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Libération d’otages : Et notre bon vieux Elliott ???

Originaire de Kongoussi, dans le Bam, j’entendais le nom Elliot sortir régulièrement de la bouche des adultes, avec l’accent du terroir bien sûr, qui racontaient l’histoire de ce « doctoro-toubakou » qui faisait des miracles du côté de Djibo à moins de 100 kilomètres de là.  

 

 

Et on avait comme l’impression qu’une de ses principales spécialités était l’opération de la hernie, pas celle discale, mais l’autre, considérée comme une maladie honteuse à l’époque, tant et si bien que celui qui en souffrait était ostracisé et faisait l’objet de railleries sous cape. Et il n’y avait que ce sorcier blanc pour vous faire accepter de la gent féminine et réintégrer la communauté.

 

Le docteur-chirurgien australien Arthur Kenneth Elliott, qui avait installé un hôpital de campagne pour les plus démunis à Djibo - depuis 1972, s’il vous plaît, et qui faisait des prouesses avec le strict minimum sans s’enquérir du statut social du patient ou de sa force de frappe financière, a été enlevé le 15 janvier 2016 avec son épouse, Jocelyne.

 

 Cette dernière, octogénaire, comme son mari du reste, a été fort heureusement relâchée le mois suivant, mais, depuis lors, ne cesse d’envoyer des messages-vidéos, dont le dernier en fulfuldé, aux ravisseurs de son époux en vue de sa libération. Je me permets de vous en citer un extrait : « Je tiens à vous remercier tous pour les soins que vous apportez à mon mari  pendant son séjour avec vous, la même considération constante que nous avons reçue tous les deux lorsque nous étions ensemble avec vous. Au cours des trois dernières années, vous avez expérimenté sa volonté d’aider et le fait qu’il n’a qu’un cœur pour le bien. Vous saurez, sans doute, qu’avec l’aide de Dieu, il a mené des opérations de sauvetage pour de nombreuses personnes qui sont venues à lui et à notre hôpital pendant toutes ces années. Vous en connaissez peut-être même certains …»

 

Eh ! bien, la libération négociée avec les djihadistes de la Franco-Suisse Sophie Pétronin, le 9 octobre dernier, et de quatre autres captifs dont le ci-devant chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé, m’a rappelé aux bons souvenirs teintés d’amertume du docteur Schweitzer… pardon Elliott… qui, lui, est toujours entre les mains de ses ravisseurs. On aurait pourtant espéré que dans le lot des derniers élargis, Kenneth Elliott figure. Notre diplomatie est-elle devenue à ce point si faible que notre voix ne compte plus dans ce genre de démarche ?

 

Qu’il est donc vite passé, le temps où l’on était passé maître ès libérations d’otages ! Il est vrai que Sophie Pétronin nous a rassurés sur l’état de santé d’Elliott : si l’on s’en tient à son témoignage en effet, celui avec qui elle a partagé deux mois de captivité était serein, sain d’esprit et relativement en bonne santé malgré son âge. Malgré toutes ces assurances, l’on ne cessera de s’écrier : «Et notre bon vieux Elliott… qu’est-ce qu’il devient ?». Ne pourrait-on pas donner quelques jours de permission, ne serait-ce que pour des raisons de santé, à notre illustre prisonnier de la MACA, le général Gilbert Dienderé, le temps qu’il nous le ramène ?

Issa K. Barry

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