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Crise malienne : Bonne chance…Goodluck

 

C’est un vendredi qui s’annonce plus calme que celui d’il y a une semaine. Le 10 juillet en effet, après deux semaines sans manifestations pour donner des chances à la paix, le Mouvement du 5-Juin était de nouveau dans la rue pour une manifestation monstre qui a vite tourné à l’émeute. Sièges de la radio et de la télévision (ORTM) et de l’Assemblée nationale vandalisés, barricades dressées à travers la ville, course-poursuites entre manifestants et forces de l’ordre, tel était le visage de la capitale malienne le vendredi dernier et les jours suivants.

 

 

Bilan de ces journées insurrectionnelles, 11 morts et plus de 120 blessés qui ont contribué à radicaliser davantage les croquants qui ont réclamé la démission du président Ibrahim Boubacar Kéita à cor et à cris.

 

Et celui-ci a beau multiplier les gestes d’apaisement, appelant au dialogue, rien n’y fait. Tour à tour, il a en effet appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale, décrété la dissolution de la Cour Constitutionnelle dont la moitié a déjà démissionné, libéré des responsables politiques de l’opposition et de la société civile qui avaient été interpellés lors des journées de braise du week-end dernier sans parvenir à vaincre l’irrédentisme de ses contempteurs. Celui qui trône sur la colline du pouvoir à Koulouba est même allé jusqu’à pratiquer la stratégie du singe en offrant la tête de son fils Karim Kéita pour sauver la sienne : ce dernier, qui venait d’ailleurs d’être reconduit à la stratégique Commission de la défense  de l’Assemblée nationale, a rendu le tablier mardi dernier, criant au délit de patronyme, alors que ses adversaires voient en lui l’incarnation de la mal-gouvernance, de la corruption et du clanisme dont ils accablent volontiers le régime d’IBK.

 

C’est dans ce contexte on ne peut plus explosif et volatile que l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan a débarqué mercredi sur les rives du Djoliba avec une importante délégation de la CEDEAO pour une mission de bons offices dont on se demande bien sur quoi elle va déboucher. Il y a quelques semaines, l’organisation sous-régionale avait déjà tenté de rapprocher les positions  des uns et des autres, avec le résultat qu’on sait, puisqu’après deux semaines le climat sociopolitique s’est particulièrement surchauffé.

 

Pause donc de nouveau ce vendredi pour donner des gages à la médiation ouest-africaine et, qui sait, recharger les accus au cas où il faudrait remonter au front si ça devait échouer. C’est donc un chassé-croisé politico-diplomatique et des rencontres tous azimuts, notamment  avec le président malien et l’imam Dicko qui est de fait le chef de file de l’opposition. Au bout de cette négociation, quelles concessions IBK va-t-il faire ? Finira-t-il par dissoudre l’Assemblée nationale dont le renouvellement a mis le feu aux poudres ? Autant de questions auxquelles le président malien devra répondre. C’est dire qu’il faudra au si bien-nommé Goodluck plus que de la chance pour régler une grave crise qui a fait une vingtaine de morts.  

 

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification ledimanche, 19 juillet 2020 19:40

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