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Crise libyenne : Le miracle d’Oyo aura-t-il lieu ?

 

Le groupe de contact de l’Union africaine sur la Libye est en concertation à Oyo, au Congo Brazzaville, depuis hier. Outre  Denis Sassou Nguesso, président du pays hôte, par ailleurs président du groupe de contact, on  note la présence à cette rencontre de Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud, président en exercice de l’UA,  du Tchadien Idriss Deby et des représentants des présidents algérien et égyptien…

 

 

 

Ce sommet de haut niveau fait suite à d’autres rencontres qui ont  eu lieu en  fin 2019 et en janvier 2020, notamment la conférence de Berlin,  pour poser les jalons de la réconciliation en Libye. Il intervient aussi 10 jours après la démission de l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, et dans l’attente de la nomination de son successeur, probablement l’Algérien Ramtane Lamara.

 

Mais qu’est-ce que ce groupe de contact fera que les Nations unies, l’Union européenne, la Ligue arabe ou les pays voisins de la Libye n’aient déjà fait ? En vérité,  les réunions sur la Libye se suivent et se ressemblent, c’est-à-dire que les chefs d’Etat, les diplomates et autres négociateurs impliqués dans le dossier y perdent du temps en conjectures pendant que les frères ennemis libyens continuent de se regarder en chiens de faïence. C’est pourquoi on croise les doigts pour attendre un miracle à Oyo. Espérons que cette réunion ne soit pas une rencontre de plus sur la Libye et que son objectif,  préparer le forum de réconciliation inter-libyen, soit pleinement atteint.  

 

En attendant, c’est le président Denis Sassou Nguesso qui boit du petit lait de voir non seulement l’Union africaine en première ligne dans la recherche d’une solution à la crise libyenne mais aussi sa ville natale et fief politique devenir, en l’espace de 48 heures, la capitale de la diplomatie continentale. On se rappelle qu’à la mi-janvier il s’était fendu d’une déclaration indiquant que toute stratégie de règlement de la crise libyenne tendant à marginaliser l’Afrique pourrait se révéler complètement inefficace, voire contre-productive. C’est à croire que la communauté internationale l’a entendu. L’Union africaine, avec cette rencontre d’Oyo, est en première ligne dans la recherche de la paix et de la réconciliation nationale en Libye. Encore faut-il que l’organisation continentale sorte des sentiers battus qui ont jusque-là réduit cette problématique à un cessez-le-feu entre les principaux belligérants : Fayez el- Sarraj et Khalifa Haftar. L’idée d’un forum inclusif de réconciliation nationale qui réunirait dans un pays africain, outre ces deux chefs de guerre, des héritiers de Mouammar Kadhafi et des acteurs majeurs de la société civile libyenne n’est pas mauvaise. Personne ne viendra faire la paix dans leur pays sans la participation pleine et entière des Libyens eux-mêmes. Ce serait donc un premier pas important vers la paix si les principaux protagonistes libyens acceptent enfin de s’asseoir autour d’une table et  de se parler franchement et directement. Ce que les envoyés spéciaux de l’ONU et les messieurs bons offices des capitales occidentales et du Proche-Orient n’ont pu faire, l’Union africaine le réussira-t-elle ?

 

C’est ce miracle qui est attendu de la rencontre d’Oyo : que toutes les parties libyennes acceptent de se parler autour d’une table. Pour y parvenir, les alliés de Fayez el-Sarraj et de Khalifa Haftar, notamment la Turquie et la Russie, leurs bras financiers et leurs fournisseurs d’armes, doivent les pousser à mettre de l’eau dans leur vin de va-t-en guerre. Car tout le monde, à commencer par les pays voisins et toute l’Afrique, perd dans l’instabilité chronique de la Libye.

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 15 mars 2020 21:38

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