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Liberté inconditionnelle pour Gbagbo et Blé Goudé : La procureure Ben Souda ne veut pas lâcher ses proies

 

Toute la Côte d’Ivoire retient son souffle depuis hier les yeux rivés sur la Cour pénale internationale (CPI). S’y joue ce que l’on pourrait appeler l’acte III du procès pour crimes contre l’humanité dont sont accusés Laurent Gbagbo et son ancien ministre de la Jeunesse, Charles Blé Goudé.

 

 

Hormis la saisine de cette cour en 2011 et le transfèrement des prévenus à la Haye, l’acte I de cette interminable procédure judiciaire aura été le procès devant la Chambre de première instance de cette juridiction internationale qui a abouti à l’acquittement des deux accusés le 15 janvier 2019 ; quant à  l’acte II, on peut l’assimiler à l’appel de la procureure générale de la CPI contre cet acquittement et la remise en liberté totale des deux prévenus. Les juges l’avaient suivie dans sa requête d’une liberté limitée à l’intérieur des villes où ils sont détenus : Bruxelles pour Gbagbo, la Haye pour Blé Goudé.

 

 Mais depuis hier, le dossier est revenu au-devant de l’actualité, les avocats des deux anciens hommes forts de la Côte d’Ivoire ayant demandé leur remise en liberté inconditionnelle en attendant le procès en appel. Alors, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé verront-ils leur semi-liberté élargie en liberté totale afin de pouvoir, selon les arguments de leurs avocats, participer pleinement à la vie publique ivoirienne et s’investir dans le processus de réconciliation nationale, surtout « que s’ouvre une période politique importante pour le pays et pour la réconciliation, celle de la préparation de l’élection présidentielle de 2020 » ?

 

Comme il fallait s’y attendre, cet argumentaire des avocats de la défense a été battu en brèche par ceux de l’Etat de Côte d’Ivoire qui préviennent qu’un élargissement total des deux faucons du Front populaire ivoirien serait « un facteur de grave désordre qui replacerait la Côte d’Ivoire dans la même situation troublée que celle qui avait motivé la saisine de la Cour en 2011 ». Ils font également remarquer que « le comportement de M. Gbagbo est imprévisible, et la gravité des charges, le risque d’une condamnation en appel, l’existence d’un réseau de partisans et les moyens dont il disposerait pourraient l’inciter à fuir ».

 

Visiblement les avocats de l’Etat ivoirien sont allés à l’école  de la procureure, Fatou Ben Souda. Ils puisent abondamment dans l’argumentaire qu’elle avait fait valoir pour convaincre les juges de maintenir les deux accusés en semi-détention. Les juges se laisseront-ils convaincre que Laurent Gbagbo et son filleul Charles Blé Goudé sont des va-t-en guerre et des fauteurs de troubles, loin de se convertir en enfants de chœur ? En tout cas, pour qui connaît les enjeux des prochaines échéances électorales sur la lagune Ebrié et les passions qui vont avec, la moindre étincelle pourrait rallumer le brasier qui a fait  environ 3000 victimes en 2010-2011.

 

Fatou Ben Souda pour sa part n’est pas prête à lâcher ses proies ou plutôt ces deux gros poissons pris dans les filets de la CPI. Simple déduction logique de ses affirmations selon lesquelles justice n’a pas été rendue avec l’acquittement des prévenus en première instance, car le procès a été entaché de vices de forme. Elle plaide alors pour que les juges prononcent un non-lieu. Cela garderait le dossier ouvert, susceptible de recevoir de nouvelles preuves pouvant donner lieu, selon elle, à un nouveau procès devant une nouvelle juridiction. Les juges la suivront-ils de nouveau? Si oui, la liberté pour ces pachydermes de la scène politique ivoirienne n’est pas pour bientôt.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 09 février 2020 16:45

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