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République démocratique du Congo : Tshisekedi a mal à sa coalition

 

Faites vos jeux ! Rien ne va plus entre l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) du président Félix Tshisekedi et le Front commun pour le Congo (FCC) de son prédécesseur et allié, Joseph Kabila.

 

 

Le casus belli, la volonté du FCC de ramener les magistrats du parquet sous la coupe du ministère de la Justice, dirigé par l’un de ses cadres. Trois de ses députés ont ainsi fait une proposition de loi allant dans ce sens. Selon celle-ci, une conférence des procureurs serait instituée, présidée par le ministre de la Justice et définirait des modalités d’injonction à l’endroit des magistrats du parquet. Il n’en fallait pas plus pour que des manifestations éclatent à Kinshasa avec des croquants qui mettent en bandoulière la nécessité de préserver l’indépendance de la justice. Ils ont organisé mardi dernier un sit-in devant le palais du Peuple, le siège du Parlement congolais. Pour les dirigeants du FCC, ces manifestations sont le fait de jeunes de l’UDPS qui cherchent à mobiliser l’opinion publique congolaise contre le ministre de la Justice, le FCC et son président, Joseph Kabila. Les dirigeants du FCC  poussent plus loin le bouchon des accusations contre leurs alliés de l’UDPS à qui ils reprochent de vouloir rompre l’alliance politique qui les lie au profit de Lamouka de Martin Fayulu. Ni le président Tshisekedi ni son prédécesseur Joseph Kabila ne se sont exprimés sur ces lézardes visibles dans la plateforme des partis politiques qui dirigent le Congo depuis 18 mois.

 

Cette brouille entre le FCC et l’UDPS arrive au moment où l’entente entre le parti de Félix Tshisekedi et celui de son ex- directeur de cabinet, Victor Kamerhe, a pris un sérieux coup avec la condamnation de ce dernier pour détournement de deniers publics et corruption aggravée. Si aux agitations qui secouent le Cap pour le changement (CACH), constitué par l’UDPS et l’Union nationale pour le Congo (UNC) de Vital Kamerhe, s’ajoutent des bisbilles avec  le FCC de Joseph Kabila, on peut se risquer à dire que le président Tshisekedi a mal à la coalition qui l’a porté au pouvoir. Comme quoi, une chose est de se liguer pour conquérir le pouvoir, une autre est de s’entendre pour gouverner. Le président Félix Tshisekedi ne dira pas le contraire, lui qui a mis 3 mois pour trouver un Premier ministre, 6 autres pour former son gouvernement et rencontre des difficultés persistantes pour s’émanciper de son prédécesseur, mais aussi à gérer des alliés pas toujours fiables à l’image de Vital Kamerhe. La preuve, son programme présidentiel d’urgence pour les 100 premiers jours de son mandat a été mal exécuté : faible taux de réalisation des travaux, délais de livraison des ouvrages non respectés, et pire, détournement massif des fonds. Cette affaire n’a pas fini d’émouvoir la majorité des Congolais qu’il est de nouveau confronté à un problème majeur de gouvernance : garantir  l’indépendance de la justice face à des alliés du FCC qui roulent à contre-courant. Ces derniers ont peur de voir l’indépendance de la justice monter comme de la moutarde au nez des magistrats. Eux qui viennent de condamner un proche du président Tshisekedi à 20 ans de travaux forcés pourraient aller fouiner dans les affaires des anciens dignitaires du pays. De quoi donner des insomnies à l’ancien président Joseph Kabila, aux bonzes du FCC et du mal à la coalition UDPS/FCC.

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 28 juin 2020 19:33

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