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Province de la Kossi : Guerre populaire contre l’enclavement routier

 

Le problème de voies est l’un des principaux défis auxquels la Kossi est confrontée. L’accès à plusieurs localités de la province est un véritable parcours du combattant. Premières victimes de cette situation, les populations commencent à prendre conscience de la force qu’elles possèdent pour relever le défi du désenclavement.

 

 

 «La route du développement passe par le développement de la route », a-t-on coutume de dire. Cette affirmation résume toute l’importance des voies dans le développement d’un pays. Mais l’un des problèmes majeurs du Burkina demeure l’enclavement routier. Dans la Kossi, la situation est assez alarmante. Ainsi, se rendre de Nouna, chef-lieu de la province, aux autres communes est un calvaire. Les commerçants chargés d’articles à bord des compagnies locales de transport, à moto et aussi à vélo, en voient de toutes les couleurs pour rallier les différents marchés au quotidien. Les usagers et leurs engins, tous en pâtissent. Pendant la saison pluvieuse, la situation empire, ce qui oblige les populations à d’interminables détours pour accéder à certains villages.

 

En août dernier, perché sur notre moto, nous nous rendions en  reportage à Barani, à une soixantaine de kilomètres de Nouna. A Bomborokuy, le chemin, qui est une voie rouge, était totalement impraticable. Après renseignement, nous avons emprunté la meilleure piste menant à notre destination.  La souffrance endurée ce jour nous a fait garder en mémoire ces propos du maire de Barani concernant l’accès à sa commune. « Le monde se limite à Bomborokuy », avait-il en effet, déploré face à ses administrés lors de la journée de redevabilité de ladite commune tenue en début juillet 2019. En effet, la seule voie bitumée qui traverse la province relie Nouna à la frontière du Mali en passant par Bomborokuy. Les autres routes, à l’image de celle de Barani, sont des voies rouges et des pistes en très mauvais état.

 

La souffrance des populations en la matière est telle qu’elles ont commencé à se mobiliser de part et d’autre pour réparer les routes. Ainsi, les travaux d’intérêt commun sont fréquents dans la Kossi.

 

A Kakin, un village situé à dix-sept kilomètres à l’ouest de Nouna, les habitants sont sortis massivement le mercredi 13 novembre 2019 entamer les travaux de réparation d’une voie très importante de la zone. Armés de pioches et de pelles, certains creusent la terre qu’ils entassent sur la route pendant que d’autres partent chercher le gravier à plus d’une trentaine de kilomètres du sentier. Comme de coutume dans le pays marka, les griots s’activaient vigoureusement à encourager les travailleurs dans leurs efforts à l’aide des tam-tams qu’ils battaient avec frénésie. « Nous avons tenu une réunion avec tous les habitants du village afin de trouver une solution au problème de route qui nous torture.

 

Avec l’aide de la SOFITEX qui a mis une benne à notre disposition, tout le village participe avec joie aux travaux. C’est du patriotisme mais c’est surtout à notre avantage que cette route soit praticable à tout moment. Notre objectif est de réaliser ces travaux jusqu’à atteindre le village voisin », nous confie Abdina Traoré, conseiller municipal de Kakin. Plusieurs marchés importants de villages se situent en effet sur cette voie qui relie Nouna à la commune de Doumbala. L’année dernière, les habitants du village de Tènou, situé sur le même axe, avaient également procédé à la réparation d’un tronçon assez important. Abdina Traoré est optimiste et pense que « les autres villages vont s’inspirer de leur exemple et que même les autorités pourraient décider de leur venir en aide ».

 

Dans la ville de Nouna, de nombreuses voies très passantes dans les quartiers ont été construites ces dernières années grâce des initiatives des habitants. Depuis début octobre, nous suivons des jeunes du secteur 1 qui ont sonné la mobilisation. Chaque samedi, ils se rassemblent pour réhabiliter une route qui mène à un établissement scolaire du secteur. C’est à l’aide des charrettes tirées par des ânes et dans une ambiance conviviale qu’ils  se donnent à cœur joie aux travaux. L’ouvrage non seulement va permettre aux élèves d’accéder facilement à leur école, mais profitera aussi à plusieurs ménages riverains. Ces actions sont porteuses d’un réel espoir et révèlent la maturité d’un peuple qui, auparavant, attendait passivement tout des dirigeants. Il importe cependant que les autorités locales, voire nationales, prennent des mesures pour accompagner ces bonnes initiatives afin qu’elles deviennent des habitudes pour la génération montante.

 

 

Issa Mada Dama

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