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Lutte contre le coronavirus : Roch sort l’artillerie socio-économique

 

L’hirondelle ne fait pas le printemps, mais la tenue d’un Conseil des ministres présentiel hier est peut-être un signe d’un léger mieux. Au Burkina, la pandémie du coronavirus qui secoue la planète entière depuis trois bons mois avait en effet frappé le saint des saints, puisque pas moins de six ministres avaient été testés positifs. Tant et si bien qu’on avait droit à des e-Conseils des ministres pour ne pas au moins donner l’impression qu’il n’y avait plus personne à la barre du navire battant pavillon burkinabè.

 

 

Depuis, certains ministres, à l’image du chef de la Diplomatie, Alpha Barry, ou du ministre de l’Education nationale, Pr Stanislas Ouaro, ont annoncé leur rémission, même s’il en faut bien plus pour vaincre cette maladie qui, à la date du 1er avril, faisait état de 288 cas. Si l’on se rappelle que les deux premiers testés positifs avaient été recensés le 9 mars derniers, il convient de reconnaître qu’il s’agit d’une progression exponentielle qui montre que la guerre est loin d’être gagnée. Et on la gagnera tous ensemble ou on échouera tous collectivement. Aux citoyens pris donc individuellement de respecter les consignes de distanciation sociale et les mesures prises par les autorités politico-administratives.

 

Mais il revient surtout au gouvernement de prendre les dispositions idoines pour non seulement limiter la propagation de la maladie, mais aussi amortir le choc social et le désastre économique qu’elle entraîne chez des millions de Burkinabè. D’où la révision du plan de riposte décidé hier et qui passe, entre autres mesures, par le renforcement du dispositif de prise en charge, la disponibilisation des kits de tests et des réactifs, la multiplication des centres de dépistage et la sécurisation du personnel de santé.

 

Il est vrai que ces derniers jours, des désertions de personnel soignant étaient signalées du côté de l’hôpital Souro-Sanon de Bobo, où médecins, infirmiers, sages-femmes ou brancardiers ne se sentaient plus en sécurité. Ce sont pourtant eux qui sont les combattants en première ligne dans cette guerre sans merci par le virus à couronne. Comment peuvent-ils donc sauver d’autres vies si eux-mêmes ne sont pas à l’abri de toute infection ? Et l’on comprend pourquoi dans certains pays comme la France, chaque jour à 20 heures, depuis leurs balcons, les habitants rendent hommage à cette armée en blouse blanche qui, à l’image des soldats sur le champ de bataille, paie un lourd tribut à la lutte contre le Covid-19.

 

Autre décision dans la batterie de mesures tombées hier, la remise des peines de 1207 prisonniers pour désengorger nos maisons d’arrêt dont la surpopulation est déjà problématique en temps normal, à plus forte raison en période d’épidémie comme c’est le cas présentement.

 

S’il est aussi un point sur lequel on attendait particulièrement nos autorités, c’est le soutien aux entreprises et aux ménages durement éprouvés par les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 : fermeture des marchés et yaars, des maquis et restaurants, des transports en commun, etc. Des décisions certes salutaires, mais qui ont un impact direct sur la vie de nos compatriotes, beaucoup de gens vivant quasiment au jour le jour. Plus d’activités, plus de recettes, au point même que la plupart de ceux qui exercent dans le secteur informel, risquent de mourir de faim avant que le coronavirus n’ait eu raison d’eux.

 

On attendait donc le locataire de Kosyam sur cette question vitale sur les individus et les sociétés. De plus en plus, les Burkinabè se demandaient d’ailleurs pourquoi leurs dirigeants n’annonçaient rien dans ce sens, alors que des pays comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Niger ont déjà indiqué comment ils comptaient s’y prendre.

 

C’est chose faite depuis hier soir. En effet, dans une adresse solennelle à la nation, la deuxième en l’espace d’une dizaine de jours (sa toute première sortie avait eu lieu le 20 mars), le chef de l’Etat burkinabè a égrené un chapelet de mesures sociales, économiques et financières pour accompagner ses compatriotes et les entreprises durement éprouvées par cette catastrophe ( voir détails page 4 ).

 

Difficile de dire pour l’instant si cette thérapie sera suffisante pour limiter les dégâts et permettre aux personnes physiques  et morales de survivre tant bien que mal, mais dans le contexte socio-économique où nous sommes, c’est sans doute des engagements qu’il faut prendre à leur juste valeur, en priant Dieu et les mânes de nos ancêtres que cette crise multidimensionnelle ne perdure pas.

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification ledimanche, 05 avril 2020 16:48

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