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Sommet SADC sur le Mozambique : Quand la case du voisin brûle…

Il faut croire que les terroristes ont décidé de coloniser toute l’Afrique.

Nées en Afrique du Nord au début des années 90, particulièrement en Algérie avec la création du Groupe islamique armé (GIA) et du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), les succursales de la multinationale du djihadisme ont depuis essaimé un peu partout sur le continent.

 

 

Dans la corne de l’Afrique, notamment en Somalie, sévissent depuis belle lurette les shebabs, qui ont fini de désaxer le pays et de se métastaser dans les Etats environnants comme le Kenya.

Dans le bassin du lac Tchad, Boko Haram donne des insomnies aux dirigeants nigérians, nigériens, tchadiens et camerounais.

Depuis 2012, conséquence sanglante du séisme libyen consécutif à la chute de Mouammar Kadhafi, les hordes de criminels et de trafiquants de tous poils ont pris pied au Mali. Puis, de là, ont étendu leurs tentacules assassins au Burkina, au Niger, dans une moindre mesure à la Mauritanie, et même à la Côte d‘Ivoire. 

Huit ans après la naissance de l’hydre du «Sahelistan », les pays concernés sont encore loin de voir le bout du tunnel au grand dam des populations désemparées qui ne savent plus à quelles armées se vouer.

Et voici qu’après l’Afrique septentrionale, orientale et occidentale, c’est maintenant le sud du continent qui est menacé par ces barbares qui prétendent agir au nom de l’islam.

Le Mozambique est ainsi frappé depuis maintenant trois ans par la plaie djihadiste dans sa partie nord aux confins de la frontière tanzanienne.

De quelques centaines en 2017, ils ont même aujourd’hui étoffé leurs rangs avec des milliers d’hommes et se paient même le luxe de tenir tête aux forces spéciales mozambicaines et aux mercenaires russes et sud-africains expédiés dans la région pour résoudre le problème.

Ceux qui se font appeler « Etat islamique en Afrique centrale » et seraient également installés en RDC ont pris tellement d’assurance qu’ils se sont emparés, pas plus tard que mercredi dernier, du port de Mocimboa Praia. Une plateforme on ne peut plus stratégique depuis que d’importantes réserves de gaz ont été découvertes au large du pays, attisant toutes les convoitises.

 

De quoi réveiller la communauté des Etats de l’Afrique australe, la SADC, qui a tenu hier lundi 17 août un sommet virtuel pour se pencher au chevet de ce malade.

Comme c’est souvent le cas, le terrorisme se nourrit de la misère des populations. L’épicentre de la crise sécuritaire mozambicaine, la province du Cabo Delgado, est réputée être l’une des plus pauvres du pays et en proie à toutes sortes de trafics, notamment de drogue, de pierres précieuses.

Au-delà des discours de circonstance des chefs d’Etat membres de la SADC, il faut surtout espérer que l’organisation sous-régionale prendra des mesures hardies. On pense surtout au géant sud-africain, même s’il est peu probable que le président Cyril Ramaphosa lève le petit doigt pour envoyer des troupes en vue d’aider un voisin en difficulté.

Ils auraient pourtant tort de ne pas se sentir particulièrement concernés par cette crise qui a déjà fait à ce jour environ 1500 morts et 200 000 déplacés. Car  le terrorisme, comme on le sait, n’est jamais l’affaire d’un seul pays. Comme tout cancer, il se métastase forcément là où on n’a pas pris des mesures préventives.

Une sagesse africaine ne conseille t-elle d’ailleurs pas lorsque la case de ton voisin brûle d’apporter des seaux d’eau pour éteindre l’incendie sous peine qu’il se propage ?

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 18 août 2020 18:54

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