Menu

Racisme dans le sport: Cette 13e minute qui fera date

Dans le monde du football, il y aura un avant et un après 8 décembre 2020. Pour la première fois, les 22 acteurs d’un match ont décidé de quitter le terrain pour protester contre des propos racistes.

Ce mardi en Ligue des champions, alors que l’affrontement entre le Paris Saint-Germain et Basaksehir était à sa 13e minute, une altercation a opposé le 4e arbitre à l’un des entraîneurs du club turc en la personne de Pierre Achille Webo, ancien international camerounais. L’arbitre assistant, le Roumain Sébastien Coltescu, aurait désigné Pierre Webo par le terme « nègre ». De quoi outrer l’attaquant sénégalais Demba Ba et ses coéquipiers dont la vive réaction a entraîné une suspension du match. Après de longues minutes de confusion, les joueurs ont finalement regagné les vestiaires, provoquant une onde de choc sans précédent dans l’univers du sport-roi.

Depuis belle lurette, on parle des actes racistes dans le milieu sportif avec ces jets de peaux de banane et les hurlements de singes, mais cela ne semblait émouvoir presque personne.

C’est bien la première fois donc qu’on a assisté à un acte aussi fort avec la décision des deux clubs d’arrêter le match en signe de protestation.

Il y a bien eu par exemple le cas en avril 2017 du Ghanéen Sulley Muntari qui a quitté le terrain après avoir été victime de cris racistes émanant de supporteurs de Cagliari en série A italienne. Mais dans ce cas, le milieu de terrain de Pescara, qui avait écopé d’un carton jaune pour s’être plaint auprès de l’arbitre, avait été seul à quitter le terrain. La victime était même devenue le coupable puisque Sulley Muntari avait écopé d’une suspension d’un match avant que la sanction ne soit finalement levée par la commission d’appel de la Fédération italienne de football.

Comme dans les cas de Muntari, de Samuel Eto’o, de Moussa Marega, qui avait lui aussi quitté le terrain, et plein d’autres, tant que c’était des imbéciles qui hurlaient dans les travées des stades, on pouvait à la limite comprendre et accuser l’effet de foule, mais lors de Paris Basaksehir, l’auteur du crime est un officiel, un arbitre qui est censé être un juge impartial sur le terrain. Sébastien Coltescu a eu beau expliquer que le mot « negru » n’a aucune connotation raciste en roumain, son mémoire en défense convainc difficilement. Mais attendons néanmoins, avant de le condamner définitivement, les résultats de l’« enquête approfondie » diligentée par l’UEFA, qui a d’ailleurs reprogrammé le match hier et remplacé tout le staff arbitral.

Quoi qu’il en soit, il faut désormais que, face aux actes de racisme dans les stades, quelle qu’en soit la victime, le collectif joue comme mardi soir au Parc des princes. Tant que ce sont des actions individuelles, cela aura peu d’impact, et le football, qui est censé être un facteur d’unité et de cohésion, continuera de diviser et de mépriser certains juste parce qu’ils ont le malheur d’être nés avec une couleur de peau différente.

 

Hugues Richard Sama

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

Retour en haut