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Transition au Mali : Foire d’empoigne pour une Charte

Rideau sur les concertations des forces vives du Mali, bonjour les polémiques sur les conclusions auxquelles elles sont parvenues.

 

 

Entre ceux des participants qui disent que le rapport final de ces assises ne reflète pas le contenu des débats et ceux qui y voient le sillon de la refondation du Mali, il y a une divergence notable dans l’appréciation des résultats de ce dialogue national. De même, entre ceux des Maliens qui clament haut et fort que la junte veut accaparer les rênes du pouvoir et ceux qui veulent d’un militaire à la tête de l’Etat, il y a plus que de la défiance.

 

Divergence, défiance, déclarations intempestives, si la montagne de ce conclave des forces vives n’a pas accouché d’une souris, la cacophonie qui a accueilli ses résultats ressemble à la confusion du début des travaux. On se le rappelle, certains ténors du Mouvement du 5-juin/Rassemblement des forces patriotiques (M-5/RFP) et de la Coordination des mouvements l’Azawad (CMA) y avaient brillé par leur absence. Plus grave, parmi les plus de 500 délégués à ces concertations, certains ont donné dans la méprise de leur rôle, pensant avoir été invités à une constituante ou à une conférence nationale souveraine qui devrait écrire un programme de gouvernement pour le futur chef de l’Etat et l’équipe gouvernementale qui sera mise en place.

 

Les balises posées du 3 au 5 septembre dernier et le tamis du comité des experts n’auront pas servi à grand-chose : le compromis historique attendu des forces vives du Mali n’a pas eu lieu.

 

Dommage pour les descendants de Soundiata Keïta, fondateur de l’empire manding et grand inspirateur de la Charte du Mandé de Kouroukan Fouga, solennellement proclamé en 1236. 8 siècles plus tard, les forces vives du Mali n’ont donc pas hérité de la clairvoyance de leurs lointains ancêtres qui, dès le 13e siècle, faisaient preuve d’un sens élevé du consensus pour graver dans le marbre un modus vivendi socio-politique désormais inscrit dans le patrimoine immatériel de l’UNESCO.

 

La faute à la junte qui aurait par trop cornaqué cet arbre à palabre, dirigeant les débats à la baguette pour que leur contenu ne s’éloigne pas trop de leur agenda politique : avoir un des leurs à la présidence ou à la vice-présidence de la République. C’est connu, la Transition durera 18 mois. Elle sera dirigée par un président et un vice-président, un Premier ministre à la tête d’un gouvernement d’au maximum 25 ministres et un Conseil de transition de 121 délégués qui fera office de Parlement.

 

 

On le voit bien, les forces vives du Mali n’ont pas inventé la roue en matière d’institutions républicaines. Elles ont même manqué d’originalité et surtout de précisions quant à la désignation des membres du Conseil de transition et sur la qualité des futurs présidents et vice-président du pays. On sait seulement que l’un et l’autre doivent être Maliens d’origine, civils ou militaires, et qu’ils seront désignés par le Comité national de salut du peuple. La junte est donc en pole position pour désigner le futur chef de l’Etat. Ce qui n’est pas pour plaire à tout le monde, en particulier au M-5/RFP, qui menace de reprendre les manifestations de rue si les militaires accaparaient les gouvernails de l’Etat.

 

On attend donc de voir non sans faire remarquer que ce serait un miracle que le CNSP parvienne à respecter la date butoir de demain 15 septembre fixée par la CEDEAO pour qu’il passe la main à un président et à un premier ministre civils. Sans consensus des forces vives du pays et sous la pression de la communauté internationale, la junte lâchera-t-elle du lest ? Quand et jusqu’où ?

 

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 14 septembre 2020 23:11

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