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Centrafrique : Et si Bozizé prenait l’exemple sur ATT !

François Bozizé est-il rentré en Centrafrique ? Oui, assurent son fils Jean-Francis et les responsables de son parti, le Kwa na Kwa (KNK). Si ce qu’ils disent est vrai, c’est manifestement sans que les autorités centrafricaines en aient été informées au préalable, puisque jusqu’à hier en début de soirée, aucune source officielle ne confirmait l’information.

 

Par quel moyen celui qui était en exil au Cameroun, puis en Ouganda depuis 2013 serait-il d’ailleurs revenu au bercail ? A pied, en véhicule en prenant des sentiers de brousse, à dos d’âne ou à la nage? Une chose est sûre, il n’a pas pu rentrer par les airs. En vertu d’une circulaire du ministère des Transports datée  du 17 novembre 2016, les compagnies aériennes desservant la capitale centrafricaine avaient été sommées  de ne pas embarquer ce passager on ne peut plus encombrant.

Si cette info était en tout cas effectivement avérée, elle confirmerait ce qu’avaient annoncé en juillet  dernier les dirigeants du Kwa na Kwa, qui promettaient le retour de l’ancien président « dans les semaines à venir ». Mais à l’époque, ils devaient être les seuls à y croire vraiment.

Il faut dire que le natif de Mouila, au Gabon, n’a pas d’autre choix s’il veut se présenter à la présidentielle du 27 décembre 2020, le Code électoral exigeant que tout prétendant à la magistrature suprême réside sur le territoire national au moins 12 mois avant le scrutin. C’est donc sans doute pour respecter cette condition que le vieux général de 73 ans a effectué ce parcours du combattant malgré les risques.

François Bozizé, ne l’oublions pas, est toujours sous le coup de sanctions onusiennes et d’un mandat d’arrêt international pour « crimes contre l’humanité et incitation au génocide ». Et quand bien même l’accord de paix inter-centrafricain du 6 février 2019 signé par  le gouvernement et 14 groupes armés prévoirait une close spéciale pour les anciens chefs d’Etat qui pourrait lui profiter, la loi n’a pas encore été votée, à plus forte raison promulguée.

La question se pose d’ailleurs de savoir si le président Faustin-Archange Touadéra, qui aurait été ainsi mis devant le fait accompli, va prendre acte du retour en catimini de son prédécesseur ou s’il va retourner le colis à " l’envoyeur ".

Autre question qui mérite d’être posée : quelle conséquence peut avoir ce retour sur la vie politique centrafricaine, toujours plongée dans une situation de ni guerre ni paix alors que Bozizé, qui a été renversé par la rébellion Seleka, doit être habité par un sentiment de revanche.

Celui qui a passé 10 ans au pouvoir, soit de 2003 à 2013, est en réalité un spécialiste des exils : c’est la 3e fois dans son parcours particulièrement chaotique qu’il vit cette situation.

Déjà en 1982, il avait été contraint de fuir une première fois  au Togo avec Ange-Félix Patassé après l’échec du coup d’Etat contre André Kolingba. Exil de nouveau en 2001, cette fois au Tchad après un nouveau putsch manqué, ce coup-ci contre Patassé. C’est d’ailleurs du Tchad, avec le soutien des « Déby boys », qu’il rentrera prendre le pouvoir alors que son ancien acolyte était à un sommet à Niamey.

Ce 3e retour d’exil sera-t-il le dernier pour ce chrétien céleste qui doit croire en sa résurrection politique ? Tout dépendra de la réaction des nouveaux maîtres de Bangui mais aussi et surtout de sa propre attitude.

En réalité, au lieu de vouloir se rejeter dans le bain politique, il gagnerait à s’en départir pour ne pas ajouter du désordre au désordre, mais plutôt apporter son expérience d’ancien chef d’Etat à l’édification d’une société de paix, de justice et de progrès. Il serait ainsi plus utile à son pays, à l’image d’un autre exilé de luxe, Amadou Toumani Touré, revenu au Mali dimanche et qui a définitivement fait le deuil de ses ambitions politiques, malgré l’énorme capital de sympathie dont il jouit toujours.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemercredi, 18 décembre 2019 22:47

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