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Amadou Gon Coulibaly évacué en France : Un « contrôle sanitaire », plusieurs interrogations

131 mille contaminations pour près de 25 mille décès : c’est connu, la France est l’un des pays européens le plus affecté par la pandémie de Covid-19. Les hôpitaux y sont saturés et le personnel soignant sollicité comme jamais auparavant.

 

 

On se demande alors  ce que le Premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, est allé faire dans cette galère d’urgence sanitaire parmi les urgences sanitaires. Un « contrôle » selon les termes du communiqué lapidaire de la présidence ivoirienne. Alors question : qu’est-ce qui urge dans l’état de santé d’Amadou Gon Coulibaly pour qu’il aille donner du travail supplémentaire à des médecins français déjà submergés par les malades de Covid-19 ? Le communiqué de la présidence ivoirienne a beau affirmer qu’il va bien et qu’il sera de retour dans une semaine, il convainc difficilement qu’il s’agit d’un contrôle sanitaire de routine qui aurait dû intervenir deux semaines plus tôt. Affréter un avion particulier, ignorer la fermeture des frontières, courir le risque de s’exposer au Covid-19 pour aller solliciter des médecins et des hôpitaux débordés dans ce contexte de pandémie, cela ne peut que laisser perplexe. L’urgence pour Amadou Gon Coulibaly de voir rapidement ses médecins traitants n’a-t-elle pas pris le pas sur la routine d’un contrôle sanitaire qui se fait depuis 8 ans ?

 

Et puis, s’il va en France pour des examens médicaux, n’est-ce pas la preuve que le plateau technique du système sanitaire ivoirien n’est pas qualifié, soit en ressources humaines, soit en équipement pour prendre le relais dans les soins qu’il doit suivre après son opération du cœur d’il y a 8 ans ?

 

Des questions qui remettent sur le tapis l’inefficacité, voire l’absence de politique de développement qui retarde encore et encore bien de pays africains, dont la Côte d’Ivoire, 60 ans après les indépendances.

 

Qu’elles eussent été moindre, en nombre de malades et en coût financier, ces évacuations sanitaires de nos pays vers l’Europe et ailleurs, si nos gouvernants avaient été plus visionnaires pour investir dans la formation du personnel soignant, la construction d’hôpitaux de référence et leur équipement conséquent ! De fait, l’absence de politiques audacieuses en faveur du système sanitaire dans nos pays explique la faiblesse de leurs plateaux techniques et ce reflexe aliénant des élites à recourir à l’expertise étrangère pour le moindre bobo, tandis que la grande majorité de nos populations manque de tout pour se soigner.

 

En obligeant au confinement la moitié de l’humanité, clouant les avions au sol, on avait naïvement pensé que le Covid-19 a instauré une égalité, même circonstancielle, entre les élites africaines et les masses populaires en matière d’accès aux soins de santé. Erreur ! Cette sortie, pour ne pas dire cette évacuation illico presto d’Amadou Gon Coulibaly vers la France, malgré la restriction des voyages, nous ramène à cette triste réalité : les princes qui nous gouvernent auront toujours la possibilité d’échapper au dénuement qu’ils ont créé et entretiennent dans les  hôpitaux publics afin de se faire soigner aux frais de la princesse dans les cliniques huppées du Nord.

 

Si les conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19 pouvait booster leur sens du devoir, celui de moins dilapider les deniers publics pour mieux investir dans le développement, notamment de secteurs sociaux comme la santé et l’éducation, on se risquerait à dire qu’à quelque chose malheur est bon.

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification lelundi, 04 mai 2020 22:14

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