défense et de sécurité ? S’il y en a un, tant qu’il n’est pas résolu, cela ne servira pas à grand-chose : imaginez qu’il y ait un déficit en armes par exemple ; si cela n’est pas résolu, on aura beau former des gens, on ne sortira pas de l’auberge. Parce que la guerre, c’est aussi les moyens aussi bien techniques que tactiques. 

 

Boukaré Ilboudo, commerçant

« Seule la diplomatie peut nous sauver »

 

Nous avons suivi l’appel du président du Faso, mais nous pensons qu’il est trop tard. Le loup est déjà entré dans la bergerie, et on cherche maintenant à en fermer la porte. Il fallait s’y prendre plus tôt. Je pense que ce sera difficile. On ne connaît pas la position de nos adversaires pour aller les combattre. C’est sûr que ceux qu’ils vont recruter ne connaissent pas le terrain. Pourtant, les terroristes sont cachés, et chaque fois qu’ils attaquent, c’est à la surprise générale. A mon avis, ce combat doit être mené par les FDS. Si on recrute des gens pour participer à cette lutte, que vont-ils devenir après ? Qu’allons-nous faire d’eux ? Est-ce qu’ils vont devenir des militaires ou bien ils vont retourner à leurs occupations initiales ? Tout cela demande une grande réflexion. Pour moi, ce problème ne peut être résolu par les armes. C’est une question de diplomatie. Mais quoi qu’il en soit, si on ne trouve pas de solution, nous allons tous en subir les conséquences.

 

Jean-Baptiste Dabiré, étudiant en système d’information géographique

« Il faut craindre les infiltrations »

 

 La décision du président du Faso est patriotique.  Mais vient-elle en temps opportun ? Là est la question. Il aurait dû la prendre dès les premières attaques enregistrées. Qu’à cela ne tienne, c’est peut-être aussi l’occasion de réintégrer dans les rangs les militaires et policiers radiés de 2011. Ils ont longtemps exprimé ce besoin, et c’est le moment de leur tendre la main en recrutant des volontaires qui mettront du temps avant d’être opérationnels puisqu’ils devront d’abord être formés. Dans cette affaire, il ne faut pas recruter pour recruter. Si c’est pour que des jeunes servent de bouclier humain, ce n’est pas la peine. Il faut aussi craindre les infiltrations parce que, je présume, il n’y aura pas assez de temps pour mener des enquêtes de moralité pour savoir qui se présente comme volontaire. 

 

Ibrahim Yougbaré, commerçant

« C’est pour augmenter le nombre de morts »

 

Personnellement, ce n’est pas la solution  à ce problème. Je pense que les premières autorités sont les mieux placées pour résoudre la situation. Nous n’accusons personne, car il y a des attaques terroristes dans d’autres pays dans le monde. Il y en a qui ont réussi à s’en sortir. On pourrait approcher ces Etats pour voir dans quelle mesure ils peuvent nous aider. Ce qui rend la lutte difficile, c’est que l’ennemi est caché, nous voit et  nous connaît. Dans ces conditions, nous n’avons aucun moyen de le combattre. Il sera difficile donc d’impliquer des civils dans cette lutte. Il y a une très grande différence entre un soldat et un simple citoyen. Si les FDS n’ont pu régler le problème, ce ne sont pas les populations qui vont y arriver. Les civils n’y peuvent rien, ils ont juste la grande gueule. Si on les y implique, c’est pour augmenter le nombre de morts.

 

Abdoul Kader Maïga, employé dans une société

« Moi-même je suis prêt à aller défendre mon pays »

 

Je suis d’accord avec la décision prise par le président du Faso. C’est tout à fait normal de demander l’aide de tous ceux qui se sentent capables dans la lutte contre le terrorisme. Moi-même je suis prêt à aller défendre mon pays. Nous devons récupérer nos terres, on ne va pas les céder à d’autres. Tous les Burkinabè doivent se mobiliser dans ce sens. Le problème ne concerne pas que les FDS et les premières autorités. Nous devons tous entrer dans la danse. Je sais que cela peut comporter des risques, mais il faut le faire. De plus, les militaires sont des personnes comme nous. Ce n’est pas parce qu’ils portent des tenues qu’ils sont plus courageux que nous. Avec une formation de deux semaines ou un mois, on peut y arriver. Il suffit d’avoir la volonté. Si on ne se bat pas, on risque de mourir, si on se bat aussi, c’est pareil. Alors autant s’engager et mourir les armes à la main. Je pense aussi qu’on doit se pardonner et permettre aux exilés de revenir, notamment ceux qui veulent rentrer pour contribuer à cette lutte.   

 

Charles Ouédraogo, étudiant en Anglais

« Les koglweogo devraient être les premiers volontaires »

 

 L’idée du premier des Burkinabè est la bienvenue. Je pense que les koglweogo devraient être les premiers volontaires à la seule condition de bien les encadrer. Ils n’auront besoin  que d’une petite formation. 

 

Salam Sawadogo, conducteur

«C’est une bonne initiative, mais risquée »

 

L’idée du chef de l’Etat est bonne. Mais je la trouve risquée. En effet, demander des volontaires pour aider les FDS dans la lutte contre le terrorisme peut encourager de mauvaises personnes à s’enrôler et à continuer à endeuiller le peuple burkinabè. Je pense que l’idéal est de bien encadrer le recrutement de ces volontaires. Aussi il faut éviter que les sauveurs d’aujourd’hui ne soient les meurtriers de demain.

                     

Adama Ganemtoré, commerçant

« Il faut simplement réintégrer tous  les radiés »

 

Pour moi, c’est une perte de temps que d’appeler le peuple à l’enrôlement volontaire pour soutenir les FDS dans le combat contre le terrorisme. A mon avis, il y a déjà des volontaires : les policiers et militaires radiés, les Koglweogo. Ces gens ne demandent qu’à être envoyés sur le champ des combats. Comment croire que des civils volontaires pourront, sans aucune formation appropriée, faire face aux terroristes ? Ce n’est pas le rôle des populations de faire cela. Il faut reconstituer le RSP qui a été spécialement formé. Pourquoi laisser ces personnes pour prendre des inexpérimentés dont la formation va prendre du temps et demander des moyens financiers ? Outre cela je pense qu’il faut envoyer sur le terrain les différents chefs militaires, car ils doivent apporter leur expérience. De plus certains comme le général Gilbert Diendiéré et le colonel Auguste Barry sont très bien renseignés et pourront apporter leur contribution. Je dirais pour terminer que la solution viendra simplement de la réintégration  de tous les radiés.

 

Daouda Compaoré, commerçant

« La décision est correcte et fondée »

 

Le Burkina est à nous tous. On n’a pas besoin que le président nous interpelle. Nous sommes tous des citoyens burkinabè, et c’est ensemble qu’on vaincra. Je pense que c’est une très bonne décision que le président du  Faso a prise. Je la trouve même correcte et fondée. Et à mon sens, cette initiative on a même trop tardé avant de la prendre. Elle aurait dû être prise il y a bien longtemps. Et  on y pensait  même si le président ne l’avait pas envisagée. On ne peut pas continuer à regarder les terroristes massacrer nos frères et sœurs. Je suis prêt à y aller. Il faut juste qu’on ait les informations sur quand et où s’inscrire. Car on est disposé. 

 

Lévi Constantin Konfé

Zalissa Soré

Bernard Kaboré

Abdoulaye Harouna Nass

Assiata Savadogo &

Roukietou Soma (Stagiaire)

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