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Etudiants burkinabè en Inde : Retour prématuré au pays natal

De la Godavari Institute of Engeneering and Technology (GIET) en Inde où ils étaient depuis 2018 pour leurs études universitaires, leur situation suscitait la polémique dans leur pays natal, et ce depuis quelques semaines, voire des mois. En cause, leurs conditions de vie et d’études. Suite à des manifestations sur leur campus, à travers lesquelles ils exigeaient leur réaffectation dans une autre université indienne, leur pays hôte a décidé leur rapatriement. Ainsi, depuis l’après-midi du 23 février 2019, les 16 boursiers burkinabè de la GIET dont il est question ont effectué leur retour au bercail. Un retour prématuré puisqu’ils n’avaient pas moins de trois ans de cursus à faire.

 

 

En partant pour le pays de Gandhi en 2018 pour des études en électricité, en mécanique ou en électromécanique, aucun des seize désormais ex-étudiants de la GIET n’avait certainement imaginé un scénario où il était question de revenir au bercail sans un parchemin de fin d’études. Et pourtant ! En tout cas,  c’est le sort réservé au contigent qui a foulé le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou, rentré par un vol de la compagnie Ethiopian Airlines.

 

Il est environ 17h lorsque les premiers du groupe des seize font leur entrée dans le parking, où  parents et amis faisaient le pied de grue depuis plusieurs heures pour les accueillir. Le visage grave, certains s’efforcent néanmoins de sourire pour répondre aux salutations de bienvenue. Comme s’ils s’étaient passé le mot, pas de réponse à une question d’un quelconque scribouillard. Chacun s’affaire à quitter les lieux. Et quand quelques-uns sont tentés de livrer quelques mots aux journalistes, ils sont dissuadés par leurs camarades, s’ils ne sont pas simplement tirés du bras par un parent. « C’est le fait de parler qui nous a conduits dans cette situation. On a tellement eu de problèmes qu’on ne va pas en rajouter », nous lance l’un des infortunés quand nous l’apostrophons.

 

Faut-il le rappeler, c’est la dénonciation par ces étudiants de leurs conditions de vie et d’études, chose qui a d’ailleurs entretenu la polémique quelques semaines, voire des mois plus tôt au Burkina, qui a été le prologue de cette situation. Les apprenants ont notamment pointé du doigt leurs conditions de logement. Des vidéos qui ont en effet fait le tour des réseaux sociaux ont présenté leur cadre d’habitation, délabré et envahi par des reptiles. Outre cela, les mécontents dénonçaient le fait qu’au lieu de l’anglais qui devait servir à l’administration des cours, ceux-ci se déroulaient en telugu, un dialecte local. Ce qu’ils demandaient en lieu et place d’un rapatriement, c’était une affectation dans une autre université offrant à plus de commodités.

 

Pour tout dire, les ex-pensionnaires de la GIET se voyaient comme des oubliés de leur ministère de tutelle, dont le premier responsable a, par voie de presse, balayé ce grief du revers de la main. La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase, selon le ministre Alkassoum Maïga, qui nous a accordé une interview sur le sujet, a été une manifestation au cours de laquelle les étudiants ont exprimé leur mécontentement en brandissant le drapeau de leur pays. Et cela, alors  que des démarches étaient en cours pour l’envoi d’une mission de constat dont le rapport devait permettre de décider de la conduite à tenir et, surtout, d’éviter un ternissement du dossier des apprenants que causerait un rapatriement. C’est suite à ladite manifestation que le pays hôte a décidé le rapatriement, nous avait indiqué le chef du département de l’Enseignement supérieur.

 

 

Nombre de parents de ces 16 étudiants, réunis en collectif depuis un bout de temps et qui ont tenu plusieurs rencontres avec le ministère de tutelle, voient en ce retour prématuré de leurs rejetons un espoir brisé, eux qui considèrent d’ailleurs les agissements de ces derniers comme de « l’immaturité ».

 

Veuve, un parent d’un des infortunés présage « un grand calvaire » qu’elle devra vivre, après s’être dépouillée de ses économies pour les études de son fils et souffrante depuis près d’un an. Et de plaider pour que le gouvernement s’y mette afin que ces étudiants déclarés persona non grata dans le sous-continent  indien puissent poursuivre leurs études au bercail dans des conditions optimales.

 

Ces étudiants rapatriés ont-ils pu passer leur concours d’anglais qui était prévu la veille de leur départ ? Souhaitent-ils retourner à l’étranger pour reprendre leurs études ? Quelle suite envisagent-ils de donner à ce dossier ? Autant de questions qui trouveront peut-être réponse dans les jours à venir, une conférence de presse conjointe organisée par les étudiants et leurs parents étant annoncée pour cette semaine. D’ores et déjà, ce retour au bercail  a suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux.

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