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Présidentielle Guinée-Bissau : Entre espoirs et craintes

Hier dimanche 24 novembre 2019, les Bissau-Guinéens se sont rendus aux urnes dans le cadre du scrutin présidentiel.

 

 

« Ouf », serait-on tenté de dire en signe de soulagement tant la dernière crise politique en date, née du limogeage avorté du Premier ministre Aristides Gomes le 28 octobre dernier, avait fait craindre un report de l’élection.

 

Si donc le pari de la tenue du scrutin à bonne date a été gagné, notamment grâce à l’intransigeance de la CEDEAO face à la « décision illégale » du président José Mario Vaz, c’est néanmoins avec des sentiments mêlés que les 760 000 électeurs ont pris le chemin des bureaux de vote. Tant ils sont écartelés entre la crainte de troubles postélectoraux et l’espoir de tourner définitivement la page de l’instabilité politique chronique dans laquelle est plongée l’ancienne colonie portugaise depuis son accession à l’indépendance en septembre 1973.

 

Et le seul fait que le président sortant, candidat à sa propre succession, ait pu mener son mandat à terme  est une exception politique dans un Etat ou la règle de dévolution du pouvoir tient de la logique des armes.

 

Les douze prétendants en lice sauront-ils, par leurs comportements respectifs, être à la hauteur des attentes de leurs compatriotes ? 

Sauront-ils, à l’occasion de cette consultation électorale, opérer la rupture avec un passé politique toujours aussi tumultueux ?

 

Certes, de l’avis général, le scrutin s’est déroulé dans le calme ainsi que la sérénité, et les premières tendances pourraient être connues en début de cette semaine. Si aucun des candidats n’obtient au moins 50% des suffrages, le second tour est prévu pour le 29 décembre.

 

Mais moins que les résultats du vote, c’est l’accueil qui leur sera réservé qui constitue l’enjeu capital.

 

Cela est d’autant vrai que les figures de proue de cette  présidentielle sont les mêmes dont les rivalités, les inimitiés personnelles et les ambitions égoïstes plombent l’avenir du pays d’Amilcar Cabral.

 

José Mario Vaz, candidat indépendant à sa propre succession puisque banni des rangs du PAIGC, parti historique, son ancien Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, chef du même PAIGC majoritaire à l’Assemblée nationale, Umaro Sissoco Embalo, à la tête d’une dissidence du PAIGC, sauront-ils faire preuve de fair-play républicain au cas où la vérité des urnes contrarierait leurs desseins politiques ?

 

Que dire de Carlos Gomes Junior, lui aussi ancien Premier ministre, chassé par l’armée alors qu’il était le favori de l’entre-deux tours de l’élection de 2012 ?

 

Certes tous se sont engagés à respecter les résultats si « les conditions du scrutin sont transparentes ».

 

Mais dans ce narco-Etat qu’est la Guinée-Bissau, couloir de transit de la cocaïne sud-américaine, et où les rivalités pour le contrôle du trafic de la poudre blanche se répercutent jusque sur le sommet de l’Etat, il faut craindre que la « transparence » ne soit ici qu’une notion à géométrie variable.

 

Pour être déterminante pour l’avenir du pays, la journée électorale d’hier l’est véritablement à tout point de vue.

 

En effet, elle est censée ouvrir une nouvelle ère de gouvernance marquée par les réformes préconisées par les institutions internationales dans ce petit pays de 1,8 million  d’habitants dont les deux tiers vivent au-dessous du seuil de pauvreté malgré des atouts économiques comme le poisson, la noix de cajou, le bois précieux et les gisements de phosphate.

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 25 novembre 2019 21:54

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