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Intronisation de deux rois au Gulmu : Si la chienlit dynastique s’installe…

 

« Ils m’appartiennent » # « Nous n’avons pas peur ».

 

Ce n’est pas là l’affiche d’un film Western ou d’un combat épique entre deux catcheurs, mais la situation qui prévaut ces derniers temps  à Fada N’Gourma, capitale de la région de l’Est, depuis l’intronisation de deux rois pour un même trône : en effet, le vendredi 15 mai dernier, celui qui était censé être le 32e roi du Gulmu, Thiombiano Mindiediba à l’état civil, était intronisé et prenait le nom de règne d’Untaanba (« Dieu les a réunis » ou « ceux que Dieu a unis ») ; 3 jours après, soit le lundi 18 mai, un autre prétendant se faisait sacrer, et Thiombiano Mohamed Tigué (« nous n’avons pas peur ») devenait ainsi Hampanli, c’est-à-dire « le bienfait n’est jamais perdu ».

 

Il ne nous revient pas de dire qui a plus de sang bleu que l’autre et qui donc répond le mieux au profil de l’emploi, mais avouons que ça fait un peu désordre même si ce n’est pas propre au royaume de Diaba Lompo. De tout temps et sous toutes les latitudes, le pouvoir, traditionnel ou moderne, a toujours été source de querelles parfois sanglantes qui obligeaient même jadis les perdants à s’exiler, comme c’est le cas dans l’empire Mossi. Chez nous au Faso donc, les querelles de chefferie sont légion, mais c’est une des rares fois que l’on voit pareille guerre au sommet. Si les éléphants se battent, que peuvent penser et faire d’éventuels prétendants aux bonnets moins étincelants qui doivent recevoir les conseils et  l’onction de leurs grands électeurs que sont les majestés des royaumes, à l’image de celui du Gulmu ?

 

Dans cette délicate affaire, certains ont vite fait de voir la main diabolique des politiques qui font et défont les destinées au gré de leurs intérêts du moment, quitte à fouler aux pieds nos us et coutumes. Mais il appartient avant tout aux dépositaires de la tradition de faire preuve de beaucoup de sagesse pour désamorcer au plus vite, et avec le doigté qui sied, cette bombe à retardement. Dans le cas contraire, c’est la paix et la cohésion sociale qui risqueraient de prendre un sacré coup.

 

Encore heureux qu’il n’y ait pas eu d’affrontements durant ces différentes intronisations ; et on imagine par ailleurs que l’autorité reste en mode veille et que toutes les dispositions sont d’ores et déjà prises pour empêcher toute volonté de manifestation de la violence. La situation dans cette partie orientale de notre pays est d’autant plus préoccupante qu’il s’agit d’une zone déjà très fragilisée, elle qui est en proie à l’insécurité depuis près de quatre ans, avec des terroristes qui se sont même sanctuarisés par endroits. Si donc au péril sécuritaire devait s’ajouter une chienlit coutumière, le terreau serait encore plus fertile pour les forces du Mal qui ne sont jamais aussi à l’aise qu’en territoire désuni.

 

 

Issa K. Barry

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