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Manifestations contre la police au Nigeria : Après celle des poulets, les croquants réclament la tête de Buhari

 

La dissolution de la brigade anticriminalité, accusée de toutes sortes d’abus, rackets, violences, meurtres, n’aura finalement servi à rien.  Bien au contraire, la colère des Nigérians contre les exactions policières est allée crescendo et prend de plus en plus un virage politique qui trouble le sommeil du président Muhammadu Buhari.

 

Scénario classique, en somme, de revendications d’abord sociales qui prennent vite une autre tournure si elles ne sont pas vite circonscrites et si on n’y apporte des réponses idoines.

 

De la rage contre les flics brutaux et ripoux, les manifestants en sont arrivés aujourd’hui à pester contre le prix du carburant dans ce pays pourtant premier producteur africain d’or noir et contre celui du sac de 50 Kg de riz qui se négocie à 35 nairas soit un peu plus de 50 000 FCA, le tout sur fond de revendication de paix.

 

Mais aujourd’hui, ce ne sont plus les têtes des poulets, à l’origine de la fronde, que les croquants demandent mais la démission pure et simple du chef de l’Etat, jugé responsable des dérives dans le pays.

 

Il faut dire que le locataire d’Aso Rock ne semble pas avoir pris toute la mesure de la situation, lui qui devait dès le début s’adresser à ses compatriotes mais a préféré se murer dans un mutisme assourdissant.  La réponse du pouvoir ayant été jusque-là sécuritaire, notamment par la protection du centre névralgique d’Abuja où sont concentrés les ministères et banques pour empêcher les manifestants de prendre possession des lieux, comme ils en avaient l’intention lundi. Mais ils sont parvenus à bloquer l’aéroport de Lagos et bon nombre d’axes routiers.

 

Face à cette atmosphère insurrectionnelle, les autorités ont décrété un couvre-feu à Lagos pour 24 heures.

 

Cela sera-t-il suffisant pour ramener le calme dans cette ville et dans bien d’autres, gagnées par les troubles  alors que la situation y était déjà chaotique?

 

Le durcissement du ton gouvernemental ne va-t-il pas au contraire braquer toute cette armée de chouans  hétéroclite où se côtoient personnes responsables et pacifiques, qui crient leur ras-le-bol, et bandits de tout acabit qui ont trouvé là une occasion d’en découdre ?

 

Quoiqu’il en soit, le général Buhari aura tort de négliger ou de mépriser ces gilets jaunes version nigériane, car on ne sait jamais jusqu’où pareilles révoltes peuvent mener. Surtout dans un pays qui compte près de 200 millions d’âmes.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 21 octobre 2020 22:03

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