Menu

Résistance aux antibiotiques : «Si rien n’est fait, j’ai peur que même de petites blessures deviennent de nouveau mortelles» (Dr Ismaël Diallo, Infectiologue à Yalgado)

 

Le 18 novembre, est célébrée la Journée européenne d’information sur les antibiotiques. Mais comme on le dit, ce qu’il y a chez les Peuls, on le retrouve aussi chez les Mossis. C’est dire que le phénomène de l’abus des antibiotiques, qui crée en définitive la l’antibiorésistance ou la résistance aux antibiotiques, est aussi réel au Burkina : par exemple, l’amoxicilline est largement utilisée pour traiter diverses infections. C’est le cas de bien d’autres médicaments utilisés de manière excessive par les populations, soit sur prescription médicale, soit par automédication. Pourtant, selon le Dr Ismaël Diallo, infectiologue à l’hôpital Yalgado, la résistance de certaines bactéries à certains antibiotiques d’utilisation assez courante varie entre 80 et 95%, voire plus. Dans cet entretien, il attire donc l’attention des agents de santé et des populations sur la menace que constitue l’usage abusif de ces antibiotiques sur la santé et les invite à modérer la prescription et la prise de ces médicaments.  

    

 

 

 

Qu’est-ce que la résistance aux antibiotiques ?

 

 

 

En termes simples, la résistance aux antibiotiques est un processus naturel développé par les bactéries afin de survivre malgré la présence de ou des antibiotique(s) censé(s) les détruire. Lorsqu’elles sont exposées aux antibiotiques, les bactéries sensibles sont tuées alors que les bactéries y  résistantes peuvent continuer à se développer et à se multiplier.

 

 

 

Concrètement, la résistance est due à quoi ? Est-ce au mauvais usage de ces médicaments ou à leur usage courant (abusif) ?

 

 

 

Le mauvais usage de ces médicaments chez l’homme, l’animal et dans l’environnement accélère le processus. Comme mauvais usage chez l’homme, les antibiotiques sont souvent utilisés pour le traitement de certaines infections virales (rhume, grippe : ndlr) alors qu’il n’ y a aucun intérêt à le faire ;

 

quant à « l’usage courant », il y a des règles qu’il faut respecter afin de ne pas induire cette résistance. (Arrêter le traitement trop tôt, diminuer les doses, ne pas respecter la posologie ou prendre  l'antibiotique 1 fois par jour au lieu de 2 ou 3 comme le médecin l’a prescrit sont, entre autres, des erreurs à proscrire. Dans le dernier cas, il n’y a pas assez de médicament dans l’organisme, ce qui permet à la bactérie de survivre et de développer une résistance).

 

 

 

Quelle est l’ampleur du problème au Burkina ?

 

 

 

Des études montrent que notre pays n’est pas épargné par le phénomène : en effet, la résistance de certaines bactéries à certains antibiotiques d’utilisation assez courante y varie de 80 à 95%, voire plus. Je fais remarquer qu’il s’agit d’une résistance à plusieurs antibiotiques.

 

 

 

Au Burkina, le problème est-il lié aux prescriptions médicales ou à l’automédication ?

 

 

 

Aux deux.

 

Le Burkina Faso fait partie des pays où la prescription des antibiotiques n’est pas encadrée. Les antibiotiques sont prescrits de manière excessive et surconsommés par le grand public. La plupart des antibiotiques sont délivrés même sans ordonnance.

 

 

 

Quels sont les dangers auxquels expose la résistance aux antibiotiques ?

 

 

 

Le phénomène de la résistance aux antibiotiques compromet la capacité à traiter les maladies infectieuses courantes. Pour un nombre croissant d’infections, par exemple la tuberculose, le traitement devient plus difficile, voire impossible parfois, du fait de la perte d’efficacité des antibiotiques. Les infections dues à des bactéries résistantes exigent plus de soins et nécessitent d'utiliser d’autres antibiotiques, qui sont plus chers. Ce qui peut entraîner des effets secondaires plus sévères.

 

Si ce phénomène va grandissant et si rien n’est fait, j’ai bien peur que les infections courantes et de petites blessures ne deviennent de nouveau mortelles.

 

 

 

Des conseils pour lutter contre la propagation de la résistance aux antibiotiques ?

 

 

 

Nous ne pourrons pas tous les lister ici, mais  quelques conseils pourraient être :

 

- Au niveau individuel, se laver régulièrement les mains pour prévenir les infections, également suivre les règles d’hygiène alimentaire ; n’utiliser ces médicaments que lorsqu’ils sont prescrits par un professionnel de santé qualifié tout en respectant les conseils, choisir les produits d’élevage sans antibiotiques.

 

- A l’agent de santé, ne prescrire et délivrer des antibiotiques que quand cela est nécessaire…

- Au niveau des agriculteurs et éleveurs, ne pas utiliser les antibiotiques comme facteurs de croissance ou pour prévenir les maladies chez les animaux…

 

 

Alima Séogo née Koanda

 

Tél. : 79 55 55 51

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut