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Lutte contre le terrorisme : Le G5 change son fusil d’épaule… le Mali aussi

Les politiques ont décidé, aux militaires de rendre tout cela opérationnel. Après les  sommets de Niamey et, surtout, de Pau où les Etats membres du G5 Sahel, avec le partenariat de la France et de la communauté internationale, ont décidé de revoir les stratégies de lutte contre le terrorisme, les chefs d’état-major des Armées se sont retrouvés à Ouagadougou ce week-end pour mettre tout cela en musique, pour ne pas dire en fanfare pour emprunter au jargon militaire. Il ressort de ce conseil de guerre d’importance la possibilité pour un bataillon de manœuvrer au-delà de ses frontières et le droit de poursuite, qui est passé de 50 à 100 kilomètres.

 

Il faut espérer pour nos populations qu’en changeant quelque part son fusil d’épaule, la force commune, dont on attend désespérément qu’elle monte en puissance, parviendra en 2020 à faire véritablement reculer le péril terroriste, notamment dans la zone dite des trois-frontières (Mali, Niger Burkina) où sera concentré l’essentiel des effectifs. On espère aussi que la machine sera suffisamment bien huilée, et que les nouvelles dispositions n’entraîneront pas des fâcheries sur le terrain entre Etats (cas de bavure par exemple d’une armée sur le territoire d’un voisin) et que la solidarité, qui doit être la pierre angulaire de ce délicat échafaudage, sera à toute épreuve.

 

Vous avez dit solidarité ? Autant le G5 Sahel semble bander des muscles, autant le Mali semble de son côté vouloir jouer sa propre carte. Il est en effet question ces derniers temps du côté de Bamako de dialoguer avec les organisations terroristes qui ont fait main basse sur une bonne partie du territoire avant d’essaimer dans tout le Sahélistan. Les autorités maliennes n’en font d’ailleurs plus mystère, elles qui ont nommé pour ce faire un haut-représentant en la personne de Dioncounda Traoré, ancien président de la Transition.

 

Dans le principe, puisque les Etats n’ont pas disparu avec le G5 Sahel, on ne peut reprocher à un pays pris séparément d’expérimenter des solutions locales qu’il juge pertinentes pour venir à bout du problème. Depuis toujours, du reste, nombreux sont ces pays qui pactisent avec le diable en coulisses à défaut de pouvoir le vaincre militairement et qui s’asseyent avec lui autour d’une même table. Mais un Etat peut-il dîner avec le diable, fût-ce avec de longues fourches pour ne pas se salir, pendant que les quatre autres combattent « à la régulière » le même diable » sans que cela joue sur les éventuels pourparlers ?

 

Ensuite, avec qui discuter ? Avec Iyad ag Ghali, leader du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), et Amadou Koufa, le gourou du Front national de libération du Macina, a-t-on annoncé. Ils sont peut-être les plus représentatifs de la galaxie djihadiste, mais le hic est qu’ils sont loin d’être les seuls et peut-être pas les plus sanguinaires. De quelle autorité pourraient d’ailleurs se prévaloir les négociateurs de ces deux organisations terroristes d’autant plus qu’on sait qu’il y a une multitude de katibas et de cellules dormantes qui sont autant de succursales plus ou moins autonomes dans la multinationale indépendante ? Enfin, de quoi va-t-on discuter et peut-on ? De la charia et de l’instauration d’un califat dans des pays qui sont par définition laïcs si tant est que l’argument islamique soit le véritable souci de ces hordes qui s’en servent souvent autrement pour des desseins plus inavouables ?

 

Autant d’interrogations qui invitent donc sinon au scepticisme, du moins à la plus grande réserve sur les chances de réussite d’un tel dialogue, à supposer même qu’il se tienne.  

 

La Rédaction

Dernière modification lemardi, 28 janvier 2020 00:51

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