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Enrôlement des Burkinabè de l’étranger : Les chiffres sont choquants selon le CFOP

Le président du CDP, Eddie Komboïgo, celui du MCR, Carlos Toé, ont animé le jeudi 16 janvier 2020 la toute première conférence de presse du Chef de file de l’Opposition politique au Burkina Faso (CFOP/BF) de l’année. Ils ont essentiellement évoqué à cette occasion l’enrôlement des Burkinabè de l’extérieur dont le CFOP trouve les chiffres suffisamment choquants à ce jour.

 

 

L’enrôlement des Burkinabè de la diaspora sur le fichier électoral, a confié le président du MCR, a commencé dans 22 pays depuis le 4 janvier dernier, et ce, jusqu’au 26 du mois en cours.

La CENI projette entre 1,5 et 2,5 millions, les Burkinabè qui seront enrôlés. Le CFOP a fait un bilan à mi-parcours du processus d’enrôlement dans la diaspora pour, dit-il, corriger les imperfections.

Selon les conférenciers, les énormes difficultés rencontrées sur le terrain sont liées, entre autres, aux documents d’enrôlement, au lieu d’enrôlement.

Il ressort de la conférence que de nombreux compatriotes de l’étranger manquent de carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) ou  de passeport. Ils sont par contre en possession de la carte consulaire.

C’est en prévision de toutes ces difficultés, a rappelé Carlos Toé, que l’Opposition en son temps avait demandé que la carte consulaire biométrique puisse être utilisée pour l’enrôlement et le vote à l’extérieur.

Les dispositions actuelles du Code électoral, a-t-il souligné, stipulent que, pour être inscrit sur le fichier électoral à l’étranger, il faut préalablement être immatriculé à l’ambassade ou au consulat général, et détenir la CNIB ou le passeport. Comme indiqué plus haut, beaucoup de Burkinabè de l’extérieur éprouvent des difficultés à avoir le précieux sésame.

Le CFOP trouve que les chiffres sont suffisamment choquants à ce stade. Il cite la Côte d’Ivoire où, avec 1 million 300 mille Burkinabè immatriculés à l’ambassade et dans les 3 consulats, et sur les 2 millions de potentiels électeurs, à la date du 14 janvier 2020, le nombre d’enrôlés est de 1419 répartis comme suit : Abidjan 1066, Soubré 187 et Bouaké 166.

Les résultats provenant des autres pays, précise M. Toé, ne sont pas non plus reluisants : 423 pour le Bénin, 92 pour le Ghana, 367 pour le Mali, 634 pour le Togo. Le Sénégal totalise 509, le Gabon 92 et la Tunisie 136. La France, les Etats-Unis, le Canada et les autres pays concernés ne seraient pas mieux lotis.

Le Dialogue politique de juillet dernier a décidé d’une révision du Code électoral en vigueur pour qu’à l’extérieur du Burkina, les bureaux de vote soient installés, non seulement dans les ambassades et consulats généraux, mais aussi « en tout autre lieu en accord avec le pays hôte ». Selon le président Toé, c’est la non-mise en œuvre rapide de cette décision qui explique, entre autres, la faible prise  en compte de nos compatriotes dans  l’enrôlement, parce que les opérateurs de kit de la CENI ne se rapprochent pas d’eux. Au Mali, ceux qui veulent s’inscrire sur la liste électorale doivent se rendre à Bamako ou à Ségou. Idem pour le Niger où c’est Niamey et Maradi qui abritent les opérations. Les ambassades et les consulats se trouvent dans des localités où il y a peu de Burkinabè par rapport à d’autres zones.

 

Des recommandations pour redresser la barre

 

Le manque de volonté du gouvernement, selon Carlos Toé, est manifeste. Il ajoute d’autres anomalies dans l’enrôlement des électeurs de la diaspora comme celle relevée en Côte d’Ivoire, où « des individus ont été pris en train de délivrer des CNIB dans une école ». Toujours selon lui, dans certaines localités, « des individus proches du pouvoir distribuent ouvertement de l’argent à ceux qui s’enrôlent ». Dans deux pays, il y avait des difficultés à faire entrer les kits biométriques à cause du lithium dans les batteries des ordinateurs.

Le CFOP prédit un échec cuisant de l’opération. Il conclut que le pouvoir du MPP ne veut pas d’un vote massif de la diaspora, ayant peur d’un vote-sanction pour son impopularité. Il ne veut même pas de vote en 2020, ni à l’intérieur ni à l’extérieur.

L’Opposition est convaincue que si l’enrôlement se fait uniquement dans les endroits indiqués, il va de soi qu’il n’y ait pas d’engouement. Il demande au gouvernement de permettre à l’ONI de proroger les délais de confection des CNIB à l’extérieur, à la CENI de prolonger la période d’enrôlement des Burkinabè de la diaspora, de créer des sites sur d’autres lieux en accord avec le pays hôte. Il recommande en outre au président du Faso de prendre les dispositions idoines pour étendre jusqu’au 31 décembre 2021 la validité des documents expirés, conformément aux conclusions du Dialogue politique. Le CFOP, a conclu le président Toé, invite les Burkinabè de l’étranger à se mobiliser pour s’enrôler afin de « pouvoir sanctionner l’échec du MPP le moment venu ».

Pour Eddie Komboïgo, le gouvernement n’a pas de vision, et cela conduit inexorablement le pays à s’enfoncer progressivement dans les enfers. C’est pourquoi, a-t-il déclaré, le CFOP est prêt à contribuer à redresser la barre. Il n’attend qu’un signal du pouvoir pour interpeller le gouvernement par rapport à ses responsabilités.

 

D. Evariste Ouédraogo

 

Dernière modification ledimanche, 19 janvier 2020 18:34

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