Menu

Arrêt Cour africaine des droits de l’homme: Maigre consolation pour Guillaume Soro

C’est une petite victoire politique et judiciaire que vient de remporter Guillaume Soro. Hier, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a ordonné la suspension du mandat d’arrêt émis par la justice ivoirienne contre l’ancien président de l’Assemblée nationale, ainsi que la libération des députés proches de lui, qui seraient détenus arbitrairement.

Pour mémoire, ledit mandat avait été émis le 23 décembre 2019 par le procureur de la république, Richard Adou, pour tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national. GKS est également visé par une information judiciaire pour détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliard de francs CFA. Des charges lourdes que l’intéressé et ses partisans, mais aussi de nombreux observateurs de la scène politique ivoirienne, ont tout de suite perçu comme un règlement de compte politique. Il faut dire que ce mandat d’arrêt intervenait après que l’ancien chef rebelle en rupture de ban avec son ex-mentor, Alassane Ouattara, eut déclaré sa candidature à la prochaine présidentielle ivoirienne contre l’avis du locataire du palais de Cocody qui a, du reste, fini par imposer son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.

Après de longs mois d’absence, GKS avait d’ailleurs tenté le 23 décembre 2019 de rentrer au bercail mais son jet privé avait été empêché d’atterrir à Abidjan. Depuis, il erre comme une âme en peine pendant que ses fidèles, notamment les députés de son parti, sont eux aussi traqués.

Ses avocats avaient fini par saisir des juridictions internationales comme le Groupe de travail sur la détention arbitraire de Genève, le Comité des droits de l’homme de l’Union interparlementaire et la CADHP, qui vient d’estimer que toutes les procédures engagées n’étaient pas conformes au droit. Une décision rendue en l’absence de son président, l’Ivoirien Sylvain Oré qui, en vertu des textes de l’institution basée à Arusha, ne pouvait siéger dans la mesure où son pays était concerné par ce dossier.

Voilà donc de quoi regonfler le moral du fugitif, même si l’on a bien peur que ce ne soit qu’une maigre consolation, un simple coup d’épée dans la lagune Ebrié d’autant plus que son sort aussi bien politique que judiciaire, qui a été visiblement scellé à Abidjan, ne change pas vraiment. On ne le sait que trop, les Etats africains ne se sentent pas liés par les décisions de ces instances, qu’il s’agisse de la CADHP ou de la Cour de justice de la CEDEAO, puisqu’elles n’ont pas de force contraignante. Les Etats ne se sentent donc pas tenus de s’exécuter comme on a pu le constater au Burkina et au Sénégal dans les affaires Norbert Zongo et Karim Wade.

Il faudra donc bien plus qu’un arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour sauver le rebelle Soro.

H. Marie Ouédraogo

Dernière modification lejeudi, 23 avril 2020 20:06

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut