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Anciens étudiants burkinabè à Cuba : 76 décès dont 5 suicidés, 6 malades mentaux

 

Ils se font appeler les « orphelins de Thomas Sankara ». Il est bien vrai que depuis la disparition tragique du leader du 4 août 1983, les anciens étudiants burkinabè qu’il avait envoyés se former à Cuba sont abandonnés par l’Etat burkinabè. Regroupés au sein de l’Association de solidarité et d’amitié Burkina Faso-Cuba/ Amérique latine (ASAC-BF/AL), ils ont animé une conférence de presse le 3 juillet au pied du mémorial dédié à l’illustre capitaine pour réclamer réparation.

 

 

 

 

Alors que la révolution d’août 83 battait son plein, 600 étudiants burkinabè prenaient la direction de l’île castriste en 1986 pour subir une formation politique, technique et professionnelle dans des domaines comme la santé, l’environnement, l’agriculture, les ressources animales et l’économie. Agés entre 12 et 16 ans, ce contingent était composé d’orphelins et d’enfants issus de familles défavorisées.

 

 

Avec l’assassinat une année plus tard du président du CNR, débutent les ennuis. Non seulement ils ont été privés de bourse mais ils seront empêchés de poursuivre les études dans la filière de leur choix.

 

 

Qu’à cela ne tienne, c’est le diplôme en poche que ces étudiants retourneront au bercail, certains en 1992, et d’autres en 1993.

 

 

A l’époque l’Etat a mis en place un comité interministériel chargé du suivi de leur intégration professionnelle, laquelle structure avait proposé trois pistes : leur intégration à la fonction publique, la reconversion du profil de certains et un accompagnement financier l’auto-emploi. 

 

Mais selon le président de l’ASAC-BF/AL, Stanislas Damiba, cette dernière proposition était soumise à des garanties, toute chose que leur statut de défavorisés ne leur permettait pas d’apporter.

 

Presque 30 ans plus tard, si on fait le point de la situation de ces « Cubains », elle n’est pas rose. « Du contingent de 600 étudiants formés à Cuba, seulement 249 ont été intégrés à la Fonction publique, tous ceux-ci rencontrant d’énormes difficultés liées à l’équivalence des diplômes, ce qui entrave leurs reclassements dans les catégories requises. 275 sont en chômage précaire. Il y a à ce jour 76 décès dont 5 suicides, 6 malades mentaux et plusieurs camarades à l’aventure », explique leur porte-parole.

 

 

Outre ces déboires, les « enfants » de Sankara disent subir toutes sortes de négligences, de dénigrements et se désolent de voir l’Etat indifférent à leurs souffrances.  Mais Stanislas Damiba et ses camardes espèrent qu’ils seront entendus.  Ils exigent du gouvernement : un dédommagement pour les préjudices subis de 1992 à nos jours, en tenant compte des ayants droit des disparus, l’équivalence réelle de leurs diplômes, lesquels n’ont été reconnus qu’en 2017, ce qui a empêché beaucoup de prendre part aux concours de la fonction publique, et la reconstitution des carrières. D’ores et déjà, les membres de l’association ont introduit une requête au Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) pour obtenir satisfaction.

 

 

Au cours de cette conférence de presse en présence de l’ambassadrice de Cuba au Burkina, Nadieska Navarro, les anciens étudiants burkinabè au pays de Fidèle Castro ont planté un baobab sur le site du mémorial et déposé une gerbe de fleur au pied de la statue de « Thom Sank ». Ils ont également saisi l’occasion pour effectuer une marche silencieuse en direction du ministère des Affaires étrangères où ils ont remis au maître des lieux un mémorandum regroupant leurs revendications.

 

Hugues Richard Sama

 

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