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Retour Hama Amadou en prison : Mise en scène en attendant la grâce présidentielle ?

Sitôt rentré pour s’incliner sur la tombe de sa mère, sitôt reconduit derrière les barreaux. Lui, c’est l’ancien président de l’Assemblée nationale nigérienne Hama Amadou qui avait été condamné par contumace en mars 2017 pour son implication dans un trafic international de bébés.

 

Il est rentré jeudi 14 novembre d’un exil de trois ans en France, quelque deux semaines après le  décès, fin octobre, de sa mère. Il faut dire que celui qui a retrouvé les geôles  de Filingué à 180 km de Niamey, où il avait déjà passé 4 mois de détention préventive à partir de novembre 2015, a d’abord eu droit à une vague de compassion des plus hautes autorités de son pays qu’il n’a cessé à tort ou à raison d’accuser d’être derrière cette cabale politico-judiciaire visant à torpiller ses ambitions présidentielles. L’opposant dès son retour  a en effet eu droit à un coup de fil du chef de l’Etat, Mahamadou Issoufou. La Première dame, Lalla Malika Issoufou, ainsi que le ministre de l’Intérieur, Mohamed  Bazoun, sont également allés sécher les larmes, comme on dit en Afrique, du fils éploré.

Alors que les uns et les autres se demandaient quelle suite judiciaire serait donnée à l’affaire Hama Amadou qui n’était plus revenu au pays après avoir bénéficié fin 2016 d’une autorisation pour aller se soigner à l’Hexagone, la réponse n’a pas tardé à venir.

Dimanche dernier, celui qui était arrivé deuxième à la présidentielle de février 2016 a reçu une convocation de la gendarmerie à laquelle il a déféré hier lundi 18 novembre 2019. La suite, on la connaît : il a été immédiatement écroué à la prison de Filingué où il doit purger 8 mois de détention sur les 12 auxquels il avait été condamnés.

Voilà donc celui qui avait refusé de se mettre à la disposition de la justice de son pays, tel un vulgaire bandit, qui se présente aujourd’hui dans une posture chevaleresque en acceptant d’affronter son destin devant la même justice. Simple mise en scène ou réelle volonté de se soumettre à la justice ? En tout cas, pour certains observateurs de la scène politique, tout indique que le principal opposant au président actuel pourrait bénéficier dans les mois à venir, si ce n’est dans les semaines à venir, d’une grâce présidentielle de celui dont il fut un temps l’allier. Si tel devait être le cas, on pourrait dire que les formes sont sauves et rien ne pourrait s’opposer à un élargissement avant terme du candidat désigné du Moden Lumana à la présidentielle de 2021. L’absolution présidentielle est d’autant plus probable qu’avec cette condamnation qui figure à jamais sur son casier judiciaire, celui qui a toujours rêvé de la magistrature suprême  en se rasant chaque matin est disqualifié de la compétition électorale. Va-t-il, dans ces conditions, promouvoir ou soutenir une autre candidature que la sienne au sein de son parti pour, si non empêcher, du moins malmener le candidat du pouvoir, Mohamed Bazoun ? A moins que, si pardon il y a, elle ne soit assortie d’une contrepartie pour le bénéficiaire qui consisterait à ne pas tailler des croupières au dauphin putatif dans son cheminement vers le palais présidentiel.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lejeudi, 21 novembre 2019 22:57

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