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Une Lettre pour Laye : Un week-end d’investitures

 

 

Cher Wambi,

 

C’est sous un ciel désespérément capricieux que je t’envoie la présente lettre tant depuis plus  d’une semaine, c’est-à-dire après la grande pluie du mercredi 15 juillet dernier, Ouagadougou n’en a plus reçu. Certes des formations nuageuses ont été constatées, mais aucune d’entre elles n’a été porteuse de précipitations sur la capitale comme tu peux le constater  à travers le relevé pluviométrique de la semaine du jeudi 16 au mercredi 22 juillet 2020 que les services de l’ASECNA m’ont fait parvenir :

 

 

Dori : 37,4 mm ; Ouahigouya : 12,4 mm ; Ouagadougou-Aéro : 00 mm ; Dédougou : 1,5 mm ; Fada N’Gourma : 56,9 mm ; Bobo-Dioulasso : 16,8 mm ; Boromo : 58,8 mm ; Pô : 24,5 mm ; Gaoua : 112,7 mm ; Bogandé : 33,9 mm.

 

 

 

Cher Wambi, à quelque quatre mois de la course à la présidentielle du 22 novembre 2020, les candidats, naturels ou désignés, commencent à prendre  position sur la ligne de départ. Assistera-t-on à une inflation de prétendants comme ce fut le cas en 2015 avec quatorze aspirants au fauteuil de Kosyam ? Difficile de le dire même si tout laisse présager que ce chiffre ne sera pas atteint.

 

Mais en attendant la date limite du dépôt des candidatures, qui interviendra au moins cinquante jours avant le premier tour du scrutin, les choses se précisent davantage, si elles ne le sont déjà, du côté de bon nombre de partis politiques.

 

C’est le cas, par ordre chronologique d’investiture, au  Mouvement pour le changement et la renaissance (MCR) dont le champion, Tahirou Barry, a reçu le blanc-seing de ses « frères » le 26 janvier 2020 à Gaoua, son fief politique. Idem chez les « pacifistes » qui ont jeté leur dévolu sur Do Pascal Sessouma le samedi 4 juillet dernier à Bobo-Dioulasso pour le compte de « Vision Burkina ».

 

Une semaine après, ce fut au tour du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de sonner le rassemblement au palais des Sports de Ouaga 2000 pour l’investiture de son candidat naturel, Roch Marc Christian Kaboré, qui brigue ainsi un second mandat à la tête du pays.

 

Ce week-end, trois autres chefs de parti recevront leurs « zaab-tédo », entendez par là armes de guerre en mooré, pour la bataille présidentielle à venir : il s’agit de Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), dont le congrès d’investiture aura lieu demain samedi 25 juillet au palais des Sports de Ouaga 2000 ;  le lendemain dans la soirée, toujours au palais des Sports de Ouaga 2000, Eddie Komboïogo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) endossera officiellement son maillon pour le marathon de Kosyam et  le même jour du côté de la maison de la Culture de Bobo-Dioulasso, le Pr Abdoulaye Soma sera investi candidat à la présidentielle au cours d’un congrès de son parti, Soleil d’avenir.

 

Aucun doute que, les semaines à venir, d’autres prétendants de partis politiques ou de groupements de formations politiques à la fonction suprême sortiront du bois.

 

Mais quid, cher cousin, des candidats indépendants ?

 

Sauf erreur ou omission de ma part, deux ont déjà annoncé à travers les médias leur  intention  de descendre dans l’arène politique :  c’est Justin Salomon Yaméogo à travers une interview parue le mardi 30 juin  dans le journal de ton oncle Nakibeuogo et Abdoul-Nassir Sanfo. Mais au regard du coût financier, logistique et humain d’une campagne présidentielle, nombreux sont ceux qui se demandent si nos deux francs-tireurs auront les moyens de leurs ambitions.

 

Mais attendons de voir.

 

 

 

Cher Wambi, dans ma missive du 20 mars 2020, je t’informais que lors de son audience du 06 mars 2020, la chambre criminelle de la cour de cassation a désigné le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso comme la juridiction devant instruire et juger l’affaire Ousmane Guiro contre Laurent Poda. En rappel, le plaignant, ex-directeur général des douanes, accuse le procureur général de la cour d’appel de Ouagadougou « de bris et d’enlèvement de scellés » mais aussi « de toute autre infraction qui sera relevée » lors de l’instruction du dossier.

 

Cette plainte s’origine dans la décision du parquetier d’injecter dans le circuit financier une cagnotte de près de deux milliards de nos francs appartenant à Ousmane Guiro mais que la justice gardait comme des scellés depuis décembre 2011 dans le cadre d’une instruction pour « corruption passive, blanchiment et violation à la réglementation des changes ».

 

Jugé lors des assises criminelles de juin 2015, l’ancien patron des bérets noirs avait écopé d’une peine de prison avec sursis et d’une amende de 900 millions à prélever sur les scellés. Le parquet général s’était pourvu en cassation, et le verdict a été cassé en août 2016. Mais depuis quatre ans, le dossier Guiro n’est toujours pas reprogrammé.

 

Comme le prévoit la loi, la plainte de l’ex-gabelou a été dépaysée au vu de la qualité de magistrat de monsieur Laurent Poda. Mais Guiro avait émis de fortes réserves quant au choix du Tribunal de Grande Instance de la ville de Sya où Laurent Poda a servi durant une dizaine d’années avant de rejoindre son poste actuel.

 

Et alors que le douanier retraité s’attendait à être convoqué par un juge d’instruction, c’est plutôt un avis de classement sans suite qui lui a été servi. Cet avis porte la signature du procureur du Faso de la ville de Sya et est daté du 15 juillet 2020. Cher cousin, j’ai pu en obtenir copie et je ne peux m’empêcher de partager son contenu avec toi :

 

«Le Procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Bobo-Dioulasso,

 

A l’honneur de notifier à monsieur Guiro Ousmane :

 

Profession : fonctionnaire des douanes (ex-DG des douanes du Burkina Faso)

 

Domicilié à Ouagadougou

 

Que sa plainte en date du 11 juillet 2019 contre Poda Laurent, Procureur général près la cour d’appel de Ouagadougou et tous autres pour bris et/ou complicité de bris et d’enlèvement de scellés et toutes autres infractions, enregistrée au parquet de Ouagadougou le 31 juillet 2019 sous le N° 3556P

 

Que ladite plainte, parvenue à mon parquet le 14 juillet 2020 suivant arrêt N°15 du 06 mars 2020 de la chambre criminelle de la cour de cassation et enregistrée sous le N°1007, a été classée sans suite.

 

MOTIF DU CLASSEMENT SANS SUITE : absence d’infraction

 

Toutefois, nous vous informons que vous avez la faculté, soit de poursuivre vous-même devant la juridiction civile ou pénale compétente, soit de demander l’ouverture d’une information en vous constituant partie civile devant le juge d’instruction, qui fixera le montant de la consignation à effectuer au greffe pour couvrir l’avance des frais de cette information.

 

En cas d’indigence ou d’insuffisance de ressources vous pouvez demander à bénéficier de l’assistance judicaire.

 

Votre attention sera cependant attirée sur les conséquences que pourrait entraîner pour vous une constitution de partie civile insuffisamment motivée ou injustifiée. 

 

Fait au parquet,

 

Bobo-Dioulasso, le 15 juillet 2020

 

Le Procureur du Faso

 

Sory Mahma »

 

 

 

Le dernier paragraphe de cet avis passe mal du côté du plaignant, car il y voit une menace, une façon de l’intimider ou de l’empêcher à faire valoir ses droits de justiciable. Mais cette mise en garde ne semble pas avoir d’effet sur l’ancien béret noir qui, selon des informations qui me reviennent, entend suivre la voie indiquée par le procureur du Faso. Ainsi, Guiro pourrait très rapidement déposer une plainte avec constitution de partie civile. On devrait être situé  là-dessus dans les jours à venir.

 

Mais, cher Wambi, cet avis de classement sans suite risque de faire du bruit dans le milieu judiciaire, car, de sources concordantes, il me revient que Didier Hien, le procureur général de la cour d’appel de Bobo-Dioulasso, après avoir reçu le dossier, l’a transmis au procureur du Faso avec une instruction ferme de classement sans suite. On peut alors se poser les questions suivantes :

 

- pourquoi n’avoir pas confié le dossier à un juge d’instruction ?

 

- pourquoi n’y a-t-il pas eu d’audition des parties ?

 

- pourquoi le procureur général donne de telles instructions au procureur du Faso ?

 

Est-ce une habitude dans le milieu judiciaire ? Je n’en sais rien.

 

J’ai demandé à des juristes qui m’ont expliqué que le meilleur moyen de classer le dossier de Guiro sans suite aurait été de laisser le juge d’instruction instrumenter et déclarer l’absence d’infraction par la suite. Ainsi, l’ancien douanier ne pouvait plus saisir de juge concernant cette même affaire.

 

Comme tu le vois, la plainte de Guiro est loin de quitter le prétoire. Et on est impatient de savoir comment cette affaire va se terminer.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- Après une relative accalmie, la situation sécuritaire du pays a été marquée, mercredi dernier, par des actions terroristes meurtrières.  

 

 Depuis le début du mois de juillet, des indiscrétions faisaient cas d’un mouvement d’individus armés en direction du nord de la commune rurale de Pissila dans le Sanmatenga. Face à la psychose, de nombreuses personnes déplacées internes qui avaient regagné leurs localités d’origine ont de nouveau abandonné leurs habitations et leurs champs. Selon certaines informations, l’enlèvement à Talweoguin, le mardi 21 juillet dernier, d’un agriculteur qui vaquait à ses travaux champêtres par les forces du Mal annonçait une attaque terroriste dans la zone.

 

A Talweoguin, des individus armés ont assiégé le QG (Ndlr : quartier général) des VDP qui avait été auparavant abandonné par les maîtres des lieux.  Le bilan fait état de 07 motos grosses cylindrées et des vivres des VDP incendiés. Sur le chemin du retour, les terroristes sont tombés dans un piège mortel tendu par les VDP. Une dizaine de terroristes auraient été neutralisés par les braves volontaires. Une opération de ratissage de l’armée de l’air a également été signalée dans la zone. Selon les informations, les VDP solliciteraient de l’armée une dotation conséquente en munitions pour faire face aux groupes armés terroristes.  

 

Toujours dans le Sanmatenga, le mercredi 22 juillet, les villages de Kiemna, Basnéré et Guibga ont été les théâtres d’attaques de la part d’hommes armés. Le bilan de  ces incursions armées  fait état d’une personne tuée, de quelques blessés et d’une cour incendiée dans la localité de Kiemna. 

 

Le même jour, un volontaire pour la défense de la patrie (VDP) de Tangaye, dans le Yatenga, a été enlevé avant d’être tué. Son corps, éviscéré,  a été bourré d’explosifs et déposé au bord d’une voie ; fort heureusement, les VDP, très au fait de la perfidie des terroristes, ont déjoué le stratagème du corps piégé. Malgré l’explosion d’une rare puissance intervenue au moment où ils ont tenté de déplacer la dépouille de leur frère d’armes au moyen d’une longue corde, aucun d’eux n’a été touché.  

 

Toujours dans le domaine de la lutte contre l’insécurité, le cheikh de Tanwalbougou, Amadou Boubakari Barké Ousmane Belko/ Bandé, donnera aujourd’hui vendredi  une conférence de presse à son domicile de Ouagadougou. Selon certaines sources,  ce leader religieux, entend revenir sur les événements survenus le 29 juin à Tanwalbougou. Ce jour-là, les corps de sept personnes criblés de balles y ont été retrouvés. Les victimes auraient été enlevées dans leur village, Boumoana, près de Tawalbougou au cours d’une opération militaire.  

 

Que va bien apporter le cheikh dans cette affaire qui est actuellement l’objet d’une enquête de l’inspection générale des armées?

 

Sans doute en saura-t-on davantage à l’issue de ce point de presse dont l’animateur suscite lui-même la controverse.

 

 

 

- De Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam, une dame, qui souffre de complications de suite de plusieurs césariennes, a été référée au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo. Arrivée le 4 juillet 2020, Sanata Guigma qu'elle se nomme a été admise au  bloc opératoire. A ce qu'on dit, les chirurgiens n'ont ménagé aucun effort pour sauver la dame. Quelques jours plus tard, promesse aurait été faite à la patiente, par des agents de la maternité, qu’elle serait libérée dans la matinée du jeudi 16 du mois courant. Alors que les membres de la famille étaient en train de faire leur baluchon pour le retour au village, les agents de santé seraient passés ramasser tous les produits pharmaceutiques, aussi bien «les médicaments de Roch» (ainsi appellerait-on les produits gratuits donnés par l'hôpital) que ceux achetés  hors de l’hôpital  chose face à laquelle les accompagnateurs n’ont pas trouvé à redire puisqu’on leur a annoncé qu’ils allaient être libérés. A leur grande surprise jusqu'au soir de cette journée, Mme Guigma n’a pas été autorisée à sortir de la maternité. Pire, ils y demeureront même une semaine, continuant à honorer des ordonnances dont les produits seront confisqués par ces agents voleurs. Quand on sait que pour des villageois en ces temps de misère, il faut vendre son bétail pour faire face à des dépenses de santé, payer des produits que des agents de santé vont voler  est vraiment déplorable. Il nous revient que l'administration de l’hôpital Yalgado est bien au courant du phénomène du vol de médicaments à la maternité, et on se demande pourquoi elle laisse faire.

 

 

 

- Depuis le début des débats concernant l’affaire du charbon fin au pôle économique et financier du tribunal de grande instance de Ouagadougou, le point d’achoppement entre les parties au procès est le rapport d’expertise.

 

C’est que les avocats de la défense ne se sentent pas concernés par les conclusions du chimiste Arsène Yonli et du douanier Aimé Nana, car, pour eux, toutes les procédures n’ont pas été respectées. Ils estiment que les experts auraient dû, entre autres, être désignés sur la base d’une liste de spécialistes déposée auprès du tribunal et réquisitionnés pour accomplir leur mission.  Le rejet du rapport d’expertise est aussi fondé sur le fait que leurs auteurs n’ont pas prêté serment  devant la juridiction de jugement.

 

Les arguments de la défense ayant prospéré, les résultats du travail du chimiste et du douanier seront désormais utilisés comme simple pièce du dossier et non comme rapport d’expertise.

 

Depuis le 5 mai 2020, les noms des commis à la tâche pour produire un rapport sur le charbon fin de la mine d’or d’Essakane sont connus : il s’agit de Moussa Gomina, docteur d’Etat en sciences physiques et chargé de recherche en cristallographie et sciences des matériaux, et de  Rayimwendé Joël Ilboudo, ingénieur métallurgiste. Pour le respect de la loi, ces derniers ont prêté serment le 22 juillet 2020 au tribunal de grande instance de Ouagadougou. Ils auront pour missions, entre autres, de déterminer la nature et la composition de chaque matériau de la cargaison saisie, et de quantifier la teneur de chaque substance minérale. Après leur prestation de serment, le juge a tenu à leur rappeler l’importance du dossier, tout en leur apportant son soutien en ces mots : «Dans ce dossier, il y a des pressions. Il y aura peut-être des appels téléphoniques. La pression peut même aller jusqu’à votre vie privée. Il faut surmonter cette pression. On a confiance en vous et on n’hésitera aucun instant à vous soutenir ». 

 

 C’est sur instruction du procureur général  près la Cour d’appel de Ouagadougou, le 30 décembre 2018, qu’une expédition de charbon fin de la mine d’Essakane a fait l’objet de saisie par la Brigade nationale antifraude de l’or (BNAF). Cette expertise est importante pour la suite du procès en ce sens qu’elle permettra de connaître la quantité d’or contenue dans le charbon fin pris. Un magistrat aura un œil regardant sur le travail des personnes commises. Il faut noter que les frais de cette expertise sont à la charge d’Essakane. Les experts devront déposer leurs conclusions trois mois après leur prestation de serment.

 

 

 

- Tant bien que mal, les épreuves du Certificat d’études primaires et du Brevet d’études du premier cycle du secondaire (BEPC) ont débuté le 14 juillet 2020. Et depuis le mercredi dernier les résultats du premier tour du BEPC sont connus. Comme toujours il y a des élèves dont les résultats forcent l’admiration et le respect. En tout cas sur les réseaux sociaux, on a abondamment partagé les relevés de notes de ces brillants élèves. C’est le cas à Ouagadougou de ce crack du PMK, Yaméogo Pengdwendé Apollinaire, qui a décroché son parchemin avec une moyenne stratosphérique de 19,33 sur 20. C’est dire qu’il a pratiquement eu 20/20 partout. Avec une telle performance, il y a de fortes chances qu’il batte le record de cet examen dans notre pays ou il n’en est pas loin.

 

Et il y a le cas de cette demoiselle à Ouahigouya, Sawadogo Fatimata Bintou Jaharahi, qui a eu son BPEC avec 18,66 de moyenne. En voilà une qui est à féliciter et que d’autres jeunes filles gagneraient à imiter au lieu de se répandre indignement sur les réseaux.

 

Mais en attendant la compilation officielle des résultats, la tendance, au vu des informations que nous recevons, est que le BEPC de cette année, malgré les effets de la pandémie du coronavirus sur le calendrier scolaire, n’est pas pire que celui  des sessions passées.

 

On espère que les résultats du CEP, qui devraient commencer à tomber dès ce vendredi ou samedi au plus tard, nous donneront aussi des motifs de satisfaction.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

 

Dernière modification ledimanche, 26 juillet 2020 20:30

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