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Élimination Abdelmalek Droukdel : Et si la peur et les insomnies changeaient de camp !

 

Vendredi dernier, plus d’un observateur de l’actualité malienne avait les yeux rivés sur la grande manifestation de contestation du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK) qui avait lieu à Bamako. Combien étaient-ils, les Maliens descendus dans la rue à cette occasion ? 50 mille, 100 mille, ou plus, ces croquants qui réclamaient la démission d’IBK ?

 

 

Coïncidence ou événement dans l’événement, c’est ce jour où la capitale malienne était transformée en chaudron social que la ministre des Armées françaises, Florence Parly, annonçait dans un tweet la neutralisation d’Abdelmalek Droukdel, le numéro un d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi). Pour une grande nouvelle, c’en est une. C’est connu, la question sécuritaire est la principale préoccupation des pays du G5 Sahel, et le tristement célèbre Abdelmalek Droukdel était, avec Mokhtar Belmokhtar, Abou Walid Sahraoui et Amadou Koufa, une des têtes pensantes de l’hydre terroriste qui y donnent depuis 2012 des insomnies aux populations aux décideurs et à leurs partenaires, dont la France.

 

Paris, avec l’appui de Washington en renseignement, a donc frappé un grand coup, en plein dans le mille de la fourmilière d’Aqmi. Cette frappe chirurgicale du mercredi 3 juin 2020 est la bienvenue et pour le moral des troupes de la force Barkhane et pour celle conjointe du G5 Sahel, de la Mission des Nations unies au Mali (MINUSMA), voire des populations tout entières du Sahélistan. En effet, elle a éliminé en même temps 3 dirigeants d’un mouvement va-t-en-guerre au Sahel. Cela va, un tant soit peu, atténuer les critiques qui disent que la France n’a pas la volonté de combattre les groupes pseudo-djihadistes au Sahel mais qu’elle s’en sert plutôt comme d’un cheval de Troie de positionnement géostratégique et d’exploitation économique dans un de ses prés carrés. A elle de s’engouffrer dans la brèche ainsi faite dans la Francophobie pour transformer l’essai de la neutralisation d’Abdelmalek Droukdel en tournant décisif pour la victoire finale dans cette guerre qui n’en finit pas de déstabiliser les pays du Sahel depuis plus de 8 longues années.

 

De fait, l’élimination du numéro 1 d’Aqmi, confirmée samedi dernier par un de ses lieutenants, est  certes un coup dur contre les forces du Mal au Sahel, mais, à n’en point douter, il est loin d’être le coup fatal, car on n’a pas besoin d’une boule de cristal ni d’être un expert en lutte contre le terrorisme pour prédire que les Mokhtar Belmokhtar du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Abou Walid Sahraoui de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS) ou Amadou Koufa du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) rêvent déjà de venger la mort de leur martyr Droukdel. Pour sûr, ils fourbissent déjà leurs armes, et la question est de savoir où et quand ils feront feu contre l’ennemi, c’est-à-dire les intérêts français, ceux des pays du G5 Sahel et ceux de leurs alliés.

 

La guerre contre le terrorisme au Sahélistan est donc loin d’être finie. Abdelmalek Droukdel, qui a écumé les maquis d’Afghanistan sous la tutelle d’Osama Ben Laden avant de s’endurcir dans les rangs du Groupe islamiste armé (GIA), ne manquera pas de successeur pour poursuivre cette guerre asymétrique, particulièrement éprouvante pour les pays attaqués. Au demeurant, les avatars de la lutte contre le terrorisme montrent que certains lieutenants qui prennent la relève de leurs chefs éliminés au combat se montrent parfois plus audacieux et plus féroces dans l’agressivité. Voilà la force Barkhane, celle conjointe du G5 Sahel et leurs armées nationales prévenues ! Il ne faut pas baisser la garde. La conjugaison des efforts de collaboration et de coordination opérationnelle doit se poursuivre en s’intensifiant.

 

par exemple, il est important de savoir ce qui a pu pousser Abdelmalek Droukdel à quitter sa cachette algérienne pour venir traîner sa bosse au nord du Mali à la portée des canons de la force Barkhane ? Si, comme le suggèrent certains analystes, il était venu dans cette zone de Talhandak, à 80 km à l’est de Tessalit, réputée être un carrefour de trafic de migrants subsahariens, pour des besoins de recrutement de combattants et surtout de galvanisation de ceux sur le terrain, c’est qu’Aqmi veut intensifier ses opérations militaires au Sahel. L’organisation, engagée dans une guéguerre de leadership avec l’EIGS, en a bien besoin pour pallier sa perte de vitesse sur le terrain de l’engagement militaire. Ce tour de propriétaire à la katiba de Tessalit a été celui de trop pour  Abdelmalek Droukdel, et son élimination spectaculaire peut passer pour un signal fort que les alliés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel donnent à tous les chefs djihadistes de la région. Le dispositif de la traque va, tôt ou tard, se resserrer autour d’eux. Ils peuvent être frappés partout au Sahel et n’y évoluent pas comme poisson dans l’eau mais plutôt comme chacals sans terriers ni fixes ni sûrs. Dès lors, on peut penser que la peur pourrait  changer de camp. On croise les doigts pour cela, avec l’espoir que cette montée en puissance de la force Barkhane fasse tache d’huile sur nos forces de défense et de sécurité nationale. En cela, le succès de cette opération commando française est une preuve de plus que les décisions prises au sommet de Pau en début d’année portent fruits. 

 

Dommage alors que l’éclat de ce grand coup asséné à Aqmi se noie dans le brouhaha de la contestation du président IBK, les clameurs sur la mauvaise gestion du ministère de la Défense nigérien et les cris d’alerte au sujet de présumées exactions de l’armée burkinabè sur des prisonniers de guerre à Fada N’Gourma. Que suivent donc d’autres opérations victorieuses contre les terroristes au Sahel qui confirmeront bien que l’insomnie et la peur ont bel et bien changé de camp ! On attend de voir.

 

 

 

La Rédaction

 

Dernière modification lelundi, 08 juin 2020 22:02

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