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De l’urgence sécuritaire à l’urgence sanitaire : Le Burkina tangue tel un navire dans la tempête

 

En raison des attaques terroristes récurrentes depuis plus de 4 ans à la prégnante pandémie du Covid-19, de la fronde sociale tous azimuts, l’atmosphère sociale ainsi que le climat des affaires ne sont pas au beau fixe au Burkina. Avec 2000 victimes environ et près d’un million de déplacés internes, l’urgence sécuritaire a engendré une urgence humanitaire. L’une et l’autre mettaient déjà à rude épreuve les programmes et projets d’investissements économiques avant que le Covid-19 n’ajoute sa part de vent dans cette tempête qui fait tanguer le navire Burkina.

 

 

C’est connu, en moins de 02 mois, le méchant virus a infecté 542 personnes dont 32 décès, faisant du Burkina le pays le plus touché du G5 Sahel. De quoi donner et le tournis et des insomnies à nos gouvernants qui balbutient leur riposte à l’une et l’autre de ces urgences. Le Covid-19 tue, les terroristes aussi. Pas plus tard que le 9 avril dernier, c’est à Sollé, dans la région du Centre-Nord, que 5 militaires étaient abattus. Le lendemain, c’est le village de Kodjena dans la région de l’Est qui était la proie de ces hommes sans foi ni loi qui ont arraché aux populations vivres, carburant et motos. Le 11 avril, c’est dans la région du Sahel, à quelques encablures de la ville de Djibo, que les Forces de défense et de sécurité étaient victimes d’une embuscade. Si 06 des assaillants ont été tués, un soldat a encore perdu la vie. Dans la nuit du 14 avril, on enregistrait, de nouveau dans la région de l’Est, l’assassinat ciblé d’un conseiller municipal du village de Sakoani. Hélas, il faut craindre que les jours à venir l’on continue d’égrener ce long chapelet des victimes du terrorisme au Burkina avec son corollaire de sentiments de tristesse, d’inquiétude mêlée à de l’exaspération chez les populations qui ne savent plus sur quel ressort de la résilience rebondir.

 

Ceux qui avaient espéré un cessez-le-feu unilatéral de la part de ces pseudo-djihadistes ou tout au moins un reflux de leurs attaques à cause de la pandémie du Covid-19 doivent se raviser. Les pays du G5 Sahel, donc le Burkina avec, doivent désormais faire face et à l’urgence sécuritaire et à l’urgence sanitaire née de cette peste du 21e siècle. Pire, dans les camps des déplacés internes au Burkina, notamment ceux de la périphérie de la ville de Kaya, outre l’urgence sécuritaire et l’urgence sanitaire, il faut signaler une urgence humanitaire : en effet, ce sont environ 250 000 réfugiés qui y vivent dans la précarité alimentaire, sous des abris de fortune, dans des conditions d’hygiène qui laissent à désirer, faisant craindre  la survenue d’une épidémie de choléra ou de  méningite. Il faut désormais y ajouter la pandémie du Covid-19. Alors, on frisonne rien qu’à penser  à la vitesse de propagation de ce mal dans ces camps de réfugiés où la promiscuité le dispute à l’absence d’hygiène.

 

A l’image de ces déplacés internes, c’est tout le Burkina qui retient son souffle devant les périls sécuritaire, sanitaire et humanitaire qui l’assaillent en véritable tempête déstabilisatrice de ses projets de développement. L’économie nationale, déjà fragilisée par sa faible productivité et son caractère extraverti, tiendra-t-elle sous le choc de cette double guerre ? Si la baisse de la croissance va de 6 à 2% du PIB, comme annoncé par le chef de l’Etat dans son dernier discours à la nation, on pourra se consoler d’avoir limité les dégâts d’une récession lancinante depuis 5 ans.

 

 

Zéphirin Kpoda

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