Menu

Différend barrage de la «Renaissance» : Pourvu que ça ne… déborde pas

 

La guerre de l’eau aura-t-elle lieu entre l’Ethiopie, d’un côté, et l’Egypte et le Soudan, de l’autre ?

C’est ce qu’en tout cas la Ligue arabe tente de conjurer. En effet, elle a tenu hier mardi 23 juin 2020 en visioconférence une réunion des ministres des Affaires étrangères consacrée à la fois au bourbier libyen et au différend sur  l’eau dans la Corne de l’Afrique. C’est que le Caire et Khartoum sont depuis de longues années vent debout contre la construction du barrage de la Renaissance en Ethiopie, une des sources du Nil. Et le compte à rebours a commencé puisque c’est en juillet prochain, à la faveur de la saison des pluies qu’Addis-Abeba entend procéder à la mise en eau de l’imposant ouvrage qui va constituer un formidable accélérateur du développement économique du pays. L’électricité qui en sera produite fournira une fois et demie la production locale actuelle.

 

 

De quoi couvrir largement le besoin national dans un Etat où près de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité, voire à terme être exportée vers des pays voisins comme… le Soudan.

 

Un atout considérable donc pour l’Ethiopie mais source d’insomnies pour l’Egypte et le Soudan qui risquent de boire la tasse.

 

En effet, l’exploitation de la mégastructure va induire une baisse du débit du Nil dans les deux Etats en question alors que les autorités égyptiennes renâclent à prendre un engagement sur le passage d’un volume minimum d’eau, notamment en cas de sécheresse drastique.

 

Autant dire que c’est la survie de l’Egypte qui est en jeu. Dans la mesure où c’est ce plus long fleuve d’Afrique qui lui satisfait plus de 97% de ses besoins en eau.

 

Hérodote n’avait-il pas raison quand il affirmait que « l’Egypte est un don du Nil » dans ce sens que sans ce cours d’eau le pays des Pharaons n’existerait pas ?

 

Cette déclaration faite depuis l’Antiquité est plus que vraie de nos jours avec l’épuisement des eaux douces et la pression démographique.

 

De tout temps, l’or bleu, considéré comme un patrimoine de l’humanité, a pourtant été un enjeu  géopolitique majeur et une véritable arme de guerre que ce soit dans le cas d’espèce en Afrique ou en Amérique du Nord (frontière entre les USA et le Mexique) ou encore au Moyen Orient où la gestion des ressources en eau constitue la lame de fond des conflits politico-religieux multiséculaires.

 

Il y a certes des traités et des conventions internationaux qui régissent ces questions mais ils ne sont pas toujours respectés par les Etats qui les ont ratifiés.

 

C’est presque un combat d’arrière-garde que mènent l’Egypte et le Soudan, pourrait-on dire, car, n’ayant pu empêcher la construction du barrage de la Renaissance, débutée en 2011, on ne voit pas comment ils pourraient en contrecarrer la mise en eau à un mois de l’échéance fatidique.

 

Mais il faut espérer que les différentes parties sauront trouver un modus vivendi pour que ça ne déborde pas.

 

Le président égyptien Anouar al-Sadate n’avait-il pas prévenu en 1979 : « L’eau est le seul mobile qui pourrait conduire l’Egypte à entrer de nouveau en guerre » ? Sous la présidence de son lointain successeur Mohamed Morsi, une vidéo avait circulé, évoquant l’usage des forces aéroportées ou une instrumentalisation  des minorités pour alimenter les tensions en Ethiopie.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 24 juin 2020 21:46

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut