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Réunion d’Alger sur la crise libyenne : Quand la case du voisin brûle…

 

Moscou le 13 janvier, Berlin le 19, Alger le 23 : trois rencontres en 10 jours et toujours pas d’accord de paix entre les belligérants libyens. Rien que des déclarations d’intention qui en disent long sur les antagonismes qui déchirent ce pays depuis 2011. Dès lors, aucune initiative n’est de trop pour faire entendre raison à Fayez el-Sarraj et à Khalifa Haftar. Dans ce ballet diplomatique pour réconcilier les Libyens, la voix des dirigeants africains a toute sa place.

 

 

Au demeurant, la réunion d’Alger confirme deux évidences : primo, la crise libyenne, malgré ses enjeux économiques et géostratégiques aux dimensions internationales, est d’abord un problème africain ; secundo, les dirigeants africains veulent avoir voix au chapitre dans le règlement de cette crise. De fait, les pays voisins de la Libye, et par ricochet le continent africain, sont les plus impactés par le chaos consécutif à la chute du régime de Kadhafi. Il serait alors diplomatiquement incorrect d’ignorer leurs avis dans la recherche de solutions à la crise.

 

La réunion d’Alger s’ajoute ainsi au plaidoyer de Sassou Nguesso, président du comité de haut niveau de l’Union africaine sur la Libye qui avait indiqué à la veille du sommet de Moscou que « la Libye est un pays africain, et les victimes du conflit libyen sont essentiellement en Afrique. Dès lors, toute stratégie de règlement de la crise tendant à marginaliser le continent africain pourrait se révéler complètement inefficace et contre-productive. »

 

C’est à croire que les Africains, à commencer par les pays limitrophes de la Libye, après l’échec du sommet de Moscou, sont dubitatifs quant au succès de celui de Berlin. A juste raison, car en Allemagne, Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar se sont littéralement évités, même s’ils ont accepté, pour sauver les apparences d’une volonté de faire taire les armes, de désigner des délégués dans le comité de surveillance du cessez-le-feu et de suivi des accords. Une maigre consolation pour le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et la chancelière Angela Merkel qui savent bien que, tant que les deux chefs de faction du conflit libyen ne se parleront pas directement, le retour de la paix dans ce pays restera une arlésienne.

 

C’est dans l’espoir de mettre fin à cette absence de dialogue direct entre les deux chefs de guerre libyens que le président algérien avait annoncé son intention de les inviter à une rencontre à Alger, matérialisant ainsi la volonté des pays voisins de la Libye d’apporter leur pierre à la reconstruction d’une paix durable dans ce pays. La rencontre d’hier préfigure-t-elle des négociations directes à venir entre les deux hommes forts de la Libye ? On croise les doigts. N’est-ce pas que quand la case du voisin brûle, il est sage pour l’entourage d’aider à éteindre le feu de peur que les flammes  n’atteignent les leurs ?

 

Voilà pour le bon sens, mais concrètement,  la réunion d’Alger aura-t-elle plus de poids que les précédentes dans le rapprochement des positions des deux chefs de guerre ? Rien n’est moins sûr. Pourtant, la fin des affrontements, le retour à la paix et à la réconciliation sont d’abord et avant tout une affaire des Libyens. Mille et une initiative diplomatiques ne serviront à rien aussi longtemps que Fayez el-Sarraj et Khalifa Haftar éviteront de s’asseoir à la même table de négociations.

 

A bon entendeur…

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 26 janvier 2020 19:34

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