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Lutte contre l’insécurité : Qu’on nous la fasse donc exploser, cette bombe !

 

Que les Burkinabè sont friands de concepts pompeux, très en vogue et qui font manger plus d’un ! Après le genre, le développement inclusif, la synergie d’actions, le renforcement de capacités, la résilience, voici venue la saison de la lutte contre l’insécurité avec son antienne qu’est la cohésion sociale, serinée à tout bout de champ. Les anciens modèles galvaudés, leurs mamelles ayant tari faute de financements qui provenaient presque exclusivement des bailleurs de fonds étrangers, nos élites s’agrippent et têtent goulûment les juteuses nouvelles mamelles. C’est dans l’air du temps. Associations et évènementiels en lien avec la lutte contre le terrorisme et la cohésion sociale poussent comme champignons après l’orage. Et chacun se fait expert en la matière.

 

 

Ainsi, dans nos cinq Etats membres du G5 Sahel, qui crient chaque fois n’avoir pas le sous, pointant un doigt accusateur sur des bailleurs qui auraient promis de financer le serpent de mer, mais qui rechigneraient à délier les cordons de la bourse, pas un jour ne passe sans que des ateliers, séminaires, colloques ou  fora se tiennent dans des salons feutrés de la capitale, loin de l’insécurité et de la misère ambiante des populations touchées par ce fléau. Et bien sûr, c’est au nom de ces pauvres hères que chacun prétend parler.   

 

Après de prétendus travaux marqués de pauses-cafés, de déjeuners et de cocktails dînatoires, on s’aligne pour prendre des perdiems dans la salle attenante, entre deux verres d’un jus concocté par un service traiteur qui se frotte tout aussi bien les mains. Ce n’est pas étonnant que d’aucuns estiment que les fonds déjà versés par les financeurs du G5 Sahel sont utilisés presque en totalité pour des dépenses somptuaires avec achats de billets d’avion, de préférence en classe affaires, hébergement dans des palaces, recrutements d’hôtesses, location de salles, buffets, maîtres de cérémonie et autres commodités pour que le séjour ouagalais, par exemple, soit inoubliable. Le bataclan habituel sous nos tropiques quoi ! On voyage, on mange, on dort et on reçoit espèces sonnantes et trébuchantes, se grattant pour rire et faisant croire qu’on se démène pour le bien-être des  miséreuses populations touchées par l’insécurité.

 

Avec ça, comment voulez-vous que ceux censés nous financer nous prennent au sérieux ? Et comme aucune structure ne doit rester insensible à la situation, les départements ministériels se sentent interpellés et tous s’y mettent, comme cette récente rencontre des ministres de la Culture des pays membres du G5 Sahel dans le rutilant quartier de Ouaga 2000. Loin, très loin d’Arbinda, de Djibo, de Barsalogho, de Koutougou… Retrouvailles en marge desquelles notre ministre a déclaré que la Culture peut être, excusez du peu, une bombe atomique avec laquelle on peut lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme. Cette bombe, qu’il nous la fasse donc exploser pour qu’enfin on ait la paix !

 

 

Issa K. Barry

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