Menu

Suspension du transport interurbain : Les cars à l’arrêt, des passagers en détresse

Dans le but de contenir la propagation du coronavirus au Burkina, le ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière a décidé de l’arrêt de l’activité  du transport sur toute l’étendue du territoire à partir d’hier lundi 23 mars 2020. Cette mesure, dès le premier jour de son application, causait des désagréments non seulement à des passagers qui se retrouvaient dans le désespoir, mais aussi aux compagnies de transports qui font la grise mine au niveau de leur trésorerie. Constat à STAF-Gounghin et à la gare de l’Est.

 

Il est 10h 15mn  lorsque nous arrivons à la gare STAF de Gounghin dans la zone industrielle de Ouagadougou. Jadis bondée, la cour ne grouille pas de monde. Les seules opérations qui s’y déroulent se font au niveau du service Courriers, Les clients vont, viennent et entrent en possession de leurs colis. Les guichets, eux, sont étrangement déserts. Le chef de gare ne vociférera pas dans le haut-parleur pour inviter les passagers à s’approcher des cars pour embarquement. La raison, c’est la décision prise par le ministre des Transports, de la mobilité urbaine et de la Sécurité routière de suspendre jusqu’à nouvel ordre les transports urbain et interurbain de passagers. En français facile, il s’agit de l’arrêt des voyages avec les transports en commun mais aussi des déplacements en ville avec les bus.

Cette mesure est une riposte à la propagation de la pandémie du coronavirus car à la date du 23 mars, le pays comptait 99 cas d’infection et les villes de Ouaga, Bobo, Boromo, Dédougou, Houndé et Banfora sont touchées. Il faut donc prendre des dispositions pour rompre la chaÏne de contamination communautaire. Et si la décision du ministre Vincent Dabilgou sonne comme une mesure salvatrice pour certains Burkinabè, elle est aussi désagréable pour d’autres. Le chef comptable de la compagnie STAF, Ousmane  Tiemtoré, a confié qu’un seul car a pu prendre la route en direction de Bobo à 5h du matin. «On a pu évacuer les passagers qui  attendaient  depuis la veille, mais après ce départ il n’y en a pas eu d’autre. On a été donc obligé de rembourser ceux qui avaient pris des tickets la veille». Si cela a pu se gérer, M. Tiemtoré nous a évoqué un souci : «Nous travaillons en partenariat avec de nombreuses structures ; par exemple  au niveau des officines pharmaceutiques, nous convoyons les médicaments au niveau des localités. De plus, on achemine même les états de salaires de certaines entreprises», a-t-il affirmé. Du coup, les dommages collatéraux seront immenses. Au niveau de sa compagnie de transport, il souligne qu’il n’y aura pas de difficulté à payer les salaires du mois des employés, mais si les choses perdurent, dit-il, « la société ne pourra pas honorer  ses engagements».

Du côté des passagers, certains ne savent pas à quel saint se vouer. C’est le cas de Mama Ousmane Mohamed que nous avons rencontré à la gare de l’Est. En provenance du Sénégal pour regagner le Niger, son parcours a du plomb dans l’aile. En effet, de retour du «grand Magal», le pèlerinage des mourides de Touba, il est bloqué dès son arrivée à Ouagadougou. «On est arrivé ce matin à la gare, et on nous dit qu’on ne peut pas bouger à cause de la pandémie du coronavirus et de la fermeture des frontières. Nous sommes 54 personnes. On ne sait plus que faire car on n’a rien pour subvenir à nos besoins alimentaires, encore moins où passer la nuit», nous a confié le jeune nigérien. Pour supporter la situation, ils s’en remettent au bon Dieu.

Tout comme Ousmane, Zakaria Moyenga est dans la même impasse. Venu de Dori le 21 mars, à Ouagadougou en partance à Boromo pour mener son activité d’orpaillage, le voilà «confiné» dans la capitale. C’est vrai qu’il a vu son ticket de voyage remboursé, mais cela ne résout pas son problème. «Tout mon souhait est que la situation se normalise et que le Faso retrouve la santé», implore-t-il le Seigneur. Même ceux qui gravitent autour des gares font grise-mine. C’est le cas dU conducteur de tricycle Lassané Ouédraogo : «Ça ne va pas du tout. Vous voyez, nous sommes là à tourner seulement. Il n’y a pas de marchandises à transporter. Nous, on vit au jour le jour. Si ça perdure, on est foutu», affirme-t-il tristement.

Tous admettent la pertinence de la décision gouvernementale, mais ses conséquences vont sans doute faire des dégâts au sein de la société. Mais si cela constitue une solution pour barrer la route, au Covid-19, ils s’y conforment sans broncher.

 

Kader Traoré

&

 Roukiétou Soma (Stagiaire)

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut