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Arrestation de Naïm Touré et suspension du FPR : La fébrilité contre-productive du pouvoir

 

Si le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré voulait donner du grain à moudre aux activistes burkinabè des réseaux sociaux, eh bien c’est réussi avec l’interpellation de l’un deux : Naïm Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été arrêté dans la nuit du 12 au 13 novembre dernier.

 

 

Officiellement, cette arrestation « vise à concourir à la manifestation de la vérité relativement à l’enquête ouverte qui se déroule sous le contrôle de la justice ». En vérité, l’activiste est accusé une fois de plus de tentative d’atteinte au moral des Forces de défense et de sécurité (FDS) par des publications sur les réseaux sociaux. On se garde bien de reproduire ici le contenu desdites publications pour ne pas être accusé de la même faute. Néanmoins, quand on voit le nombre de publications qui ont envahi les réseaux sociaux, reprenant à qui mieux mieux, si ce n’est en exagérant, les déclarations du mis en cause, on se convainc que le remède du gouvernement est pire que le mal fait par le cyber-activiste. En effet, cette arrestation a contribué non seulement à donner plus d’audience aux déclarations de Naïm Touré, mais aussi à afficher la fébrilité du gouvernement sur les questions sécuritaires et de management des FDS.

 

On se rappelle du reste que le même Naïm Touré a maintes fois été interpellé par la gendarmerie nationale et qu’en juin 2018 il avait été condamné à 2 mois d’emprisonnement ferme pour à peu près les mêmes motifs que ceux qui lui valent d’être de nouveau interpellé. En un mot comme en mille, ce cyber-activiste est dans une logique de provocation permanente du pouvoir en place, un piège dans la surenchère militante que Roch Marc Christian Kaboré et son ministre de la Sécurité n’ont pas su éviter en le faisant arrêter. C’est le lieu de dire que le pouvoir bande les muscles à mauvais escient et fait le jeu de ce lanceur d’alertes en quête du sort de martyr.

 

Bander les muscles à mauvais escient ou faire de la pub gratis à un concurrent, c’est encore le cas avec la décision du ministre de l’Administration territoriale de suspendre les activités du Front patriotique pour le renouveau (FPR). Le FPR, c’est quoi même ? Un petit parti, grand inconnu sur la scène nationale, dont on n’est pas sûr que les militants remplissent une cabine téléphonique qui est propulsé en pleine lumière pour des propos de son président qui n’engagent que lui. Maintenant que la suspension des activités de ce parti pousse le grand public à chercher à savoir ce qu’il a dit ou fait, n’est-ce pas que le pouvoir MPP a joué avec le FPR à qui perd gagne ?

 

On comprend que la préoccupante situation sécuritaire du pays exige de nos autorités une vigilance et une rigueur de tous les instants pour endiguer toute tendance à la dérive, mais ne devraient-elles pas prendre garde à ne pas faire le jeu de leurs adversaires qui les poussent à la faute ?

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 17 novembre 2019 17:54

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