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Arrestation de Brice Laccruche Alihanga : Heurts et malheurs de « L’Homme sans visage »

Règlement de comptes politiques ou volonté réelle de nettoyer les écuries d’Ali Bongo ? Difficile pour le moment de se faire une opinion fixe, mais en tout cas l’opération anticorruption récemment lancée au Gabon vient de prendre dans la nasse un gros poisson et non des moindres.

 

En effet, celui qui vient d’être harponné dans la lagune politique du pays de Léon Mba n’est autre qu’un requin blanc en la personne de Brice Laccruche Alihanga, naguère tout-puissant directeur de cabinet du locataire du palais du Bord de mer. Il a été interpellé avec certains de ses proches, parmi lesquels le ministre de l’Energie et celui du Pétrole, hier mardi 3 décembre 2019, toujours dans le cadre de cette opération mains propres.

Mais c’est depuis la veille, soit lundi 2 novembre, que la descente aux enfers de ce Franco-Gabonais de 39 ans a commencé, puisqu’il a été écarté ce jour-là du ministère de la Stratégie des investissements humains et des Objectifs du développement durable. La longue dénomination de sa charge était à l’image de la place qu’il occupait dans la vie politique gabonaise durant l’AVC qui avait éloigné Ali Bongo des affaires de l’Etat. Et c’est Brice Laccruche Alihanga qui assurait, pourrait-on dire, la régence du pays. Et il n’y est pas allé de main morte durant cette longue vacance du pouvoir au sommet de l’Etat, plaçant nombre de ses amis à des postes-clés. En même temps qu’il faisait de nouveaux princes de la République, il en défaisait d’autres et non des moindres.

Cette période « d’intérim » a-t-elle fini par susciter des ambitions chez le jeune régent au point même d’inquiéter le titulaire du trône ? Rappelons qu’il y a encore quelques semaines, il avait considérablement irrité une bonne partie des caciques du pouvoir en menant, en l’absence d’Ali Bongo, une tonitruante « tournée républicaine » dans tout le pays. Ou est-ce le nombre élevé de ses ennemis qui a fait qu’il a été finalement victime d’une vendetta politique ? Ou tout simplement, est-il en train de payer pour les détournements de deniers publics et autres griefs dont on l’accable ?

En tout cas, si la disgrâce de cet homme procède véritablement d’une volonté du président gabonais de franchir un nouveau pas dans la bonne gouvernance du pays, on ne peut que saluer l’initiative. Mais on aurait voulu ou on souhaiterait que cette chasse aux prédateurs se poursuive et s’étende à tous les démembrements de l’Etat, car dans ce pays où les ressources publiques sont confondues au patrimoine familial et où la corruption est endémique, il serait étonnant que ce soit « L’Homme sans visage »(1), cet ex-tout-puissant Dircab qui dirigeait une sorte de cabinet noir, qui tirait les ficelles et avait une haute main sur les affaires sensibles de l’Etat, qui se trouve être le seul mouton noir de la bergerie Bongo. On attend donc maintenant la suite de l’affaire pour se faire une opinion.

 

Issa K. Barry

 

1.     Titre biographique que lui a consacré l’écrivain gabonais Janis Otsiemi

Dernière modification lemercredi, 04 décembre 2019 22:52

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