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Situation sécuritaire : «Le Burkina, une opportunité aurifère à ne pas manquer» (Patrick Gagnon, président des exportateurs d’or)

 

Pendant que la situation sécuritaire empire avec la multiplication des attaques terroristes, un Canado-Burkinabè invite les investisseurs nationaux et étrangers à venir découvrir les opportunités d’affaires existant au Burkina, plus précisément dans le domaine aurifère.

 

Lui, c’est Patrick Gagnon, le président de l’association des exportateurs d’or, conférencier du séminaire de formation Africa Gold Insider (AGI) prévu pour se tenir du 29 novembre au 1er décembre prochain dans la capitale burkinabè. A travers ce cadre, celui pour qui l’or n’a point de secret compte montrer le filon pour investir dans les domaines aurifères artisanal et semi-mécanisé. Dans l’interview qu’il nous a accordée le mercredi 13 novembre 2019 à Ouagadougou, il donne un avant-goût de ce séminaire international, explique ses déboires avec la justice burkinabè et son désir de faire rayonner l’image du Burkina à travers le monde.

 

Lisez-plutôt ! 

                  

 

 Alors que la situation sécuritaire va de mal en pis, vous invitez les investisseurs à venir au Burkina ?

 

 

 

Le Burkina est un tremplin aurifère et en temps que Canado-Burkinabè, appeler les gens à investir au Burkina, c’est tout à fait normal puisqu’ici c’est maintenant chez moi et j’ai bon espoir que la situation va s’améliorer. D’ailleurs, il ne faut pas que le Burkina arrête de vivre non plus et se laisse abattre. Ensemble nous vaincrons ! La situation que traverse le pays et surtout la récente attaque terroriste perpétrée contre des convois de la mine d’or SEMAFO sont une invite à tout le monde à prendre plus de précautions, en mettant le paquet dans la sécurité à quelque niveau que ce soit.

 

 

Qui peut prendre part à cette formation ?

 

 

 

Ce séminaire est destiné aux gens d’affaires qui désirent se lancer dans l’exploitation minière à petite ou moyenne échelle. Que vous soyez déjà dans le domaine ou néophyte, le séminaire de formation Africa Gold Insider est le moment idéal pour vous former et faire des rencontres avec des partenaires sérieux et désireux de faire des affaires dans le domaine de l’or.

 

 

 

Quelles sont les conditions de participation ?

 

 

 

Le billet fait 500 000 FCFA ; que vous soyez Burkinabè, Américain, Canadien ou Européen c’est le même prix pour tous. Il y aura un beau mélange de participants, des grands opérateurs économiques Burkinabè, des investisseurs de la France, du Luxembourg, de la Belgique et du Canada qui, d’ailleurs, ont déjà acheté leurs billets. 75% des billets sont pris, et ceux qui sont encore intéressés peuvent contacter le +226  6561 4592, se rendre au Village Nongtaaba ou à La Perle à Ouaga 2000.

 

 

 

N’est-ce pas trop élevé pour les Burkinabè?

 

 

 

C’est vrai que des centaines de personnes sont intéressées, mais elles  trouvent le billet cher. Seulement, je veux avoir à faire à des gens sérieux, prêts à investir que je puisse non seulement former mais aussi accompagner par la suite dans leurs affaires. Malheureusement si j’ai 400 personnes et que la moitié veut se faire accompagner, objectivement, je ne pourrai pas le faire. C’est l’une des raisons pour lesquelles le coût est élevé et le nombre de places limité à seulement 12 participants.

 

 

 

Quel est l’objectif visé à travers ce séminaire ?

 

 

 

Le domaine aurifère est en deuil avec les récentes attaques des convois de SEMAFO, donc en organisant cette formation au Burkina, notre objectif est de faire rayonner l’image du pays. Je me donne comme mandat d’accompagner nationaux et internationaux à investir dans le domaine, car il y a tellement de gens qui veulent investir, mais qui sont mal accompagnés et n’ont pas les bonnes informations. Je serai donc leur porte d’entrée.

 

               

 

 

 

Quel sera le contenu de cette formation ?

 

 

 

Trois principales thématiques sont au programme :

 

-                L’achat et la revente de l’or à l’international appelé le négoce d’or  urbain: il s’agit là d’expliquer comment créer un comptoir d’achat et le déroulement de la collecte, car il y a beaucoup de faux dans le domaine. Si tu ne t’y connais pas et tu te lances dans le domaine, il y a de grands risques que tu te fasses duper. De grands exportateurs achètent ici et revendent à l’international, mais ne maitrisent pas le circuit. Tous les secrets seront mis à nu. Au sortir, vous serez vous aussi un expert averti et vous pourrez exporter de 10 à 100 kilogrammes d’or par semaine.

 

 

 

-                Le négoce d’or rural : il s’agit ici de montrer comment acheter l’or sur les sites d’orpaillage, la collaboration avec les mineurs artisanaux, organiser et sécuriser un site, le fonctionnement du broyage, du concassage, du lavage et de la cyanuration, les relations à avoir avec les propriétaires terriens et les chefs de village, les astuces pour ne pas tomber dans l’illégalité.

 

 

 

-                Le fonctionnement des petites mines sémi-mécanisées : l’utilisation légale et illégale du cyanure, le processus de traitement, les équipements adaptés au terrain car il y a des endroits où l’or est contenu dans le sable (alluvionnaire) et où l’or est contenu dans le caillou (c’est le cas du Burkina). Nous parlerons aussi des budgets, des techniques américaines et des techniques chinoises.

 

Il sera également question du financement, de comment trouver des partenaires de 20 millions à 2 milliards F CFA. La traçabilité de l’or, la contrebande et le blanchiment d’argent feront également l’objet de communications claires et précises.

 

 

 

Parlant justement de l’illégalité, il y a cinq ans de cela, vous avez connu des déboires avec la justice burkinabè, est-ce que vous pouvez revenir là-dessus ?

 

 

 

J’avais la plus grande société d’achat d’or au Burkina en 2013-2014. On  exportait de 50 à 100 Kg d’or qu’on achetait un peu partout au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. Au début je travaillais légalement et à un moment donné, j’ai été tenté de contourner le circuit normal parce que les taxes étaient vraiment élevées (500 000 FCFA/kg d’or). Il était impossible de s’en sortir car comme certaines personnes fraudaient, du coup je ne pouvais pas les concurrencer. Soit j’embarquais dans la fraude, soit j’arrêtais mes activités. C’est ainsi que je me suis mis à faire de la contrebande en ne déclarant qu’une partie de l’or réellement exporté. Et paf, le 24 novembre 2014, soit pratiquement un mois après l’insurrection populaire, mes collaborateurs ont été arrêtés à l’aéroport. Et comme on était dans l’esprit de : «plus rien ne sera comme avant », on a été déféré à la MACO pour servir d’exemple. Normalement, une transaction douanière devait avoir lieu comme le code de la douane l’ordonne, (payer une forte amande) mais les autorités  du moment en ont décidé autrement et j’ai élu résidence à la MACO pendant plusieurs mois. On était peut-être les moins pires dans l’histoire car on a fait rentrer des dizaines de milliards en argent propre dans le pays comparativement à nos compétiteurs qui eux, œuvraient dans le blanchiment. Mais on a quand même commis une faute dont on devait faire les frais.

 

Ça m’a coûté très cher, mais ça m’a aussi sauvé la vie. Quelques temps après, on a payé (presque 2 milliards au total pour une faute de 30 millions) et on a été libéré comme stipulé dans le code de Douane en son article 261. Tout s’est fait légalement. Après cette mésaventure j’ai continué à travailler un peu au Burkina mais plus en Côte d’Ivoire parce que là-bas il n’y a pas de taxe d’exportation mais plutôt des frais d’une valeur de 70 000 FCFA/kg à verser au niveau de la Sodemi, l’équivalent du Bumigeb, contrairement au 500 000F à payer au Burkina en son temps.

 

Je reviens aujourd’hui vers le Burkina parce que les taxes ont beaucoup baissé (de 500 000F à 200 000 F) et avec les structures de contrôle, je me suis rendu compte qu’on peut maintenant s’en sortir en respectant les règles et procédures.

 

 

 

Quelles leçons vous avez tiré de cette mésaventure ?

 

 

 

J’ai certes fait un faux pas mais c’est grâce à ça que j’ai beaucoup appris. Et qui sait ? C’est grâce à cela que je suis en vie parce que je manipulais beaucoup d’argent (des milliards à dos de moto) à l’époque et ma vie était vraiment exposée. Ce sont certainement mes démêlés avec la justice qui m’ont arrêté et c’est pour ça que je remercie Dieu. Depuis 2017, je me suis lancé dans la consultation, les conférences pour éviter que les gens ne tombent dans le faux. Et mon expérience sert de leçon aux autres si bien que je suis sollicité un peu partout pour mon expertise.

 

 

Ebou Mireille Bayala

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